Lindsey Stirling

Crédits photo : Abaca
Elle dépoussière le monde de la musique classique à coup de pirouettes et de kicks dans les airs. Découverte dans "America's Got Talent" en 2010, Lindsey Stirling a su transformer cette expérience déplaisante (Piers Morgan, l'un des juges, lui avait dit que son jeu de violon ressemblait à celui de rats qu'on étrangle) pour devenir la vedette de sa discipline, enchaînant les concerts aux quatre coins du globe et même les collaborations avec Céline Dion. Sa nouvelle tournée mondiale, le "Duality Tour", s'est arrêtée ce 25 octobre dans un Zénith de Paris complet depuis des mois, avec la promesse d'assister à un « show spectaculaire » : venu avec la curiosité d'un novice, nous pouvons effectivement attesté que nous n'avions jamais rien vu de pareil !



Dès son entrée sur "Eye of the Untold Her" dans un ingénieux jeu d'ombres chinoises, Lindsey Stirling déploie une poésie qui s'étend au delà de sa maitrise du violon électrique : chaque note est déclinée dans un mouvement ou une pose, donnant l'impression de voir une poupée de porcelaine prendre vie. Une mise en scène délicate avant de rentrer pleinement dans le vif du sujet : menant une troupe de cinq danseuses et imposant, avec son instrument, le rythme à deux musiciens au diapason, Lindley Stirling est une vraie rockstar dans l'âme, et le public l'acclame comme telle !

Une surdouée acrobate

Avec des échafaudages donnant du volume à la scène, un feu d'artifice de lumières et des chorégraphies à couper le souffle, le show n'a rien à envier à celui des grandes divas de la pop. Alors qu'elle virevolte comme une danseuse étoile, jupe au vent, pendant qu'elle interprète "Underground" ou "Surrender", Lindsey Stirling ne semble faire qu'un avec son instrument, véritable extension d'elle-même. Il faut la voir faire le grand écart en pleine partition ou jouer la tête à l'envers juchée sur un trapèze à cinq mètres de hauteur pour le croire ! Sa performance, sans cesse ponctuée par des cabrioles et des jetées de jambes, est d'autant plus physique qu'elle court régulièrement de bas en haut des deux escaliers, mais elle n'en laisse rien paraître. C'est un ballet millimétré qui se joue devant nous, avec des tableaux aux ambiances très différentes selon leur intensité. Sur "Evil Twin", après un impressionnant numéro de tissu aérien, la violoniste se mue en femme fatale dans un décor rouge passion. Sur le magnifique "Serenity Found", le temps s'arrête et de la neige tombe délicatement des bras d'un ange. Pour "Les fées", place à une étincelante célébration disco !

"Paris is always gonna be the best"

Si certaines idées ne font pas mouche (la chrysalide qui devient un papillon...), la volonté d'en mettre plein les yeux au public est permanente : il y a toujours un détail de mise en scène à admirer. Gros point positif, toutes les séquences introduisant certains morceaux sont entièrement doublées en français, un effort qu'on imagine être décliné dans chaque pays visité. Et Lindsey Stirling elle-même s'essaie à la langue de Molière avec plaisir. « Oh guys, je vous aime. France has been one of the first place to adopte my music, merci beaucoup forever » glisse-t-elle avec une gratitude communicative avant d'inviter le public à exécuter un exercice de méditation (sa solution aux crises d'anxiété qui la paralysaient il y a quelques années) ou réaliser un petit challenge lumineux pour ses réseaux sociaux. Sur son compte TikTok, elle s'amuse d'ailleurs à répondre aux commentaires l'accusant de ne pas jouer du violon en live en prouvant qu'elle maitrise bel et bien son art à la perfection, même en dansant !

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Et la musique ? Là encore, elle est à l'image de Lindsey Stirling : hybride et expressive. Aux envolées solennelles de son instrument, la musicienne ajoute des riffs rock tempétueux, des éléments dubstep, des effusions pop (Royal & The Serpent chante sur "Inner Gold") et des sonorités folkloriques pour créer un univers à la croisée des chemins, distillant ça et là des messages sur les injonctions de notre société individualiste, les droits des animaux et l'émancipation des femmes. Un équilibre difficile à trouver au sein d'un même spectacle et si quelques titres à l'enrobage électronique paraissent un peu démonstratifs, l'ensemble est bien pondéré grâce à l'agencement des chansons. En 1h45 sans temps mort, la prouesse proposée par l'artiste force l'admiration. Long live Lindsey !

Setlist du concert de Lindsey Stirling

1. Eye of the Untold Her
2. The Arena
3. Underground
4. Firefly Alley
5. Roundtable Rival
6. Elements
7. Evil Twin
8. Serenity Found
9. Between Twilight
10. Shatter Me
11. Kintsugi
12. Crystallize
13. Purpose
14. Untamed
15. Inner Gold
16. First Light
17. Les fées
18. Survive