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dimanche 28 mars 2021 12:30

Lilian Renaud en interview : "Aujourd'hui, je fais ce que je veux, je suis libre à 100%"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
De retour avec le single "Who Do You Love", Lilian Renaud a accepté de répondre aux questions de Pure Charts. Le chanteur se confie sur son année 2020 solitaire, ses nouvelles chansons en toute liberté, pourquoi il chante en anglais, son burn-out ou encore son prochain album, qui sortira en mai. Rencontre !
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Avant de parler de ton retour, comment vis-tu cette période compliquée que le monde traverse ?
Personnellement, je vais bien. Je suis quelqu'un d'assez solitaire, du coup je ne vis pas forcément très mal d'être un peu en retrait ou chez moi, à faire mes activités. Pour le moment, je touche du bois, on a eu assez de chance dans ma famille. On a eu quelques malades, mais ce n'était que des symptômes légers. Mais au fond, ce n'est pas évident quand même. Je suis triste de tout ce qu'il se passe, je sens que maintenant ça devient un peu plus pesant qu'au début.

J'ai eu du temps pour faire quelque chose de bien
A quoi a ressemblé ton quotidien l'an dernier ?
J'ai la chance d'être en pleine nature, donc j'ai en beaucoup profité. J'ai fait pas mal de sport aussi, un peu de remise en forme. (Sourire) Et de la musique bien sûr ! J'ai continué à aller au studio, j'ai pu travailler de chez moi aussi car j'ai un petit home studio. Avec la famille, on a quand même pas mal respecté, on ne s'est pas beaucoup vu. J'ai aussi fait des travaux dans ma maison, j'ai bricolé... Un peu comme tout le monde !

Est-ce que la situation actuelle a eu une influence sur tes nouvelles chansons ?
Je ne pense pas énormément parce que la composition de ce quatrième album a commencé bien avant l'arrivée du virus et du premier confinement. On a eu beaucoup de temps en studio pour peaufiner tout ça. Je dirais que ça m'a plus aidé, ça m'a donné du temps pour faire quelque chose de bien.

Si j'avais pu, j'aurais chanté en anglais dès le premier album
Le lien avec le public t'a manqué ?
C'est vrai que plus les chansons avancent, plus les choses commencent à aboutir, plus j'ai envie de partager. C'est ça qui est le plus long. On passe beaucoup de temps en studio mais à un moment donné, tu as envie que ça sorte et d'aller les chanter en public. J'ai envie de retrouver une vie normale aussi par le biais des concerts.

Ton album "Dans un moment de bonheur" sortira le 28 mai. Tu prévoyais de le sortir à une autre période à l'origine ?
Oui, oui. Je voulais le sortir en décembre 2020. C'était le premier objectif si les choses allaient mieux, mais on s'est vite rendu compte que ce serait compliqué de le sortir à ce moment-là. On a préféré prendre le temps, de repousser à fin mars, et maintenant il est prévu pour fin mai. Celle-là, on devrait la tenir ! (Rires)



Tu reviens avec le single "Who Do You Love". Chanter en anglais, c'est quelque chose qui te tient à coeur ?
Je l'avais déjà fait sur le précédent album, où la moitié des chansons était en anglais. J'étais en autoproduction alors j'ai pu faire exactement ce que je voulais. Si j'avais pu, je l'aurais fait dès le premier album. J'aime beaucoup le français, je continuerai toujours d'écrire et chanter en français, mais l'anglais me permet d'élargir pas mal le spectre musical. D'aller vers des influences qui me touchent vraiment comme la folk, la country, la musique celtique ou les influences gospel. En français, c'est plus compliqué d'apporter tout ça. Pour moi, l'anglais c'est l'ouverture.

J'ai toujours essayé d'ouvrir au maximum mon esprit à toutes les différences
Cette chanson "Who Do You Love", qui est un hymne à la tolérance, est-elle née suite aux manifestations raciales l'an dernier ?
Oh oui certainement. Inconsciemment, on s'inspire de ce qu'on vit, de ce qu'on voit. C'est clair que j'ai été influencé par ça, mais j'ai toujours eu ces valeurs depuis tout petit, de par ce que mes parents m'ont enseigné, par ce que je suis. J'ai toujours essayé de parler de la tolérance, d'ouvrir au maximum mon esprit à toutes les différences. Et puis finalement, je ne l'avais jamais mis sur papier ou en musique. Je me suis dit : "Tiens, pourquoi ne pas démarrer cette nouvelle aventure avec ce single ?". Je trouve que c'est une belle ouverture.

Sur ton précédent album, il y avait des chansons en anglais mais elles étaient toutes réunies à la fin du disque, et aucune n'avait été exploitée en single. Là, revenir avec un premier single en anglais, c'était une vraie volonté...
Oui ! Dans le troisième album, j'avais encore ma manageuse qui me disait : "C'est bien d'écrire en anglais, tu fais ce que tu veux, mais il faut rester sur le marché français avec du français". Moi ça ne me plaisait pas forcément déjà à l'époque. Et puis j'ai sorti 4-5 singles en français et ça ne rentrait pas en radio. C'est compliqué. Du coup, j'ai dit : "Allez, je m'en fiche, je casse les codes, je fais ce que je veux, je suis libre à 100%. J'ai envie de sortir un titre en anglais, j'assume, peu importe ce qui se passe, je vais au bout de mes idées". Et là, je n'ai pas l'impression que les gens n'apprécient pas, loin de là.

Dès que je faisais un truc, il fallait faire valider par dix personnes
Je sens que cette liberté est très importante pour toi...
Ah oui, à 1000%, sinon je n'avance pas. Je pense que le burn-out que j'ai fait à partir du deuxième album, en grosse partie, c'est venu de ça. Il y avait trop de gens autour de moi qui me disaient : "Il faut faire ça comme ça". Dès que je faisais un truc, il fallait faire valider par dix personnes. Je me sentis juste ultra étouffé et je ne faisais pas ce que j'avais envie de faire, donc c'est devenu très vite compliqué pour moi. Je suis issu d'une famille où il y a beaucoup d'artisans, j'ai des frères artisans, qui gèrent leurs barques. J'ai ce côté-là, j'ai du mal à me laisser guider par beaucoup de gens. Ça plait à certains, ils ne gèrent pas, ils suivent le mouv', ça marche et c'est cool, mais moi j'ai du mal. C'est vraiment en fonction des tempéraments.



C'est compliqué de se développer quand médiatiquement ça ne suit pas
Tu me parlais de tes singles qui ne rentraient pas en radio. Comment tu l'expliques, alors que tes chansons pourraient très bien être diffusées ?
C'est clair ! Je ne pense pas que ce soit lié à l'autoproduction, car mes deux premiers albums, je les ai faits avec Mercury, qui est un des plus gros labels. Honnêtement, à part le premier single qui est un petit peu rentré, il n'y a jamais rien eu derrière. Est-ce que c'est le style ? Apparemment, ma voix perturbe un peu, sort un peu du cadre... J'ai entendu des choses comme ça. Pour moi, ça reste une grande question, comment dire... une béquille à ma carrière. C'est compliqué de se développer plus quand médiatiquement ça ne suit pas. Il faut dire ce qui est, il faut être honnête.

Sur ce nouvel album qui arrive, qu'est-ce que tu voulais délivrer ? Je le ressens plus humaniste, évoquant la fraternité, et même un peu engagé, en filigrane ?
En effet, il est plus tourné vers la fraternité, notamment dans les chansons en anglais. Engagé, il l'est moins que le troisième, où je parlais des suicides chez les agriculteurs et où je prenais position sur l'immigration avec "Je m'appelle Brahim". Celui-là est plus vers des réflexions personnelles. Il y a une chanson sur la méchanceté des hommes, des titres un peu plus échappatoires aussi. Je ne suis jamais trop dans la dénonciation, je fais plutôt des constats de choses qui me touchent.

Si j'avais un gros succès demain, je le vivrais sans doute mieux
Zazie t'avait écrit des chansons sur tes précédents albums. Ce sera le cas sur celui-ci aussi ?
Non, pas du tout. Pour le coup, ce sera 16 titres écrits et composés à 100% par moi. Peut-être sur un prochain concept ?

Tu revenais sur ton burn-out tout à l'heure. Comment, aujourd'hui, tu trouves l'équilibre avec ta carrière pour ne pas trop être submergé ?
Déjà, j'ai fait un gros travail sur l'acceptation de ce qui se passe. D'avoir le droit d'exister en tant que chanteur et d'avoir un public. D'être ce que je suis. Si j'avais un gros succès demain, je le vivrais sans doute mieux. Pas de la même manière, en tout cas. Je me protège plus, j'essaie de rentrer dans ma vie d'artiste comme un métier, comme mon frère va travailler, de l'intégrer dans ma vie normale, comme un travail finalement. Même si ça reste une passion. J'essaie de prendre du recul, de ne pas y mettre énormément d'importance. J'ai la chance de pouvoir vivre de ça, d'avoir une certaine liberté aussi. J'essaie tous les jours de voir les côtés positifs. Et après, on reste des artistes. J'écris des chansons car j'ai un côté écorché vif, j'ai une sensibilité. Et ça, il faut que je l'accepte car je sais que ce ne sera jamais très facile pour moi.

Et quel est ton rapport au succès aujourd'hui ?
Avoir un succès avec quelque chose que j'ai fait à 100%, ce serait beaucoup plus simple pour moi. Plutôt qu'avoir un succès avec des chansons qu'on m'a imposées. C'est ça la grosse différence. Ce n'est pas quelque chose que je recherche. Mais si mon premier single pouvait rentrer un peu en radio, parce que je trouve que c'est une belle chanson, m'ouvrir quelques portes et relancer un peu plus la machine, j'en serais heureux. Ce serait une belle réussite et une belle fierté.
Toute l'actualité de Lilian Renaud sur son site internet et sa page Facebook.

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