Laura Pausini

Très bientôt, vous ferez escale pour une série de concerts. Cette tournée dans l'Hexagone est même l'une des plus importantes entreprises prévues par une artiste internationale en France cette année. Avez-vous une sympathie particulière ou un lien spécial qui vous unit avec le public français ? (Jonathan Hamard, journaliste)
Laura Pausini : J'ai toujours aimé la France. Je reçois constamment un excellent accueil qui me conquiert à chaque fois. Totalement. Je sais que je dois beaucoup au public français et je suis très heureuse de pouvoir chanter dans des lieux où je ne m'étais jamais présentée. Cette tournée, c'est une vraie visite du pays et je ne remercierai jamais assez le public de m'offrir cette opportunité. C'est émouvant.

Est-ce un défi pour vous de remplir le Palais Omnisports de Paris-Bercy, sachant que vous vous étiez produite au Zénith lors de votre précédente tournée en 2009 ?
Quand on m'a proposé de chanter à Bercy, je n'arrivais pas à y croire. J'ai chanté à Bercy avec Johnny Hallyday il y a quelque temps et j'ai d'excellents souvenirs de ce moment ... J'espère que je saurai répondre aux attentes de mes fans sur cette grande scène. A Bercy, je prévois de chanter en français.

"Inedito" est votre onzième album studio en dix-neuf ans de carrière. Vous considérez-vous comme un artiste très productive ? Est-ce une nécessité pour vous de publier des albums de manière aussi régulière ?
Je chante et je fais le tour du monde depuis maintenant dix-neuf ans. La musique est pour moi comme une nourriture et je ne pourrais plus m'en passer. Je vis avec et pour la musique...

Vous avez été absente des médias durant ces deux dernières années. Avez-vous eu besoin de prendre du recul ou l'envie de consacrer du temps à fonder une famille ?
Je ne suis pas mariée et je n'ai pas d'enfants. Mais j'ai effectivement ressenti le besoin de revenir à mes racines. J'ai eu besoin de retrouver ma famille pendant un certain temps et de vivre à nouveau dans le petit village où je suis née et où j'ai grandi. J'ai pu profiter des choses simples que la vie nous offre.

Deux ans, c'était aussi le temps nécessaire pour écrire et composer ce nouveau disque. Quatorze chansons en tout et pour tout, dans la continuité de ce que vous avez précédemment fait. On reconnait votre patte. Y a-t-il une "marque de fabrique" Laura Pausini ?
Je dois admettre que je suis heureuse de savoir que j'ai un style personnel que l'on reconnait bien. Mais je ne cherche pas particulièrement à m'enfermer dans un style ou à écrire des titres dans tels ou tels cadres. Je ne sais écrire que comme ça.

Avez-vous envisagé cet album comme les précédents, dans leur continuité ? Avez-vous travaillé sur ce projet comme pour les précédents ?
J'ai principalement écrit cet album dans le jardin de mes parents, silencieusement et de manière posée. Je n'avais jamais travaillé de cette manière. Et c'est pourquoi j'ai voulu l'appeler "Inedito".

Comme d'habitude, on retrouve des duos sur cet album. Notamment la chanson "Nel primo sguardo", enregistrée avec votre sœur Silvia. Qu'est-ce qui a motivé ce duo ?
La chanson traite du sentiment de confiance que l'on peut avoir en certaines personnes. Ce sentiment de confiance peut être inconditionnel. Et c'est le cas avec ma sœur Silvia. C'est elle en qui j'ai le plus confiance. C'est pourquoi je lui ai demandé de chanter cette chanson avec moi, même si c'est une personne très réservée et qui n'est pas une chanteuse à la base. Je sais qu'elle a une très belle voix et je suis parvenue à la convaincre.

On retrouve également les artistes Gianna Naninni et Ivano Fossati sur les chansons "Troppo Tempo" et "Inedito". On avait pu entendre James Blunt sur votre précédent album et Hélène Segara il y a quelques années. Est-il possible pour vous d'envisager la musique sans toutes ces collaborations ? Que représentent tous ces duos pour vous, plus généralement ?
Les duos sont des moments très importants pour un chanteur parce qu'ils symbolisent le partage d'une émotion entre deux personnes. Ce sont des mots qui doivent nous toucher en même temps. Un duo, c'est une complicité qui se doit d'être totale et c'est un moyen d'apprendre quelque chose de nouveau. C'est très constructif dans la carrière d'un artiste.

Quelle a été votre plus belle rencontre artistique au cours de votre carrière ?
Peut-être avec Michael Bublé ... mais aussi avec Gilberto Gil, ou encore Pavarotti.

Regardez le nouveau clip de Laura Pausini, "Bastava" :


Il y a quelques semaines, le chanteur Lucio Dalla nous a quittés. Comment avez-vous été affectée par ce décès ?
Oui, c'était un grand choc. Quand j'étais une petite fille, alors que n'avais que huit ans, j'avais l'habitude de chanter avec mon père dans un piano-bar à Bologne et Lucio avait pris l'habitude de venir nous écouter. Il m'a toujours encouragée. Nous l'aimions beaucoup. C'est une grande tristesse de l'avoir perdu, mais je me réconforte en me disant que sa musique résonnera dans nos têtes pour toujours.

Aujourd'hui, vous êtes l'une des voix italiennes les plus populaires en France. Vous êtes l'une des rares artistes italiennes ou la seule chanteuse italienne à avoir remporté un prix aux Grammy Awards et trois aux Latino Awards. Etes-vous fière de votre carrière quand vous regardez en arrière ?
Je ne suis pas présomptueuse. Je n'arrive pas à croire à tout ce qui c'est déjà passé. J'en suis également très fière, évidemment.

Pensez-vous contribuer à exporter la culture italienne en France, en Europe et dans le reste du monde ?
J'aimerais que les gens sachent que je ne représente pas toute la musique italienne mais seulement une toute partie de ce qu'elle est, et plus particulièrement de la pop italienne. En Italie, il y a des artistes fantastiques qui n'ont pas eu la chance que j'ai eu de pouvoir dépasser les frontières.

Enfin, je voulais savoir si vous interprétiez toujours "La solitudine" avec la même ferveur qu'à vos débuts sur scène ?
Bien sûr, toujours ... J'aime "La solitudine", elle représente mon adolescence et le début de ma carrière. Ça me donne la chair de poule chaque fois que je l'interprète.