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Lady Gaga : on a classé ses albums, du pire au meilleur !

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Lady Gaga signe un retour événement avec "Mayhem", défendu par les tubes "Die With A Smile" et "Abracadabra". L'occasion pour Purecharts de classer les albums de la nouvelle reine de la pop, du pire au meilleur !
[credit]Frank Lebon[/credit]

6. "Joanne" (2016)


Avec une artiste du calibre de Lady Gaga qui se donne corps et âme dans chacun de ses projets, qu'il s'agisse d'une aventure jazz avec Tony Bennett ou du très déroutant "Joker 2" au cinéma, il n'y a guère de menu fretin, simplement des choix artistiques moins compris que d'autres. Expliquant avoir souhaité rendre hommage à sa tante décédée du lupus sur "Joanne", l'artiste saute à pieds joints dans la country, chapeau de cowgirl rose sur la tête et santiags aux pieds, sur ce cinquième opus débarrassé de tout artifice - du moins en apparence. Si le propos laissait croire à une approche plus authentique dans la lignée de la ballade "Million Reasons", moment suspendu qui met comme rarement sa voix en lumière, la chanteuse semble avoir égaré son fil conducteur en cours de route. Rock et répétitif, le lead single "Perfect Illusion", pensé pour les stades, n'a pas fait vibrer les foules comme espéré. Bien que sympathique sur le papier, "Hey Girl" en duo avec Florence Welsh, très Elton John dans l'âme, s'avère hors sujet, et on se demande encore pourquoi Lady Gaga a voulu faire, dans ce contexte précis, de "Dancin' In Circle" un... hymne à la masturbation. Si les éclats se font rares, c'est surtout le manque de cohésion globale qui frappe à la réécoute. L'intention est louable mais Lady Gaga, comme coincée voire refrénée entre ses deux personas - l'icône pop et la musicienne, même si les deux ne sont pas incompatibles - ne nous offre pas sur ce disque la vulnérabilité nécessaire pour faire chavirer les coeurs. C'est avec la suite, la BO du film "A Star Is Born" (2018), qu'elle trouvera ce point d'équilibre.

À écouter d'urgence : Le chant bluesy "Sinner's Prayer" et "John Wayne", foutraque mais grisant
À zapper : "Just Another Day", qui ressemble à une démo de son premier album




5. "Chromatica" (2020)


« Mon nom n'est pas Alice, mais je continue à chercher le pays des merveilles ». Deux ans après la parenthèse enchantée "A Star Is Born", qui lui a permis de signer son plus gros tube "Shallow", Lady Gaga change encore d'univers et nous emmène sur "Chromatica", une planète futuriste et résolument colorée. De l'aveu même de la chanteuse, "Chromatica" a été son album le plus difficile à concevoir, tant elle est allée puiser dans ses démons et tourments pour les exorciser sur le dancefloor. Cette maxime, souvent rebattue ces dernières années, correspond parfaitement à ce sixième opus sur lequel Gaga flirte avec l'électro-dance pas très finaude ("Stupid Love", "Free Woman", "Replay"), calibrée pour rassembler ses fans sur la piste de danse. Un timing impromptu puisque le disque a sonné comme un véritable exutoire en plein confinement. Cinq ans après sa sortie, "Chromatica" reste un album plaisant mais trop homogène et aux sonorités parfois tapageuses, malgré quelques titres marquants à l'instar de l'ouverture "Alice", "Enigma" ou du génial "911", ce dernier accompagné d'un superbe clip signé Tarsem Singh. Celle qui chante ne pas être « une poupée en plastique » entre dans la danse bien entourée, d'Ariana Grande sur le tube "Rain on Me" au groupe K-pop Blackpink sur "Sour Candy" en passant par Elton John sur "Sine From Above", un rendez-vous manqué. Malheureusement, "Chromatica" a subi les avaries d'une promotion en dents de scie à cause du Covid : singles très espacés et sans immense retentissement, une tournée mondiale avec deux ans de retard et un univers visuel prometteur mais finalement pas exploité à sa juste valeur.

À écouter d'urgence : "911", sommet de l'album grâce à un magnifique clip
À zapper : "Sine From Above", ratage inaudible avec Sir Elton John





4. "The Fame" (2008)


Une perruque à frange, une paire de lunettes teintées et un rêve. Lorsqu'elle débarque en trombe dans le paysage musical au printemps 2008 avec "Just Dance", Lady Gaga attire instantanément les regards avec son goût pour l'extravagance et sa pop-dance ravageuse, poussant l'irrévérence au rang d'argument marketing. Osant tout pour attirer la lumière sur sa musique, la chanteuse américaine, qui a d'abord fait ses armes sur la scène underground new-yorkaise, intrigue autant qu'elle défraie la chronique par ses clips très léchés ou ses apparitions à la télévision - jamais ennuyantes, toujours mémorables. Un mythe est né ! Sous les fantaisies se cache néanmoins une vraie vision artistique. Car loin d'être confectionné avec la fébrilité du débutant, "The Fame" imprime un son ultra sophistiqué - la patte RedOne - couplé à un goût pour le risque, l'inconnu. Dès ce premier effort, Lady Gaga se démarque de la concurrence, joue avec les codes (pop, rock, disco, synthwave, vocoder... Tout y est !) et impose ses propres règles. Si l'auteure-compositrice-interprète et parfois co-productrice - âgée de 22 ans seulement, rappelons-le - a connu une irrésistible ascension vers la gloire, c'est aussi parce que l'album a bénéficié d'une exploitation impeccable avec une série de cinq singles qui frôle la perfection, et constituent d'ailleurs les cinq premières pistes du disque. "Poker Face", "LoveGame", "Paparazzi"... À l'exception de l'oubliable "Eh, Eh (Nothing Else I Can Say)", que des tubes planétaires ! Un tour de force, même si l'épreuve du temps est moins clémente avec la direction artistique très ancrée fin des années 2000 du projet.

À écouter d'urgence : "Poker Face", sans doute LE tube emblématique de cette flamboyante entrée en matière
À zapper : "Starstruck" avec Flo Rida et Space Cowboy, une idée qui n'aurait jamais dû se concrétiser en studio




3. "Artpop" (2013)


Clairement, "Artpop" est l'album le plus mal-aimé de la discographie de Lady Gaga. Oui, à l'image de son titre d'ouverture "Aura", qui devait être le lead single (Dieu merci, quelqu'un l'en a empêché), ce troisième disque est un foutoir bordélique, la popstar opérant ici une mue arty pour livrer ses failles et ses contradictions, sans se mettre de limites. Bouillonnant, riche de multiples influences (pop, rap, rock, EDM, R&B, dubstep) et partant forcément dans tous les sens, "Artpop" a clairement les défauts de ses qualités et aurait pu être livré avec une boite de Doliprane. Oui mais voilà, sur ce projet, Lady Gaga s'amuse, et ça s'entend de la première à la dernière seconde. Sans doute trop contrôlée jusqu'ici, elle se libère des schémas pop attendus, pour y mettre toute son âme, toute son excentricité, toute sa créativité. Quelqu'un aurait pu l'aider à ranger tout ça, mais après tout, un artiste n'est-il pas quelqu'un qui prend des risques, quitte à dérouter ? Certes, "Swine" est quasi inaudible, "Jewels n' Drugs" est un enfer, "Aura" sonne fourre-tout, l'évident "Do What U Want" (banger au destin funeste) n'a rien à faire ici, et les paroles générales sont parfois limites (« Enigma popstar is fun, she wear burqa for fashion », « You're just a pig inside a human body »). Mais comment ne pas succomber à la folle énergie de "Venus", à la fulgurance de "G.U.Y", au revigorant "Gypsy" (produit par le frenchy Madeon !) ou encore au lead single "Applause", loin de la cata décriée à l'époque ? On aime cette Gaga era "Artpop", aussi libre et chaotique. Pour le meilleur et pour le pire.

À écouter d'urgence : "Gypsy", LE tube de l'album !
À zapper : "Dope" et "Jewels n' Drugs", juste médiocres




2. "The Fame Monster" (2009)


C'est la véritable naissance du mythe Lady Gaga, la reine des little monsters. Promu sous la forme d'un EP ou d'une édition deluxe selon les territoires, "The Fame Monster" est considéré par la chanteuse elle-même comme la suite officielle de son premier disque. Tous les curseurs sont poussés plus loin : plus glam, plus étrange que jamais, la star américaine ne réinvente plus la pop, elle EST la pop sur ce 8-titres ayant éclaboussé au visage de ses détracteurs comme une giclée de sang. Sexe et mort sont les ingrédients principaux de cette odyssée abyssale inspirée, dans ses bizarreries sonores (la boite à musique inquiétante de "Bad Romance", les glitchs de "Dance in the Dark") et son esthétique, par « les films d'horreur et de science-fiction ». Comme une griffe dans la nuit, "Bad Romance" vise la jugulaire : précis et fatal, ce coup de maître a tout simplement été élu meilleur clip du 21ème siècle ! C'est dire l'époustouflante maîtrise de la chanteuse qui condense en 34 minutes certaines des oeuvres les plus marquantes de toute sa carrière. Il y a bien sûr le duo mythique "Telephone" avec Beyoncé, dont le court-métrage tarantinesque pourrait enfin avoir une suite après 15 ans d'attente, mais aussi "Alejandro", qui demeure peut-être sa composition la plus ensorcelante et aboutie. Trois Grammy plus tard, et avec le recul d'une autre décennie, "The Fame Monster" continue d'étendre son ombre vorace sans jamais avoir perdu de sa superbe : "Mayhem", le nouvel album de Lady Gaga, suinte de la même essence par tous les pores !

À écouter d'urgence : "Alejandro", dans sa version extended du clip pour se laisser totalement happer !
À zapper : "Speechless", splendide mais totalement en décalage




1. "Born This Way" (2011)


Si l'image outrancièrement provocatrice de ses deux premières ères a marqué au fer rouge les mémoires, Lady Gaga atteint avec "Born This Way" le point culminant de sa théâtralité artistique. Mi-femme mi-moto sur la fameuse pochette (ubuesque ou relevant du génie, selon les goûts) de ce troisième opus, Lady Gaga, telle une Frankenstein des temps modernes, ose en 14 pistes mélangeant sexe et religion un geste de radicalité qui va démontrer la toute-puissance de sa créativité. Si la polémique autour d'un potentiel plagiat du tube "Express Yourself" de Madonna a fait couler beaucoup d'encre à l'époque, elle n'a en rien entaché la portée de la formidable déclaration d'amour à la communauté queer qu'est "Born This Way", transformant définitivement Lady Gaga en icône gay - et icône tout court ! Derrière les singles "Judas" et "The Edge of Glory", qui sonnent encore aujourd'hui comme des évidences absolues, l'album, imprégné par une ambiance glam-rock eighties jouissive, est arrangé comme on broderait de la dentelle : avec minutie jusque dans les moindres détails. On sent que cette Lady Gaga libre mais aussi très cohérente - elle est beaucoup plus précise que sur "Artpop" - a voulu encapsuler l'effervescence de la cité tentaculaire de New York, personnage à part entière à qui est dédié "Marry The Night". Soutenue à la production par une A-List de hitmakers comme RedOne, Fernando Garibay mais aussi DJ Snake, la (rock)star fait coexister électro-dance, heavy metal, trance et techno-industriel avec un remarquable sens de l'unité, pour finalement composer son disque le plus disruptif et audacieux. Même les titres plus méconnus comme "Scheibe", "Heavy Metal Lover" et "Governement Hooker" sont des perles d'efficacité occupant une place privilégiée dans le coeur des fans. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si "Bloody Mary" a explosé à retardement fin 2022... Car si la frénésie s'essouffle un peu sur la dernière moitié du projet, quelle claque !



À écouter d'urgence : La déflagration "Scheibe"
À zapper : "Highway Unicorn (Road to Love)", sucré jusqu'à l'overdose