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Julien Doré : "J'ai appris à faire fusionner l'homme et l'artiste que je suis"

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Julien Doré est de retour avec un troisième album qu'il présente lui-même comme un carnet de voyage. Intitulé "Løve", comme l'amour et la louve, ce nouvel opus est né de sensations que l'artiste a ressenties au cours de son passage à Londres et aux Seychelles, entre autres, mais aussi d'une histoire d'amour révolue. Mélancolique, "Løve" se veut également dansant. Un décalage que Julien Doré nous explique à l'occasion d'une session acoustique tournée dans un appartement décoré par Charlotte Vauvillier et Jean-Baptiste Bouvier, pour laquelle il a décidé d'interpréter le single "Paris-Seychelles" ainsi qu'une reprise du hit "Femme Like U" de K-Maro.
Propos recueillis par Jonathan Hamard.

L'annonce de ton retour et la sortie de ce troisième album a créé un certain buzz, plus encore que pour "Bichon", il y a trois ans. Quels sentiments ça provoque en toi ?
Tout dépend du buzz (sourire) ! Si c'est l'envie d'écouter ce sur quoi j'ai travaillé, c'est-à-dire mon envie de faire le plus beau disque possible, j'en suis ravi. C'est toujours agréable de se dire qu'à travers son public on peut retrouver des personnes qui ont hâte d'écouter ce que vous avez fait ou de vous revoir sur scène. C'est forcément flatteur. Ça donne aussi envie de faire le plus bel objet possible. D'offrir quelque chose qu'on a envie de regarder, qu'on a envie de toucher aussi. J'avais envie, à travers des textes, à travers une couleur et les images auxquelles l'album renvoie, de partager un petit documentaire pour montrer comment on a travaillé en studio. On me retrouve avec mes musiciens. J'avais aussi envie d'insérer dans le livret des dessins que j'ai faits moi-même en écrivant mes chansons. C'est la première fois que je le fais vraiment. Je me suis rendu compte que dans chaque carnet sur lequel j'avais écrit une chanson, il y avait un dessin un peu symbolique. J'aime beaucoup travailler sur l'artwork de l'album et sur les clips…

Dévoiler ces dessins, ce n'est pas une ouverture vers d'autres perspectives ?
Ce que la musique représente dans ma vie, ce sont des pensées avec lesquelles je me lève le matin et je me couche le soir. Jouer, c'est prendre des choses qui vont m'inspirer et que je vais m'approprier. Et avec tout ça, essayer de transcender quelque chose, de le sublimer ! Tout ce que je fais autour de cette musique, c'est-à-dire les dessins ou les clips, je trouve que ça a beaucoup plus sa place quand ça s'intègre avec. Je ne veux pas que ce soit quelque chose qui soit nécessairement à part. Ne serait-ce que d'écrire le scénario de mes clips et de les réaliser, c'est déjà un travail supplémentaire mais que je vois en lien direct avec ma manière de penser la musique. Je pense que c'est lié à mes études aux Beaux-Arts. Pendant cinq ans, j'ai eu la possibilité de toucher à tout...

J'ai confectionné un carnet de voyage
On peut véritablement parler de retour cette année, parce que "Løve" est un album né d'un voyage. C'était un besoin de t'échapper et de visiter toutes ces villes que tu cites dans tes nouvelles chansons ? Qu'est-ce que ces endroits t'ont apporté, humainement parlant ?
Quand je vois les titres écrits au dos de mon album, je me rends compte que j'ai confectionné un carnet de voyage. Ce sont des moments ou des endroits que j'ai insérés dans mes textes. Je me suis rendu compte qu'il y avait dans chaque texte le nom d'une ville, d'un pays ou d'une zone. Quand on voyage ou qu'on traverse un endroit, souvent ce qu'on garde comme souvenir, ce n'est pas forcément une visite. Ça peut être une odeur qui nous ramène à lui.

Qu'as-tu trouvé à Londres que tu n'as pas vu ou ressenti à Paris ou aux Seychelles ?
Je ne cherchais pas du tout la comparaison. L'album contient douze chansons d'amour. Souvent, quand on veut parler du sentiment amoureux, les souvenirs sont une belle manière de le décrire. Là, je parle des endroits qu'on a traversés. Londres en fait partie. C'est pour ça qu'est venue la chanson "London nous aime". Par exemple, Barcelone, j'y ai joué. Donc j'évoque les souvenirs d'une ville qui m'a accueilli. Je ne décris pas que des endroits qui me sont intimes. Ce sont aussi des endroits où j'ai pu chanter, comme Tokyo aussi.

Ce disque s'appelle "Løve". C'est un album d'amour mais le o de Love est rayé. En plus d'être le mot Lion en danois, n'est-ce pas aussi l'histoire d'un amour révolu ?
L'album a effectivement ce jeu de miroir avec le lion qui est au premier plan et qui regarde le titre "Løve", le mot amour. De la même façon que moi je regarde le tracklisting de l'album, dans la même position que le lion. Ce qui m'a traversé avec ce mot danois, c'est le mot amour en anglais. C'est presque un mot qu'on ne lit plus. Quand on le voit écrit quelque part, on sait ce qu'il signifie. C'est comme une image. J'aimais bien cette image de l'amour universel qu'on retrouve dans le mot love en anglais. L'idée de changer ne serait-ce qu'une seule lettre, je trouvais ça vraiment beau.

Donc "Løve", ce n'est pas tourner le dos à l'amour non plus ?
Pas du tout ! Au contraire. Ce n'est pas du tout un disque revanchard ou triste. On retrouve certes de la mélancolie dans les textes. Mais avec les gammes qu'on a apportées, je vois plutôt cet album comme une fin d'été, l'époque où se terminent les amours d'été. C'est un disque solaire mais on y retrouve l'amertume de la rentrée. "Løve", ce n'est pas que la fin d'un amour. A l'image de la double-prononciation qu'on peut en faire. En danois, Løve se dit louve. J'aimais aussi beaucoup cette image de la louve qu'on retrouve dans les textes. Avec la louve, on retrouve l'idée de protection, de l'amour enveloppant et à la fois maternel. Mes textes parlent d'eux-mêmes...

Ces chansons aident l'artiste et l'homme que je suis à continuer de vivre
Cet album, ce n'est pas aussi une trace de cet amour aujourd'hui rompu ?
C'est d'abord l'idée de dire que je ne peux écrire les choses que quand elles viennent de loin en moi. Il n'y a jamais l'idée de commande. C'est toujours un processus. Très bizarre d'ailleurs. Parce que j'écris toujours sur des périodes assez courtes. Là, c'est vrai que ça concorde avec cette idée d'écrire un album de chansons d'amour. Parce que ce sont les choses qui seront à jamais gravées, qui sont belles et qui aident l'artiste et l'homme que je suis à continuer de vivre et d'apprendre.

Ca t'a touché qu'on parle de ta rupture dans la presse et sur internet ?
Je n'analyse rien. Ce sont des choses qui m'appartiennent.

Crédits photo : Yann Orhan
"Løve" est également fait de contrastes, entre des rythmes enlevés et des textes moins gais, mais aussi avec ton précédent album. L'image que tu véhicules est beaucoup plus mélancolique...
Ça fait plutôt plaisir qu'on puisse se souvenir de ce que j'ai fait. Mais j'ai l'impression qu'on fait plus souvent référence à "Nouvelle Star". Mon deuxième album est bien plus triste que celui-ci. Musicalement et dans les textes. "Kiss Me Forever", par exemple, c'est une chanson triste. C'est l'idée d'un départ. En apparence, je suis d'accord avec toi, elle n'y est pas. Les huit chansons de ce nouvel album "Løve", ce sont des chansons dansantes. "Paris-Seychelles", c'est une chanson dansante. Tout comme "Hôtel Thérèse" et "Heaven"… Avec toute la première suite de chansons de cet album, on retrouve des morceaux assez solaires. Mais effectivement, c'est assez mélancolique.

Cette association, c'était un nouveau défi pour toi ?
Oui. Je voulais faire se confronter mon écriture, ce dont j'étais capable, à la meilleure composition que mes amis étaient capables de faire pour illustrer mes textes. Et c'est dans cet équilibre-là, aussi fragile soit-il, qu'on a trouvé une certaine élégance. On ne voulait pas appuyer mes textes avec une musique qui soit elle aussi triste. On a trouvé dans ce décalage la couleur qu'on recherchait pour ce disque-là. C'était vraiment une volonté. Ma façon d'évoquer ma musique aujourd'hui, elle est forcément plus apaisée qu'elle l'a été quand je suis sorti de "Nouvelle Star". Avec mon premier album, il y a eu tout un chamboulement dans ma vie. J'ai eu besoin de retrouver un équilibre. Ça a été un peu violent. Il fallait que je reprenne mes marques. Il fallait que je sache ce que j'avais vraiment envie d'écrire et de faire. Pas seulement chanter ou interpréter ! C'est pour ça que sur cet album j'ai écrit les textes.
Les choses me viennent. Je ne me pose pas la question de leur destination

La première impression qu'on ressent en écoutant cet album, c'est qu'on a affaire à un homme posé…
Oui. Tout à fait. Ce qui n'empêche pas d'amener du mouvement dans ma musique. Je suis tout le temps sur scène. J'ai besoin de communiquer avec les gens. Je décline mon univers sur scène. J'aime mélanger les sensations. Tous, en tant qu'être humain, on créé les mélange…

Le chien de "Bichon" cède sa place au lion de "Løve". Tu es devenu plus féroce ?
C'est l'idée de m'affirmer. D'affirmer mes choix personnels dans ce monde de l'art dans lequel j'essaie de m'exprimer. C'est l'instinct ! C'est la part animale qu'on a tous en nous. Qu'on le veuille ou non, scientifiquement, on est lié aux animaux. Les choses me viennent. Je les prends et je ne me pose pas la question de leur destination. Je ne suis pas dans un processus de fabrication où dès le départ je saurais à qui et comment je vais donner ce que je vais essayer de transformer. Je le fais d'abord parce que ce sont des choses qui m'arrivent, qui sont en moi et que j'essaie de transformer. Et après, il y a mille signes. Là, c'était ce mot danois. Au départ, je n'avais pas toutes les clefs.

Tu parles de destination. Est-ce qu'on peut parler de bilan ? Ou es-tu arrivé ? Qu'as-tu appris de l'amour et sur toi-même à travers cette réflexion ?
J'ai appris à resserrer très fort, voire à faire fusionner, l'homme et l'artiste que je suis. Ça parait simple mais ce n'est pas forcément ce que j'avais mis en place au tout départ. Ma façon de m'exprimer en musique est la même façon de m'exprimer dans la vie sur l'homme que je suis. Vraiment ! C'est un cheminement qui s'est fait avec le temps et notamment avec la tournée du deuxième album. Ça a été l'occasion de prendre confiance, de trouver une place… J'ai écrit pour d'autres artistes, pour Françoise Hardy et Julien Clerc. Ça m'a aussi donné de la confiance. Je me sens à ma place avec ce disque-là, qui est aussi le reflet de tout ce que je viens de décrire. Et qui en plus de ça, dans son histoire et la façon dont il a été créé, c'est un album dont je suis vraiment heureux.

Dans ce processus-là, tu as inclus tes musiciens, mais aussi trois autres artistes féminines pour deux duos, Micky Green et le duo Brigitte. Qu'est-ce qui t'a touché chez elles ?
Comme pour toutes les collaborations que j'ai faites, depuis toujours, c'est d'abord une rencontre. En l'occurrence, on avait fait beaucoup de festivals avec Brigitte. Donc on regardait le spectacle des uns et des autres. On buvait des verres ensemble… Les univers se confrontaient et en même temps on était dans quelque chose de très proche. J'ai pensé que leurs voix se glisseraient assez bien dans la prod de "Habemus Papaye". Et "Chou Wasabi", avec Micky Green, c'est une chanson que j'avais vraiment écrite en duo à la base. Quand je l'ai écrite, je n'avais aucune idée de l'artiste avec lequel j'allais la partager. Je savais simplement que ce serait un duo. J'adore ce qu'elle fait et sa voix. On s'est recroisé et j'ai compris que c'était une évidence qu'elle se greffe sur ce titre.

La tournée, c'est ça qui m'excite le plus !
Peut-on imaginer qu'à l'inverse tu apparaisses sur le prochain album de Brigitte ?
Je ne sais pas. Je sais qu'elles écrivent et qu'elles composent en ce moment. Mais elles n'ont pas forcément besoin d'autres artistes. Pour des duos, c'est toujours différent.

Tu as aussi fait l'actualité du cinéma cette année. Penses-tu que musique et septième art sont indissociables dans ta manière d'appréhender l'art ?
Je n'ai pas conscience de ça. Là, je travaille sur le prochain film de Pascale Ferran, "Bird People". Il y a une rencontre, une proposition, je m'investis et je m'abandonne au projet. Mais là, c'est la musique, l'album, la tournée qui va commencer… C'est ça qui m'excite le plus !

Ce que je veux dire par là, c'est que ta position en tant qu'acteur et en tant que chanteur n'est pas la même. Tu es maître d'un album, mais pas d'un film, où tu vas te laisser diriger. Tu as besoin d'incarner ces rôles et de te laisser guider ? C'est un juste équilibre pour toi le rôle d'acteur et celui de chanteur ?
C'est un besoin ! De se dire que dans un film, on n'a qu'à s'occuper de son personnage. En l'occurrence, pour les films dans lesquels je joue, j'incarne des hommes qui sont bien loin de celui que je suis en réalité. Il y a des chanteurs qui jouent leur rôle de chanteur. Moi, je n'ai jamais fait ça. Cet abandon, il fait du bien.
Toute l'actualité de Julien Doré sur son site internet et sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez le nouvel album de Julien Doré, "Løve" sur Pure Charts.
Plus d'informations sur les sites charlottevauvillier.fr et jeanbaptistebouvier.com.

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