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vendredi 29 avril 2016 17:00
Avec "Godspeed", Griefjoy s'offre un virage foudroyant (CRITIQUE)
Par
Yohann RUELLE
| Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Trois ans après des débuts prometteurs, Griefjoy passe à la vitesse supérieure avec "Godspeed". Un deuxième album entre ombres et lumières, traversé de fulgurances électroniques, qui fait entrer le quatuor dans la cour des grands. Critique.
Crédits photo : Etudes Studio / Arista
Crise d'identité chez Griefjoy ? Après un premier album solaire aux finitions pop-rock, le quatuor français se laisse lentement gagner par une fièvre des plus nocturnes sur son successeur : "Godspeed". Découverts grâce aux inRocKs lab en 2009 sous le nom de Quadricolor, Guillaume, Billy, David et Romain gagnent véritablement en puissance sur ce deuxième acte qui fait presque table rase du premier. Une belle salade niçoise de beats saturés, loops à l'infini et effusions techno, assaisonnée avec juste ce qu'il faut de fougue : voilà ce qui attend les curieux qui se risqueront à tremper l'oreille sur ces 13 morceaux crasseux mais d'une classe folle. La créature aux deux visagesLa métamorphose de Griefjoy passe part l'abandon des guitares. Le son 2.0 du groupe s'arme désormais d'une avalanche de couches acides et synthétiques pour vampiriser les corps et les esprits. Monstre hybride, "Into the Dream" pourrait ainsi devenir la BO d'un film d'horreur angoissant tandis que "Scream Structure", sublimé par quelques notes de piano, propose une deuxième partie instrumentale sidérante. Suintant l'esprit berlinois par tous les pores, la chanson "Godspeed" offre un aller simple dans une rave party et peut-être la meilleure illustration du virage pris par les quatre garçons - qui ont effectivement mixé l'album à Berlin. Ce n'est sans doute pas un hasard si elle donne son nom au projet ! Ecoutez "Into The Dreams" de Griefjoy : Rongée par les ténèbres, la musique de Griefjoy conserve toutefois son éclat grâce à une collection de morceaux furieusement pop dans l'écriture. Venus annoncer le printemps au beau milieu de l'hiver, "Why Wait" et "Lights On" assument ouvertement leur dimension légère et ultra-dansante. Elles illustrent finalement l'une des grandes qualités du quatuor : sa capacité à créer de véritables trames mélodiques. Avec flair et habileté, Griefjoy ne se laisse pas noyer sous une pluie d'effets créés par ordinateur mais met au contraire cette nouvelle substance au service de son oeuvre. Et c'est cette collision-là, entre pop décomplexée et électro ravageuse, ce mélange brûlant et froid comme le jour et la nuit, qui donne naissance à un produit à la grande force émotionnelle. Ça ressemble à un chant des sirènes traversant une nuit d'orage. A écouter : Le combo "Why Wait" / "Into The Dream", "Virus" et ses explosions cybernétiques, "Scream Structure", "Murmuration". A zapper : "Hollygrounds", une entrée en matière un peu paresseuse, et "Talk To Me", moins prenante que le reste. Regardez le clip "Lights On" de Griefjoy :
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