Freddie Mercury

Crédits photo : Montage Pure Charts
Peut-on discuter des goûts et des couleurs en matière d'art ? C'est le débat suscité en Angleterre autour d'une étrange sculpture accusée d'enfreindre la loi et de salir la mémoire du chanteur Freddie Mercury. Tout part d'une initiative organisée dans la ville de Norwich, capitale administrative du conté de Norfolk en Angleterre. Pour récolter des fonds destinés à soutenir des associations caritatives, une grande exposition du nom de Go Go Gorillas investit parkings, places et rues du centre-ville. La démarche est originale : 53 statues de gorilles taille réelle sont librement customisées par des bénévoles, comprenant aussi bien des artistes reconnus que des élèves de primaire. Leur seule contrainte ? La limite de leur imagination. Couleurs bariolées, matériaux difformes, ajouts d'accessoires : tout est permis... ou presque.

Le gorille de la discorde

Mik Richardson, un habitant de la ville, décide de transformer son gorille en véritable rockstar. Il choisit pour modèle l'ultra populaire Freddie Mercury, leader iconique du groupe Queen tragiquement disparu le 24 novembre 1991 des suites du sida. En trois jours de travail, le quinquagénaire affuble sa statue d'un pantalon blanc et d'une veste jaune, copie conforme de la célèbre tenue portée par le chanteur lors du concert à Wembley en 1986.

Regardez Queen chanter "Under Pressure" en 1986 au Wembley Stadium :



Hélas, son oeuvre est loin d'emporter l'adhésion de tous les spectateurs. Une semaine après le début de l'exposition, inaugurée le 28 juin, les organisateurs sont contactés par Jim Beach, le manager du groupe, qui demande le retrait de la statue au nom de la fondation Mercury Phoenix Trust. L'artiste se voit reprocher d'enfreindre les droits d'auteur du groupe. « C'est désolant et mesquin », s'est exprimé Richardson suite à l'interdiction de l'oeuvre. « Je réalise des fresques murales et je fais toujours très attention aux questions de copyright. J'ai changé suffisamment de détails pour que ma statue relève du "fan art". Je n'ai pas copié exactement la veste », se défend-il.

Brian May s'en mêle

L'affaire, relayée par plusieurs médias qui dénoncent l'attitude arrogante de Queen, prend un autre tournant lorsque le guitariste Brian May est alerté sur les réseaux sociaux par des centaines de messages. Après s'être penché sur l'épineuse question de la statue incriminée, le musicien vient de publier un billet sur son blog dans lequel il donne son avis. « Loin de moi l'idée d'émettre un jugement artistique mais quand le modèle a été montré, plusieurs personnes ont trouvé ça grossier et insultant, autant pour Freddie que pour le gorille » peut-on lire. Le membre fondateur accuse les journaux d'avoir monté en épingle une fausse polémique : « Tout ceci a été déformé, Mercury Phoenix Trust a simplement demandé quelques modifications sur la statue pour des questions de droit, ce que les organisateurs ont gentiment accepté de faire. »

Tout en regrettant le malentendu, « une tempête dans un verre d'eau », Brian May s'est positionné du côté de la fondation. « Il faut vous interroger : comment auriez-vous réagi si des gens se mettaient à faire des produits à l'effigie de votre défunt père ou de votre frère disparu, et que vous trouviez ça irrespectueux ? » prend-il à partie ses lecteurs. « Vous voudriez revendiquer le droit de donner votre accord ou non, de protéger sa réputation. En tant que gardien de l'héritage culturel de Freddie, la demande d'amélioration de la fondation était légitime » conclut-il.

La sculpture, nouvellement décorée, rejoindra ses petites camarades à partir de la semaine prochaine. Espérons que le biopic en préparation sur Freddie Mercury, qui renaîtra sous les traits de l'acteur Sacha Baron Cohen, fera davantage l'unanimité.