Ellie Goulding

Crédits photo : Pochette de l'album Halcyon
Propos recueillis par Julien Goncalves.

Ton nouvel album s'appelle "Halcyon"…
Oh j'adore comment vous le prononcez en France avec l'accent, c'est adorable !

Merci ! Pourquoi avoir choisi ce nom pour le disque ?
J'ai écrit une chanson assez positive qui s'appelle "Halcyon", dans laquelle je dis que tout va s'arranger, que tout va se bien passer, et quand j'ai entendu l'ensemble du disque je me suis dit qu'il devait s'appeler comme ça. Ça représente bien l'histoire que je veux raconter. C'était naturel. J'ai aimé l'idée qu'il puisse y avoir un endroit paradisiaque, de bonheur, de quiétude. J'ai senti que beaucoup de jeunes se sont identifiés aux thèmes de mon ancien album "Lights", j'ai eu le sentiment que ça ne serait plus le cas ici. Là j'ai voulu proposer quelque chose de plus mature car je suis devenue moi-aussi plus mature... moins stupide que je ne l'étais avant ! (Rires)

Tu as déclaré récemment que tes chansons évoquaient l'océan et l'eau. Pourquoi as-tu été inspirée par ça ?
Je ne sais pas vraiment, mais je pense que j'ai été principalement inspirée parce que j'ai écrit la plupart des textes face à la mer, à Dingle en Irlande. Il me fait toujours rire ce nom. (Rires) C'est un vieux village côtier très pictural. Si on se dirige tout droit sur l'océan on arrive directement à New York, c'est ce qu'on m'a dit en tout cas… Il existe un mythe à Dingle à propos d’un géant. Si un jour il arrive, tout ira pour le mieux dans le monde. C'était difficile de ne pas se laisser emporter par l'atmosphère et d'être inspirée par cette ambiance-là, durant les deux semaines que j'ai passées là-bas. Quelques artistes ont déjà composé dans ce village. Je crois que Snow Patrol y a écrit son premier album. Je comprends pourquoi !

En fait, tu avais besoin de silence et de solitude après l'immense succès de ton album "Lights"...
Oh oui ! (Sourire) J'en avais besoin pour ma santé mentale, "Lights" m'a emmenée dans de nombreux tourbillons et j'en suis super heureuse mais j'avais besoin de me vider la tête, l’esprit, l’âme. Aller dans une maison à la campagne de moi-même pour y enregistrer des chansons, c'était exactement ce qu'il me fallait, c'était parfait. Être en studio à Londres n'aurait pas du tout été la bonne chose à faire. Mais attention, ça ne veut pas dire que mes chansons vont tuer les gens de tristesse !

Non quand même pas, mais j'ai écouté l'album et il est beaucoup plus sombre, plus lent que le précédent. Pourquoi avoir choisi cette orientation ?
Oui c'est tout à fait ça, c'est complètement low-tempo. En fait je n'ai pas d'explications, c'est arrivé comme ça, vraiment. Le précédent était dance, celui-là a beaucoup plus d'âme, il est plus sombre c'est vrai. C'est assez difficile à décrire, mais je n'aurais pas pu refaire un album rythmé, ça ne correspondait pas à l'histoire que j'avais envie de raconter. Mais ne t'inquiète pas, il devrait y avoir beaucoup de remixes pour te faire danser ! (Rires)

L'album, dans son ensemble, me paraît moins immédiat que le précédent, mais j'ai l'impression qu'il va se savourer avec le temps. Tu es d'accord avec cette impression ?
Oui, je pense que tu as raison. Au début, quand j'ai fait écouter "Halcyon" en Angleterre, on me disait "Mais qu'est-ce que c'est que ça ?" dans le mauvais sens du terme, et maintenant tout va bien, le single est dans le top 5 et les retours sont positifs. Les stations de radios américaines commencent à s'y intéresser, et comme c'est très difficile de se faire une place là-bas et de la garder, je suis contente, c'est bon signe ! (Rires)

Mais tu ne penses pas que c'est un peu trop risqué, vu le succès de ton premier album ?
Peut-être mais regarde, "Lights" a bien marché mais il ne m'a pas emmenée dans le monde entier. Ça a fonctionné en Angleterre et dans quelques autres pays, mais je ne suis pas venue ici par exemple. Je me trompe peut-être mais j’ai l’impression que celui-là va parler à plus de monde.

Pour “Halcyon”, tu as collaboré avec Jim Eliot, qui a travaillé sur les derniers albums de Kylie Minogue et Will Young. Comment l'as-tu rencontré ?
On s'est rencontrés parce que mon manager me l'a suggéré comme un producteur potentiel pour l'album. Je n'étais pas très enthousiaste au début, et je me souviens qu'en allant le rencontrer, j’avais passé une mauvaise journée, et je me disais que c'était sans doute une mauvaise idée. Mais le jour d’après, nous avons fait "Anything Could Happen" et c'était vraiment quelque chose de spécial. Je me suis dit que ça allait le faire, alors on a pratiquement fait tout l'album ensemble.

“Anything Could Happen” raconte comment la vie peut nous apporter du bon comme du mauvais, à tout moment. Quels événements personnels t'ont inspirée pour cette chanson ?
Oh, tellement. A vrai dire, il y en a tous les jours depuis deux ans à peu près.

"Explosions" est présenté comme le nouveau single...
Pas vraiment, c'est juste un titre promotionnel pour donner un avant-goût de l'album. Aujourd'hui, il n'y a plus de règles à ce sujet…

C'est vrai. D'ailleurs, c'est une très belle ballade. Est-ce que tu as choisi cette chanson parce que tes précédents titres "The Writer" et "Your Song", ta reprise d'Elton John, ont été très populaires, notamment en Angleterre ?
Oui il y a peut-être de ça, mais je crois que par dessus tout, les gens ont vraiment aimé cette chanson. Que ce soit mon label, mon manager ou mes proches. C'était aussi pour bien annoncer que contrairement à ce que le public attendait de moi, un album dance, "Halcyon" n'en est pas un.

En parlant de dance. "I Need Your Love" est disponible sur la version deluxe de l'album avec la complicité de Calvin Harris. Le morceau est d'ailleurs très différent des autres. Comment s'est passée ta collaboration avec lui ?
C'est vrai qu'il y a un vrai clivage entre ce morceau et le reste ! (Rires) C'était vraiment génial, Calvin est drôle, chaleureux, et c'est un très bon auteur pop. Il peut écrire des titres extra. On a écrit la chanson ensemble, alors que normalement il écrit seul, c'était un incroyable privilège !

Calvin Harris est l'un des DJs les plus populaires du monde avec David Guetta. Tu aimerais collaborer avec lui aussi ?
Mais oui, j'adorerais. D'ailleurs, peut-être que je le ferai ! En attendant, je suis une grande fan de Birdy Nam Nam et ils ont fait un super remix de "Anything Could Happen" !

Ton album "Halcyon" sort alors que ton single "Lights" cartonne toujours aux Etats-Unis. Qu'est-ce que ça te fait ?
C'est un sentiment vraiment étrange, j'ai envie de dire "Stop, laissez-moi…". Non je rigole. C'est bizarre en fait, car du coup "Anything Could Happen" va mettre beaucoup plus de temps à s'installer là-bas j'imagine. Mais bon, on verra bien ce qui se passera…

C'est ce qu'on appelle un succès tardif ! Comment tu l'expliques ?
Je n'en ai aucune idée, sérieusement. Le titre est sorti il y a plus d'un an là-bas, vraiment je n'ai aucun indice qui pourrait expliquer pourquoi c'est arrivé bien après... Je dois juste m'y faire, je suppose.

Donc c'était vraiment une surprise ?
Absolument ! Personne n’aurait pu imaginer ça. Évidemment, on voulait tous que ça marche, mais c’était complètement inattendu. On est devenus très populaires d’un coup.

Tu as dit dans une interview que tu avais été surprise car "Lights" n'était pas ta meilleure chanson. Selon toi, quelle est ta meilleure ?
(Rires) Pour moi... Je suis très fière d’"Anything Could Happen". C’est une chanson très spéciale. C’est difficile d’avoir assez de recul. J’ai écrit des chansons que je pensais horribles mais on m’a dit après qu’elles étaient superbes. Donc je ne sais plus quoi penser. Je me contente d’écrire et de faire du mieux que je le peux !

Je ne sais pas si tu as entendu cette info, mais récemment MARINA and the Diamonds s'est emportée contre son label car il a repoussé sa dernière vidéo car elle était "trop moche" dedans. Est-ce que ça t'arrive de te battre avec ton équipe aussi à propos de choses comme ça ?
J'ai entendu parler de cette histoire... En ce qui me concerne, je prends tout ça à la rigolade. Je me moque s’il y a des angles où il faut me prendre en photo. En fait, ça me fait rire, ça me divertit. Si mon label trouve que je ne suis pas bien sur une photo, je laisse faire car j’ai envie de paraître bien, donc ça ne me dérange pas plus que ça. Je prends ça avec le sourire, on en rigole ensemble.

Ellie, tu as 25 ans, tu as vendu 1,3 million d'exemplaires de ton premier album, tu as chanté pour le couple princier d'Angleterre à leur réception de mariage, tu as fait des concerts dans le monde entier et reçu pas mal de prix. As-tu le temps de réaliser tout ce qui se passe pour toi ?
Je ne vois pas les choses de cette façon, en fait. Je crois surtout qu’il me reste encore beaucoup à faire. Donc je me focalise sur le long-terme, à vrai dire.

Mais ça ne te fait pas peur parfois ?
Oui ça peut m’arriver, bien sûr, mais très occasionnellement. J’ai toujours envie d’aller plus loin, de passer d'autres étapes, d’accomplir quelque chose de nouveau. Avec cette idée en tête, je ne peux pas vraiment avoir peur.

Est-ce que tu penses déjà ton prochain album ?
Oui mais j'appréhende un peu. (rires)

Pourquoi ?
Car j’ai trouvé quelqu’un dans ce monde mais je ne veux pas trop en parler pour le moment. Donc oui éventuellement, nous ferons quelque chose ensemble…

Suspense ?
Oui...