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Gérald De Palmas en interview : "Il fallait que j'arrête et que je retrouve l'envie"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Gérald De Palmas signe un retour rock et folk avec "Personne", le premier extrait d'un nouvel album attendu en novembre. Sa longue absence, son déménagement à la Réunion, son besoin de reconnaissance : rencontre avec un artiste qui a retrouvé le feu sacré.
Crédits photo : Jean-Baptiste Mondino
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Vous signez votre grand retour après sept ans d'absence, un laps de temps qui peut paraître assez long pour le public. Il y a eu une volonté de s'effacer, de prendre du recul de votre part ?
Ça faisait presque 30 ans que j'ai commencé à faire de la musique professionnellement, et même un peu plus si je compte les débuts. Il y a eu un petit peu d'érosion. (Sourire) Les dernières années, j'avais beaucoup enchaîné les tournées et j'étais peut-être un peu arrivé au bout du rouleau. J'avais besoin de faire un petit break, d'aller vivre sur mon île natale. C'est vrai que c'est pas super facile de faire ce métier depuis la Réunion...

Ce rythme de vie était devenu trop intense ?
C'est surtout que j'ai commencé jeune et 30 ans, c'est long. J'avais l'impression de ne plus avoir grand-chose à dire. Il fallait que j'arrête et que j'attende de retrouver l'envie.

Il fallait que j'arrête, que je retrouve l'envie
Qu'avez-vous fait pendant cette période ?
Beaucoup de choses mais d'autres choses que la musique. Si ce n'est le chant, que j'ai continué de bosser parce que ça m'intéressait mais sans projet. Je l'ai fait parce que c'était un domaine que je n'avais vraiment jamais exploré jusqu'au bout. Puisque je n'avais pas d'agenda, je n'avais rien de prévu, je me suis accordé ce temps-là pour bosser ma voix quasiment 2 heures par jour, plus par curiosité qu'autre chose. Et puis quand vous tournez tous les soirs, à 20 heures vous prenez une bonne décharge d'adrénaline et c'est vrai que le corps ne comprend pas trop ce qu'il se passe quand vous ne lui donnez plus. (Rires) Alors il faut compenser en faisant des trucs qui vous donnent de l'adrénaline, comme le saut en parachute !



Quel a été le déclic pour se remettre à la création ?
Les années sont passées et inévitablement... Il faut comprendre que pour moi, la musique a toujours été quasiment vitale. J'ai toujours eu besoin d'en faire. Plus le temps passait, plus je sentais l'envie d'écrire, de composer et de jouer qui revenait. Au fur et à mesure, en travaillant sur ma voix, j'ai trouvé une technique d'opéra, "inalare la voce", que j'aimais bien et qui me rassurait. Elle m'a donné d'autres perspectives, comme si j'avais un instrument un peu nouveau. Comme si j'avais acheté une nouvelle guitare ! Ça a aussi participé à raviver l'excitation.

Il y a comme un côté ludique dans votre approche de la musique.
C'est ce que j'ai cherché ! Ça sent le gaz quand vous commencez à perdre cette envie de jouer. Le côté ludique est hyper important.

J'ai jeté un album
Vous vous êtes donc remis petit à petit à la composition. Il y avait d'emblée un projet d'album ?
Non. En fait pendant ces 7 ans, il y a eu un premier projet d'album avorté. J'ai fait comme un peu par habitude et je me suis dit : j'ai pas envie de partir si c'est dans cet esprit-là. Donc j'ai jeté l'album. Puis j'ai repris la composition par amusement en me disant : "On verra ce que ça donne. Si ça fait un truc qui tient la route, je pousserais au bout. Si c'est pas le cas, ce n'est pas grave". C'était plus un travail sur moi-même, une quête personnelle. Au bout d'un moment, j'en suis arrivé à créer une chanson puis de fil en aiguille, j'ai réalisé : c'est bon, j'ai ce qu'il faut pour y retourner.

Le single ''Personne'' amorce donc une nouvelle ère artistique.
Oh, ça reste dans l'ADN de ce que j'ai toujours fait. Il y a beaucoup de guitares folk. Je crois même que ça se rapproche plus de la musique de mes débuts que sur mes derniers albums. C'est marrant parce que, pendant des années, j'étais à fond dans l'idée de faire des sons vintage, avec les micros qu'il faut etc. Là, je ne me suis pas posé toutes ces questions. Mais je ne sais pas pourquoi, naturellement, je suis mis à réutiliser mes vieilles guitares, dans un studio avec du matos vintage. Finalement, c'est celui qui sonne le plus roots alors que ce n'était pas vraiment voulu. C'est assez paradoxal. Ça sonne vraiment comme j'avais envie que ça sonne.

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C'est facile de se remettre dans le bain du jeu de la promo ? Vous ressentez une pression ?
C'est un mélange d'impatience et de pression. J'ai très envie d'y retourner ! Après, je vous avoue très franchement que la promo, c'est moins facile. Je suis moins à l'aise et encore moins à la télé, où je ne suis pas à l'aise du tout. (Rires) Mon vrai plaisir, c'est de jouer sur scène.

Chacun met une couleur sur des mots
Cette chanson parle du droit à la déconnexion, à l'anonymat. Ce n'est pas un peu antinomique avec le métier d'artiste ?
D'ordre général, je ne suis pas un grand fan de l'explication de texte. Par définition, toute la ruse, quand on écrit une chanson, c'est de trouver une façon et un style d'habiller des idées sans que ce soit trop évident. Et donc si vous voulez, si vous commencez à expliquer un texte, vous retombez dans le travers de ce que vous ne voulez pas, c'est-à-dire que ce soit trop explicite. Avec "Personne", il y a plein d'interprétations différentes. Je préfère laisser à chacun le choix de se faire une idée. Et j'ai toujours aimé ça ! Même avec des textes plus explicites, parfois les gens me sortent des trucs qui n'ont rien à voir avec ce que j'avais en tête. (Rires) Je trouve ça génial, j'adore. En fonction de son expérience, chacun met une couleur sur des mots.

Musicalement, le titre renoue avec une veine rock, un peu blues. L'album en préparation sera-t-il dans cette lignée ?
Il y a plusieurs morceaux qui auront cette petite touche rock un peu soul, et des ballades plus folk. C'est toujours un peu difficile de définir ma musique, parce que je fais toujours une espèce de mélange. Ce qui m'intéresse, c'est de faire un univers qui me soit propre et que les gens se disent : il a un style un peu différent. Pendant 11 chansons, je veux qu'ils rentrent dans cet univers-là. C'est ce qui m'a toujours plu chez les autres artistes. J'ai toujours un peu de mal à écouter plein de singles différents, et c'est la raison pour laquelle j'aime beaucoup les auteurs-compositeurs qui font leurs propres arrangements. C'est cinématographique. Alors après, est-ce que c'est pop, rock, variété... ? Je m'en fous. Ce qui m'intéresse, c'est de ne pas être le mec qu'on entend partout. Que ça ne sonne pas comme les autres. Pas juste pour faire le malin, hein ! Ça pourrait être un truc d'ego - j'en ai comme tout le monde - mais ce n'est pas ça. C'est pour amener les gens dans un univers, avec un album ou une carrière.

Le travail de création est-il solitaire ?


C'est souvent très, très solitaire. C'est au moment de l'arrangement, à la toute fin, que chaque musicien apporte sa contribution. Sauf celui-là : avec mon guitariste Nicolas Paillet, qui habite près de chez moi à la Réunion, on a bossé vachement longtemps, au moins sept mois, sur les guitares électriques. Je construis toujours de la même façon : sur le canal droit, en stéréo, j'ai la folk, et à gauche c'est l'électrique. Tous les deux, on imbrique nos guitares avant même que la batterie, la basse et les claviers n'arrivent. Et en fait, on avance comme ça. Les autres se sont greffés en quatre-cinq jours, en studio.

La Réunion a toujours été présente dans ma musique
De quelle manière la Réunion influence-t-elle ce disque ?
J'ai fait quelques bouts de voix à la Réunion quand j'y suis reparti après avoir enregistré, car on avait enregistré en live et certains étaient foireux. Sinon, l'album a été principalement enregistré au studio Guillaume Tell à Suresnes. Inconsciemment toutefois, la Réunion a toujours été présente dans mes albums, en filigrane. C'est là où je suis né, c'est un endroit qui est hyper important pour moi. Est-ce que c'est la façon syncopée d'écrire ? Je ne sais pas. Mais je sais qu'il y a quelque chose inévitablement de là-bas.

Vous êtes dans ce milieu depuis plus de 30 ans, vous avez eu des succès, écrit pour Johnny Hallyday... D'où puisez-vous votre feu sacré ?
Pour moi, le feu sacré c'est assez simple. J'ai toujours une théorie qui est un peu fumeuse mais à laquelle je crois ou j'aime croire, c'est une belle histoire. J'ai lu ça un jour dans un bouquin : je pense que les mélodies existent dans un espace ésotérique qu'on appellerait "l'inconscient collectif", comme un espèce de cloud puisque c'est à la mode, qui nous lierait tous les humains, surtout quand on a la même culture. Un artiste, de temps en temps, il a accès à cette nébuleuse et il peut aller chercher une chanson. Pour moi, on est juste le média de cette musique mais la chanson existe déjà plus ou moins. Parfois, la porte est fermée pendant des années et parfois, elle se réouvre. La preuve que ça marche ? C'est quand vous terminez de composer une chanson et qu'il y a une évidence, alors qu'elle n'est même pas sortie, que personne d'autre ne l'a encore écoutée. Si on a le feeling que cette chanson a toujours existé, alors c'est gagné. Et souvent d'ailleurs, ce sont celles qui marchent le mieux.

Les gens pour qui le succès est un gros mot sont des hypocrites
Décrocher un tube populaire, ça reste un objectif ?
Oui ! C'est une priorité dans la mesure où je le perçois comme une reconnaissance de la part des gens. Si vous faites un métier artistique, un tableau par exemple, et que personne ne le regarde, pour moi ça ne marche pas. J'ai besoin d'un auditoire, j'ai besoin d'être reconnu, j'ai besoin d'être apprécié. Je n'ai pas ce détachement bouddhiste. (Rires) Si ça ne fonctionne pas, peut-être moins aujourd'hui qu'à mes 25 ans, je le vis comme un désaveu. Oui, le succès est super important pour cette valeur-là. Les gens pour qui le succès est un gros mot, ce sont des hypocrites ! Moi j'accepte le fait de faire partie des personnes qui ont besoin de cette reconnaissance. (Sourire)

La reconnaissance ultime, c'est quoi ? La scène ?
Non, c'est de sentir que votre travail, votre musique, est apprécié. Que ça se voit sur disque, que ça se voit sur scène, peu importe. Si ce que je donne artistiquement n'est pas reconnu, ce besoin n'est pas assouvi.
Pour en savoir plus, visitez depalmas.artiste.universalmusic.fr.
Écoutez et/ou téléchargez le dernier album de De Palmas sur Pure Charts.

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