Colonel Reyel

En tout juste quelques semaines, Colonel Reyel s'est imposé dans les charts, sur les ondes, et à la télévision. Son premier titre "Celui" a enchanté la France entière : n°1 du Top Titres pendant plusieurs semaines. Alors qu'on l'imaginait chanteur d'un seul tube, il réalisait une très bonne performance en classant son deuxième single "Toutes les nuits" n°1 à son tour. C'est aujourd'hui son album "Au rapport" qui fait son apparition chez vos disquaires. Qu'en est-il vraiment ? Est-il un concentré de tubes ou une pièce vide uniquement portée par deux titres phares ?

Regardez le nouveau clip de Colonel Reyel, "Toutes les nuits" :


"Au rapport" est un album composé de douze titres qui ont chacun le potentiel de single. Ceux qui ont apprécié ses deux premiers simples ne seront pas déçus par cet opus qui intègre les mêmes ingrédients : une pop agrémentée de sons électro, Rn'B et reggae. Ces différents styles musicaux sont très bien articulés, tandis que Colonel Reyel privilégie le rap pour son chant. Un mélange qui demande à être entendu pour être apprécié tant le cocktail semble détonnant. L'artiste ne révolutionne pas la pop : il reprend des éléments déjà vus ici et là pour en faire une sauce piquante, mais parfois indigeste. La salade est bien assaisonnée mais nous aurions aimé ne pas écouter la même chanson à la puissance douze. Très ressemblant, pour ne pas dire trop, ses morceaux ne distinguent pas assez : une introduction au piano, quelques sons scintillants pour donner la trame, et un refrain qui intervient au bout de trente secondes.

S'il fallait néanmoins en retenir quelques uns, ce serait sans hésitations "Aurélie" et "Mon rêve". Pourquoi ? Parce que les textes ont un peu plus de profondeur. Pour le premier, Colonel Reyel évoque l'avortement et les difficultés qu'une jeune étudiante peut rencontrer en se retrouvant enceinte à 16 ans, abandonnée par un garçon qui refuse d'assumer sa paternité. « On a tous connu une fille dans le cas d'Aurélie », ce qui n'est pas faux et qui rappelle un débat de société, la pratique de l'IVG n'est pas encore admise par tous. Le refrain est accrocheur et pourrait devenir un tube, ce qui sera rendu possible puisque cette chanson a été retenue pour faire suite à "Toutes les nuits". Quant à "Mon rêve", il est le reflet d'une jeunesse perdue, celle que l'on appelle aussi la "Génération perdue". Ancré dans l'actualité politique du moment, le message religieux et fraternel ne passera pas inaperçu :« la couleur de peau signifiait autant que la couleur des cheveux ou des yeux ». C'est un peu cliché mais tout à fait réaliste et parfaitement juste. C'est bon d'en revenir aussi à des choses simples qu'on aurait tendance à oublier !

En revanche, on n'hésitera pas à passer "Besoin d'évasion" sur lequel les redondantes basses rendent tout écoute difficile, de même que le très électro "Dis-moi oui", enregistré en featuring de Krys, n'est pas du meilleur goût. C'est une chanson d'amour un peu trop suave qui ne séduira que les midinettes, un peu comme "Celui", "Toutes les nuits" et "Ma star". Enfin, "Game Over" nous permet de garder une meilleure impression de ce disque. Dernier titre, il est à l'encontre des morceaux ci-dessus cités : aux diables les promesses d'amour éternel auxquelles plus personne ne croit !