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Colonel Reyel en interview

Fort de ses deux tubes "Celui" et "Toutes les nuits", Colonel Reyel, n°1 des ventes d'albums en France avec "Au rapport" en avril dernier, a répondu sans concession à nos questions concernant son succès soudain. Interview vérité.


Bonjour Colonel ! On va entrer directement dans le vif du sujet, deux tubes (dont "Celui" au clip visionné près de 30 millions de fois sur YouTube) et un album classé n°1 des ventes de disques en France, devant Johnny Hallyday ou Nolwenn Leroy, t'attendais-tu à un tel accueil (Thierry Cadet) ?
Colonel Reyel : Je suis tout à fait surpris. D'autant plus que le morceau "Celui" a été écrit à l'instinct et que je ne m'attendais absolument pas à un tel succès. "Celui" figurait à la base sur une compilation parue chez Wagram. Je suis d'autant plus étonné de l'accueil de l'album, c'est une surprise qui se confirme.

Je n'ai pas la prétention d'être un grand auteur. Je veux juste qu'on me juge sur mon chant
Selon toi, quel a été l'intérêt des 30 millions d'internautes à venir visionner ton clip sur YouTube ? Le titre en lui même, ou les jolies filles que tu as choisies pour la vidéo ?
En fait, la chanson en elle même avait déjà été mise sur YouTube environ six mois avant le clip, avec pour unique visuel la pochette de la compilation dans laquelle elle figurait. Je pense donc que dans un premier temps, les 5 millions d'internautes qui sont simplement venus écouter le son en un mois seulement, sont revenus ensuite pour découvrir les images qui accompagnaient la musique. Ça c'est une première explication. Une suite logique finalement, qui a contribué ensuite à faire grandir les vues.

Selon toi, ton public est-il uniquement composé de jeunes adolescentes ou est-il plus large ?
Quand je vais à la rencontre du public pour mes différents shows, il y a de tout. On pourrait croire qu'il y a plus de filles, mais c'est très équilibré. Des filles comme des garçons, des jeunes comme des moins jeunes, des mères de famille, des enfants... j'ai la chance d'avoir un public très large qui ne se limite pas à une seule catégorie. Je pense que c'est un atout, j'ai voulu faire en sorte à travers l'écriture du disque, de toucher le plus grand nombre.

Si le succès en métropole est très fort, l'est-il autant aux Antilles ou dans les Dom-Tom ?
En départements d'outre-mer, le succès est aussi au rendez-vous. Le clip de "Celui" a été tourné en Guadeloupe et l'accueil y est aussi très chaleureux. Mais j'ai eu le parcours inverse de tous les artistes antillais qui se font connaitre d'abord chez eux, et ensuite en France. Même si au final le résultat est le même (sourire).

Pourquoi Colonel Reyel ?
Mon père m'a appelé Rémi par rapport aux deux notes de musique
Je m'appelle Rémi, et au début j'avais choisi uniquement Reyel, en rapport à mes origines antillaises. Aux Antilles, on appelle quelque chose de “reyel”, quelque chose qu'on apprécie. On pourrait par exemple dire que Pure Charts est “reyel” (sourire). J'ai donc décidé de m'appeler comme ça, et Colonel est venu par la suite parce que dans le dancehall, beaucoup d'artistes empruntent leurs noms au monde militaire, que ce soit Admiral T, Caporal Nigga etc. J'ai donc voulu faire comme les copains, tout simplement.

Que réponds-tu à tes détracteurs qui soulignent la pauvreté de tes textes, l'utilisation massive de l'auto-tune, et le fait que ton succès sera sans doute éphémère ?
Je n'ai pas la prétention d'être un poète ou un grand auteur. Etant chanteur, je veux juste qu'on me juge sur mon chant.

L'auto-tune ne nous facilite pas les choses...
L'auto-tune fait partie d'un style, et d'une époque. Et c'est avec la scène qu'on pourra vraiment juger de mon chant.

Visionnez le clip de Colonel Reyel, "Celui" :


Sauf qu'on juge aussi une chanson sur son texte, sur ce qu'elle raconte...
Oui on peut juger une chanson sur un texte, mais à travers l'écriture j'essaie de toucher un public assez large, et je fais donc en sorte que tout ce que je dit soit compréhensible. Je n'essaie pas de chercher à déstabiliser l'auditeur avec des textes trop compliqués, j'essaie vraiment de faire passer le message avant tout.

Quel message ?
Je parle de moi dans l'album, de ce que j'ai vécu, comme la plupart des mecs de mon âge. Après que ça dure ou pas, on verra bien. Je ne me prends pas la tête, et surtout je ne vais pas commencer à calculer quoique ce soit et à faire en fonction de la demande pour que ça plaise absolument. Mon père a choisi de m'appeler Rémi par rapport aux deux notes de musique. Quoiqu'il arrive, je ferai toujours de la musique, dans l'ombre ou pas.

T'adresses-tu à un public plutôt féminin ?
Non. Dans "Celui" je parle d'un mec qui est amoureux d'une fille qui a déjà un copain. Tous les mecs en France ont déjà vécu cette situation. Et ce texte parle à la fois aux mecs, et aux nanas. Après, les filles ont probablement plus de facilité à parler de leurs sentiments, et seront peut être plus sensibles à ce que je vais dire. Les mecs ont plus de fierté et n'oseront pas dire qu'ils ont été touchés par une chanson d'amour. Mais au final, ça s'adresse à tout le monde.

Je suis quelqu'un d'assez timide
Le côté “lover” et sûr de toi, que tu évoques dans tes textes est-il un message à prendre au premier degré ?
Non non. Déjà si tu écoutes bien le texte de "Toutes les nuits", dans le second couplet je dis que je combats ma timidité, et dans "Celui" à la fin du pont, je dis qu'il faut que je redescende sur terre car je n'ai pas encore son tel. Ça veut dire qu'au final je me fais un film, et qu'il n'y a rien de concret. C'est vraiment ce que je suis dans la vie, je suis quelqu'un d'assez réservé, d'assez timide, et je le retranscris dans ma musique. Je n'ai pas l'impression d'être vraiment sûr de moi dans mes textes. Ce n'est vraiment pas le discours d'un mec macho ou sûr de lui, au contraire...

Et le côté « le reste j'te l'épargne, ouais j'te l'épargne, deux, trois bisous un câlin sous la couette et PAM »...
C'est quand même une suite logique (rires) !



Pourquoi avoir appelé ton album "Au rapport" ? Est-ce en rapport avec ton pseudo de Colonel ?
Indirectement. C'est surtout en rapport avec mes années de galères. Il faut savoir que si certains parlent d'un succès fulgurant, ça fait du temps que je suis là et que je fais mon p'tit bonhomme de chemin dans la musique. A cette époque là, mes potes et les gens de mon milieu, m'ont identifié avec ce nom-là « Colonel Reyel au rapport ! ». C'est une référence à cette période. Celle qui m'a formé et qui a fait que je suis devenu ce que je suis aujourd'hui. De plus, je pense que c'est un bon titre pour un premier album, ça établie bien ma carte d'identité musicale.

Je me reconnais beaucoup en Rihanna
Qui admires-tu parmi les artistes de ta génération ?
Actuellement l'artiste que j'écoute énormément, que j'aime beaucoup et que j'admire, c'est Rihanna. Je me reconnais beaucoup en Rihanna. Elle est originaire des caraïbes, comme moi. Sur son premier album, il y avait beaucoup de sonorités reggae et ragga et ce qu'elle a réussi à faire, c'est à s'élargir. A ne pas rester limitée à ce qu'elle savait déjà faire, elle a pris des risques en se dirigeant vers l'électro par exemple.

Penses-tu que cela puisse être l'un des secrets de la longévité pour un artiste ?
Peut être. En tout cas ce qui est sûr, c'est qu'en tant qu'artiste il ne faut pas se limiter, il faut tenter de pousser sa créativité le plus loin possible. C'est ce que j'aimerai faire par la suite, et que j'ai d'ailleurs commencé sur cet album là. A l'écoute de l'album tu te rends compte que je ne me suis pas cantonné à un seul style. Que ce soit l'électro, le reggae, le hip-hop, ou l'acoustique. Au rapport ! C'est aussi un établissement de ce que je peux faire (sourire).

Le troisième extrait de l'album évoque le thème de l'avortement. Un texte dans lequel tu conseilles à la jeune fille, âgée de 16 ans, de garder l'enfant « on a tous connu une fille dans le cas d'Aurélie, une pour qui grossesse est synonyme de délit, rejetée par ses amis mais surtout par sa famille, qui n'acceptent pas qu'elle souhaite donner la vie. Voilà ce que je dirai si je devais donner mon avis : mettre un enfant au monde ne devrait pas être puni. C'est la plus belle chose qui soit, et si tu le dit c'est que tu n'as rien compris ! ». Es-tu contre l'avortement ?
Je ne suis pas contre l'avortement
C'est vrai qu'"Aurélie" n'a rien à voir avec les deux premiers singles qui sont très solaires. Je ne suis pas contre l'avortement. Il est un droit fondamental à la femme depuis des années en France (ndlr : la loi Veil date de 1975) et dans certains cas il est nécessaire, y'a pas d'hésitation à avoir là-dessus, c'est un fait établit. Ce que j'essaie d'évoquer dans l'histoire, c'est que ça reste avant tout un choix personnel. C'est à la jeune fille de juger si elle est apte à donner la vie ou pas, tout simplement. Et dans le cas d'Aurélie, elle se sent prête, il faut donc la soutenir plutôt que de la brimer. J'ai été animateur avec les adolescents pendant pas mal d'années, énormément d'ados m'ont fait part de leur relation de couples, et de ce problème en particulier. C'est un tabou et j'ai voulu le briser.

Un artiste a la responsabilité de ses discours car le public s'identifie à lui. N'as-tu pas peur d'influencer les jeunes filles qui t'écoutent, à garder un enfant alors qu'elles ne sont âgées que de 14 ou 15 ans ?
Non. Je ne pense pas que ce soit moi qui incite qui que ce soit. Avant que Colonel Reyel ne soit là, il y avait déjà une sexualité chez les adolescents, ce n'est pas moi qui l'ai inventée. J'essaie juste de parler d'une histoire précise.

Pourquoi y évoquer Mathilde Seigner ?
Là il me fallait évoquer un VIP. C'est le hasard, il ne faut pas y voir quelque chose de personnel.

Un de tes titres s'appelle "Mon rêve". Quel est le tien ?
Que les gens acceptent la différence. J'ai grandi dans les quartiers populaires, en Seine Saint Denis, j'ai connu la diffamation. Il faut tenter d'être plus ouvert aux autres, se connaitre, accepter les différences, les respecter, et les apprécier.

Visionnez le clip de Colonel Reyel, "Toutes les nuits" :


Penses-tu que la religion soit une source de conflits, de guerres ?
Ah ça je ne sais pas (sourire)... là tu me poses une question délicate. La religion est quelque chose de personnel. Chacun a la sienne, mais il est vrai qu'on se doit de la respecter.

C'est un sujet tabou et j'ai voulu le briser
As-tu souffert du racisme ?
Non, pas beaucoup. Je n'ai jamais directement souffert du racisme, à part peut être de certaines idées reçues, des aprioris ou des attitudes, mais rien de bien méchant. Le racisme est présent certes, mais sous des formes déguisées, multiples, c'est vrai que c'est là qu'il faut être vigilent, ne pas faire d'amalgames. Je continue de penser malgré tout, que la France n'est pas un pays de racistes.

Tu évoques la tolérance. Tu travailles cela dit avec le chanteur et producteur Krys, sur le label Step Out. Que penses-tu de son implication en 2006 dans une affaire d'homophobie ?
Ça n'était pas vraiment une affaire d'homophobie. Krys, qui est mon cousin, a eu un problème avec une personne en particulier : Vincent McDoom.

Beaucoup d'homosexuels me donnent de l'amour, et je leur rend en retour
Il a tenu des propos très virulents sur les gays en général « McDoom est mort, yeah ! Brûlez tous les bisexuels, les transsexuels, les homosexuels et les travestis, de cette mission là, je m'investis .../... J'ai pas de combine avec Vincent McDoom, coup de fusil sur les PDs clic clac boom ! »...
Il n'a pas attaqué les homosexuels, mais seulement Vincent McDoom. Krys n'a rien contre les homosexuels, et moi non plus. J'ai beaucoup d'homosexuels qui viennent à mes shows, me donnent beaucoup d'amour et je leur rend en retour. Y'a aucun soucis là-dessus. Il s'est d'ailleurs excusé dans une émission de Cauet.

Des excuses que Vincent McDoom n'a par ailleurs pas acceptées. Pourquoi évoquer Nicolas Sarkozy en lui prêtant l'envie de manger un kebab ?
(rires) C'est une petite phase humoristique. Sans seconde lecture. C'est juste que le Président de la République mangeant un kebab serait un geste fort.

Peut-être en mange-t-il déjà...
Peut être (sourire)...

Pour finir, as-tu prévu des concerts prochainement, une date à Paris par exemple ?
C'est prévu oui, mais pour le moment je n'en sais pas plus. C'est en train de se mettre en place.

Avec quelle formation ?
Ce sera les meilleurs musiciens du milieu reggae/ragga. Ce sont des gens qui travaillent déjà avec Krys ou les artistes antillais de la place. Ça va être du bon ! On pense aussi à une session acoustique, juste guitare/voix.

Merci de ton franc-parler Colonel Reyel !
Je t'en prie. J'aime beaucoup Pure Charts et je te remercie.

Crédit : ABACABA.COM.
Pour en savoir plus, visitez colonelreyel.believeband.com, ou son MySpace officiel.
Écoutez et/ou téléchargez l'album "Au rapport" de Colonel Reyel.
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