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Cock Robin en interview

A l'occasion de son passage à l'Olympia le 16 mai, Cock Robin est venu nous rendre visite. Peter Kingsbery et Anna LaCazio affichaient une bonne humeur communicative et se sont dévoilés avec humour et sans langue de bois. Ils évoquent leur dernier album "Songs From A Bell Tower" et quelques anecdotes plutôt surprenantes.


Qu'est ce qui a motivé le retour du groupe en 2006 ? Pourquoi s'être de nouveau associé après plusieurs années de séparation et de silence ? (Jonathan Hamard)
Peter Kingsbery : Oh, on s'attendait à cette question !
Anna LaCazio : Oui, et on se doutait bien que beaucoup nous diraient : "Ne revenez pas surtout !" [rires]. Nous nous sommes tout simplement retrouvés parce que nous avions envie de refaire de la musique ensemble. C'était une envie commune et tout s'est fait de manière relativement naturelle.
P. K : Une partie de notre motivation était basée sur les chansons. Je me suis remis à l'écriture. Je ne les avais pas écrites pour moi, mais bien dans l'optique de les jouer avec Anna. J'avais déjà tenté de le faire une fois, mais elle n'avait pas aimé les chansons. Cette fois-ci, elle est tombée sous le charme et m'a donné le feu vert.

Cet album "Songs From A Bell Tower" ne séduit pas seulement le public qui vous suit depuis les débuts, dans les années 80. Une nouvelle génération de fans a été conquise. C'est rare qu'un groupe de votre génération puisse convaincre un nouveau public plus de vingt ans après ses premiers succès.
P. K : Et toi, est ce que tu es convaincu ?

Plutôt, oui.
P. K : Je suis charmé par ça, c'est super ce que tu me dis.
A. L : Je te laisse répondre Peter. Je ne sais pas si c'est moi séduit le public... [rires].
P. K : L'idée était de faire un album après notre tournée de 2009. Je n'avais pas grand-chose sous la main. Ma tante m'avait légué un orgue avant sa mort. Je l'ai fait réparer et j'ai testé les sons que je pouvais en faire sortir. C'était pour moi l'occasion de faire quelque chose qui n'a plus rien de commun avec les années 80. Les albums que j'écoutais à ce moment étaient ceux de groupes alternatifs vingt ans plus jeunes que moi. La musique qui m'attirait était de cet esprit-là. Je me suis mis au boulot et je me suis lancé un pari, celui de faire un album complètement libéré de notre passé. C'était pour moi un vrai challenge. J'ai joué moi-même toutes les petites percussions, les basses et l'orgue. Pour ce que je ne savais pas faire, j'ai sollicité des musiciens que j'avais rencontrés en France et aux États-Unis.

Il faudrait être con pour me dire que je suis un opportuniste
Vous n'avez pas eu peur qu'on vous prenne pour des opportunistes. 2005 : c'était le retour des années 80 et vous reveniez pendant cette période avec un nouveau disque.
A. L : Possible !
P. K : Oui, mais on ne peut pas échapper à cette critique. Dans quelques années, ce seront tous les groupes des années 90 qui seront qualifiés d'opportunistes. Ce sont des préjugés qui ne nous touchent pas. Si on s'arrêtait ne serait-ce qu'une seconde à ce qui est dit ici ou là, on devrait arrêter de faire de la musique. C'est vrai qu'il y a dix ou quinze ans, je voyais que beaucoup de groupe sur le retour se faisaient critiquer de la sorte. On les accusait de revenir simplement pour l'argent. En 2011, cet argument n'est plus valable : plus personne ne gagne de l'argent ! Il faudrait être con pour me dire que je suis un opportuniste. On ne sera plus riche quoi qu'il en soit. Nos succès se basent sur des petites victoires comme de pouvoir jouer cette semaine à l'Olympia. De pouvoir jouer de la musique sur scène, c'est ce que nous recherchons avant tout. Et puis, on prend du plaisir à faire ce qu'on veut. Nous n'avons pas de maison de disques qui nous met la pression pour écrire un tube. Nous sommes libres de faire ce qui nous plait. Personne ne me dit ce que je dois faire. Le prix de la liberté, c'est qu'on ne gagne plus grand chose.

Redécouvrez Cock Robin, "The Promise You Made" (1986) :
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Le prix de la liberté, c'est qu'on ne gagne plus grand chose.
D'ailleurs, comment voyez-vous cette évolution du marché du disque, vous qui avez connu la gloire dans les années 80/90 et qui observez la dégringolade des chiffres d'année en année ?
A. L : Je suis surtout très triste de voir que les Majors se font beaucoup moins d'argent qu'auparavant [rires]. Je vois évidemment que les disques se vendent moins bien. Mais je pense que les opportunités pour n'importe quel artiste sont plus nombreuses. Les choses sont faites de telle manière qu'il est plus facile pour un chanteur de publier un album selon moi. En revanche, on est par conséquent bien plus nombreux qu'avant mais on ne pas tous passer par la même fenêtre. Je pense également qu'il faut suivre les tendances musicales qui sont en mouvement perpétuel. Il faut sans cesse produire toujours plus et toujours plus vite. A côté, nous sommes comme des dinosaures devant les outils électroniques "tendances".

Julien Doré est peut-être l'une des seules exceptions.
Ces opportunités, ce sont notamment les émissions de télé-réalité comme "X-Factor" et "American Idol" qui n'existaient lorsque vous avez commencé. C'est un procédé qui vous plait ?
A. L : Dans l'idée, ça me fait beaucoup penser aux stars des années 50 qui connaissaient une sur-médiatisation. Tout tournait autour d'elles.
P. K : En effet, c'est un raccourci qui permet à des personnes de sortir de l'ombre en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Bien sûr que nous avons regardé ces émissions de télévision. On sait que les téléspectateurs sont nombreux à regarder ces programmes mais les candidats présentés n'ont pas tous le même talent. C'est faire d'un homme ou d'une femme une star sans le mérite. Nous connaissons Julien Doré. Il est peut-être l'une des seules exceptions.
A. L : C'est une nouvelle occasion pour les Majors de fabriquer une star et de s'assurer de vendre des disques. Pour le coup, là c'est de l'opportunisme car c'est le public qui vote pour choisir celui ou celle qu'ils aiment. Par conséquent, il achètera son disque une fois en bacs.

Auriez-vous pu y participer à ce genre d'émission si elles avaient existé à l'époque ?
A. L : Non, définitivement non ! Nous n'aurions aucune crédibilité.
P. K : Au début de notre carrière, je me souviens qu'on nous proposait à nous comme à d'autres de figurer dans des publicités. Des marques comme "Coca Cola" proposaient de nous filmer pendant que l'on chantait notre tube. Des plans marketings comme celui-là, nous n'en voulons pas, ça ne nous intéresse pas. Tout le monde court après une publicité de nos jours. Décidément, ce n'est plus la même époque. De notre temps, nous n'aurions jamais considéré de telles propositions. Peut-être que si on nous proposait une publicité demain, je ne dirais pas non [rires]. Tout le monde a envie d'exister, que ce soit de n'importe quelle manière.



En ce qui vous concerne, vous continuerez à exister sur la scène de l'Olympia. Vous vous y produirez le 16 mai. Il y a vingt-cinq ans, vous débarquiez en France sur cette même scène. C'était important pour vous d'y repasser pour votre nouvelle tournée ?
A. L : C'est fantastique. J'ai vécu sur cette scène une partie de mes meilleurs souvenirs et de mes plus belles émotions.
P. K : A l'Olympia, c'est vraiment une histoire : ce sont des moments que l'on vit et que l'on partage avec le public. C'est comme un aboutissement pour nous de pouvoir jouer sur cette scène en France car, avant sa rénovation, elle était une salle mythique où les plus grands artistes étaient passés. C'était donc une bonne chose de pouvoir s'y produire et ça l'est aujourd'hui parce que nous y avons joué nos concerts alors que nous connaissions la gloire.

On pourra peut-être toucher des gens avec des nouvelles chansons.
Un concert avec les nouveaux titres, mais aussi avec d'anciens morceaux. Et je pense que la plupart des personnes qui viendront vous applaudir sur scène seront surtout là parce qu'elles connaissent des chansons comme "When You Heart Is Week" ou "Promise You Made". Ce n'est pas frustrant ?
P. K : Nous essayons avant tout de conserver notre attitude saine et sereine. On sait qu'on ne peut pas tout avoir. Nous avons déjà la bonne fortune d'exister si l'on se compare à d'autres groupes de la même époque. On pourra peut-être toucher des gens avec des nouvelles chansons. Nous continuons quoi qu'il en soit le show, d'autant que l'on poursuit à deux. Ce n'est pas comme si nous étions seuls devant un piano. On se plait toujours autant à faire sonner nos vieux tubes. Le spectacle est très bien car il alterne entre ces anciens morceaux qui s'accommodent très bien avec nouveaux. Je crois aussi que le public est surpris car nous faisons partie de ces groupes de rock qui ne sont pas encore trop ridés. Du moins je l'espère. Je crois aussi que nous pouvons faire découvrir quelque chose à un public et toucher des personnes. C'est en tout cas l'une des raisons qui nous motive à continuer.

Redécouvrez Cock Robin, "When You Heart Is Weak" (1985) :
Le player Dailymotion est en train de se charger...


Nous sommes deux amis avant d'être deux artistes.
Cette tournée sera-t-elle la dernière ?
A. L : Ah bon ! C'est notre dernière tournée ? Je ne savais pas [rires].
P. K : Je vais mettre les dernières touches à notre nouvel album qui devrait sortir en 2012. Nous sommes déjà en cession d'enregistrement. Je crois que nous sommes Anna et moi restés sur la même longueur d'onde. Nous vivons dans une époque où tout est possible. On peut très bien écrire de la musique pour un film ou agrandir notre groupe. Je travaille avec un artiste danois en ce moment et ça donne des idées. Nous avons cette ouverture d'esprit que beaucoup d'artistes doivent avoir. On ne sait pas de quoi demain sera fait mais on sait qu'on aime toujours autant chanter ensemble. Nous avons une grande complicité : nous sommes deux amis avant d'être deux artistes.

J'ai dû me taire devant le “grand” Pascal Obispo.
Peter Kingsbery, vous étiez pressenti pour chanter dans la comédie musicale "Les dix commandements" de Pascal Obispo. Finalement, c'est Daniel Lévi qui a pris votre place. Pourquoi ?
P. K : Oui, effectivement. Je devais chanter sur la comédie musicale "Les dix commandements" mais ça ne s'est pas fait. Un soir, alors que nous avions terminé les répétitions, Pascal Obispo repartait avec la banane car les morceaux étaient au point. Avec les musiciens, nous avons continué notre travail mais chanté différemment avec d'autres arrangements. Le lendemain, Pascal Obispo est venu me faire un sermon en m'expliquant que je devais me plier à ses instructions. J'ai dû me taire devant le “grand” Pascal Obispo. Il s'est pourtant servi de tout ce que j'avais fait, pris les arrangements que j'avais produit pour s'en servir librement. J'ai préféré claquer la porte. Je n'ai pas été viré, c'est moi qui suis parti. Je suis pourtant allé voir le spectacle et je n'ai pas été déçu de ne pas y participer. Je ne me voyais pas torse nu avec une canne dans la main.
Pour en savoir plus, visitez le MySpace officiel.
Écoutez et/ou téléchargez l'album "Songs From A Bell Tower.
Redécouvrez Peter Kingsbery, "Only The Very Best" (1993) :

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