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Histoire d'un tube : "Les mots bleus" de Christophe (1974)

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Christophe est mort et avec lui, c'est tout un pan de la musique contemporaine qui s'en va. En 1974, le dandy maudit, alors en plein succès, co-signe avec Jean-Michel Jarre la ballade qui le fera entrer au panthéon de la chanson française : "Les mots bleus". Retour sur l'histoire de ce tube.
Crédits photo : Pochette de l'album
« Je lui dirai les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux... ». Sans l'ombre d'un doute, ces paroles ont fait vibrer plus d'un coeur sensible. Et forment, dans la voix gracile de son interprète, l'une des plus belles chansons d'amour de la variété française. Décédé à l'âge de 74 ans, Christophe était un artiste aux multiples visages, un dandy insaisissable (Michèle Torr, la mère de son fils, évoque une « espèce de folie géniale ») qui cultivait aussi bien le goût du secret que de l'expérimentation. En témoigne sa carrière longue et foisonnante, sa métamorphose progressive de l'idole des années yéyé à l'explorateur élégant des musiques électroniques, et la construction de son personnage, crinière blonde au vent et lunettes teintées sur les yeux, qui l'élèvera au rang de mythe. Des nombreux trésors que renferme son répertoire, "Les mots bleus" est la première qui vient à l'esprit en évoquant son nom de scène.

Jean-Michel Jarre au texte


Daniel, le "dernier des Bevilacqua", comme il l'affirmait en ouverture de l'album "Les mots bleus" en 1974, l'a conçue dans un studio d'enregistrement en compagnie de Jean-Michel Jarre. La collaboration entre le chanteur et l'auteur, qui deviendra plus tard le porte-étendard de la musique électronique à la française, venait de faire des merveilles un an plus tôt sur "Les paradis perdus". Une collaboration née par l'intermédiaire du producteur Francis Dreyfus, patron du label Les Disques Motors, qui accouchera d'un classique à la beauté renversante. Dans l'ouvrage "50 ans de chansons françaises" (2019), l'écrivain Daniel Ichbiah raconte que Christophe était déjà un passionné de machines. A l'époque, il attend désespérément depuis six mois l'arrivée d'un nouveau synthétiseur, un Eminent 310, et lorsqu'il pose enfin ses doigts sur l'orgue flambant neuf, la mélodie des "Mots bleus" lui vient instinctivement. Après de multiples tentatives, Jean-Michel Jarre conçoit par dessus l'histoire tourmentée d'un « amour sans paroles », qui met en scène un homme paralysé par la peur d'exprimer ses sentiments amoureux pour une jeune femme qu'il croise chaque jour sans oser l'aborder. « Parler me semble ridicule, je m'élance et puis je recule ».

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Pendant les sessions d'enregistrement des "Mots bleus", Christophe fait appel à des choristes pour insuffler une touche solennelle à sa déclaration musicale, traversée par des riffs de guitare électrique dans sa dernière partie. Mais la chanson se révèle particulièrement difficile à interpréter : l'un des chanteurs manquera de s'évanouir en plein prise tellement le souffle viendra à lui manquer ! Selon la légende, Jean-Michel Jarre aurait reçu après la sortie de l'album et du morceau qui s'ancreront, l'un et l'autre, dans la mémoire collective, un courrier écrit de la main de Serge Gainsbourg en personne. Il contenait un message bref et concis : "Bienvenue au Club". Une façon de l'introniser dans la cour des grands ! Ce n'est que deux ans plus tard que Jean-Michel Jarre présentera sa première oeuvre, le désormais culte "Oxygène" (1976). Christophe, lui, enchaînera avec "Samouraï" (1976) et "La dolce vita" (1977).

Souvenez-vous de Christophe qui chantait "Les mots bleus" :

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