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dimanche 04 février 2024 12:21

Bon Entendeur en interview : "On voulait vraiment repenser le projet et le faire évoluer"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Bon Entendeur vient de sortir le clip de "Fio Maravilha", en préambule de son troisième album. Au micro de Purecharts, le duo électro se confie sur cette vidéo tournée avec Audrey Fleurot, l'album à venir et le constant succès du tube "Le temps est bon". Interview dans les coulisses du tournage de leur clip !
Crédits photo : Manu Fauque
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Comment abordez-vous ce troisième album ?
Arnaud Bonet : D'une manière assez différente du précédent, où on était un peu dans le rouleau compresseur de la tournée. Là on a décidé de prendre le temps et de faire les choses différemment. Déjà, on a arrêté de tourner en France depuis un an et demi pour avoir à ne pas penser des titres dans le train ou l'avion, entre deux dates, un peu épuisés. On avait besoin de se poser pour trouver de l'inspiration. Ça a été assez bénéfique ! On a pris le temps de faire les choses différemment, on s'est enfermés en résidence à Vichy, à la campagne dans une maison-studio. On a fait ces résidences sur une semaine pendant cinq ou six fois pour réfléchir l'album au global. Et on est assez contents d'avoir eu le luxe de prendre ce temps-là, de s'arrêter complètement pour revenir avec quelque chose qui nous corresponde vraiment et sans concession.

On a pris le temps pour faire les choses différemment
Les derniers singles se nomment "Rome", "Méditerranée", "Disco en Egypte"... C'est un véritable tour du monde au programme !
Pierre Della Monica : On a beaucoup hésité sur cet album. Quand Arnaud disait qu'on a eu le temps de faire une pause, on a aussi eu le temps de réfléchir, de murir, de passer par plein d'étapes différentes... Des bonnes idées se sont finalement avérées être des mauvaises... On a vraiment évolué sur la réflexion de cet album. C'est vrai qu'il y a un voyage, mais pas forcément autour du monde, plus autour de la Méditerranée. Pendant longtemps, le mot méditerranée est revenu sur toutes les lèvres car c'est un bouillon de culture. On voulait en faire le tour avec différentes inspirations, italiennes, grecques, maghrébines... On voulait un peu s'éloigner des deux premiers albums, surtout du premier, très francophone avec des petites ballades françaises. C'est quelque chose de plus dynamique, de plus facile à partager lors de gros festivals où on joue relativement tard. On a vraiment voulu repenser le projet.
Arnaud Bonet : Aussi, il y a le fait que Pierre et moi venons du Sud de la France. Pierre est d'origine Corse, moi d'Aix-en-Provence. Ce sont des ambiances qui nous parlent et qui nous rappellent là où on a grandi. On avait envie de mettre à l'honneur ces ambiances-là.

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Cette thématique de la Méditerranée s'est-elle imposée assez rapidement ?
Arnaud Bonet : Ça fait tellement longtemps qu'on réfléchit à cet album que je n'ai plus la temporalité...
Pierre Della Monica : Je me rappelle que quand on était encore dans les anciens studios, on avait déjà une idée assez claire, après ça s'est affiné. On s'est autorisé des choses qu'on n'aurait pas imaginé. Dans cet album, il y a pas mal d'artistes qu'on a invité, en italien, en espagnol, en français... C'est aussi ça un album !

On s'est autorisé des choses qu'on n'aurait pas imaginé
Comme sur les précédents, il y aura beaucoup de reprises ou plutôt des chansons originales ?
Pierre Della Monica : Il y a de tout ! Il y a beaucoup plus de productions originales que sur les anciens albums...
Arnaud Bonet : Comme "Rome" et "Disco en Egypte" !
Pierre Della Monica : On était prêt à passer le pas. Au début, on venait de la mixtape donc on était plus à l'aise sur les remixes. Là, on voulait vraiment repenser le projet et le faire évoluer. On voulait aller jusqu'au bout de ces productions originales, dans lesquelles on s'est régalé, avec des sonorités qui sont très méditerranéennes des années 70 et 80. Mais il y a toujours la patte Bon Entendeur !

Comment est née cette chanson "Fio Maravilha" ?
Pierre Della Monica : Les chiens ne font pas des chats, elle est née en 1963 (sourire). C'est un Brésilien, Jorge Ben qui a fait une chanson "Filho Maravilha" sur un footballeur qu'il adorait. Cette chanson a été rechantée par Nicoletta. On a fait une cover et on a remixé le son de Nicoletta.

Audrey Fleurot a dit oui tout de suite !
Audrey Fleurot est la star de ce nouveau clip : pourquoi l'avez-vous choisie ?
Arnaud Bonet : Le clip vient de notre rencontre avec Audrey Fleurot, avec qui on avait déjà fait une mixtape il y a un peu plus de trois ans. On voulait quelque chose de très dynamique, à l'image du morceau, avec potentiellement de la danse. On savait qu'Audrey Fleurot savait danser et on l'adore, donc on lui a proposé assez simplement. Elle a tout de suite dit oui et on a bossé avec Edie Blanchard, qui avait déjà fait des clips pour nous comme "Allô réseau" ou "Le temps de l'amour". Il y a eu un alignement des planètes avec l'hôtel, puisque Pierre connaissait les gens qui ont crée cet hôtel et ils ont été ok pour le mettre à disposition. Ça pouvait créer des synergies intéressantes, cet hôtel est super bien décoré, un peu dans l'esthétique rétro qui nous parle. Pour la chorégraphie, on nous a proposé les soeurs Bouquet, qui ont collaboré avec Angèle.
Pierre Della Monica : C'est impressionnant car elles ont imaginé une chorégraphie pour Audrey en quelques jours. Les délais sont hallucinants : on a eu un ok de principe d'Audrey fin décembre, là on est à peine mi-janvier, donc c'est incroyable ! Elles ont collaboré à une vitesse folle, pour une chorégraphie très contemporaine. Et Audrey se régale ! Donc c'est vraiment un alignement des planètes : entre l'hôtel, Audrey qui dit oui, Edie Blanchard...



Dans vos chansons, il y a toujours quelque chose de nostalgique. Ça transparaîtra aussi dans ce nouvel album ?
Arnaud Bonet : Nostalgique ou un peu mélancolique... On s'est rendus compte que 90% de nos morceaux étaient en mineurs, ce qui crée une certaine ambiance. C'est le cas aussi sur cet album. Mais ce n'est pas une volonté de notre part de dire que c'était mieux avant. C'est une esthétique qui nous est propre et qu'on aime bien, pas triste ni solaire. L'album est à cette image-là : il y a des morceaux plus ou moins dansants, mais toujours dans une esthétique...
Pierre Della Monica : ...qui correspond aux deux albums précédents, en fait ! Même si c'est beaucoup plus dansant et rythmé.
Arnaud Bonet : Notre musique est peut-être un peu plus estivale, un peu plus chaleureuse, que ce soit dans les instruments ou les paroles. D'ailleurs, on voit que "Le temps est bon" cartonne durant l'été et stagne durant l'hiver, c'est peut-être aussi la musique qu'on écoute à cette période... Après chacun se l'approprie, il n'y a pas de règles et peut-être que certains préfèrent écouter ça l'hiver.

"Le temps est bon", c'est un morceau qui ne nous appartient plus
Tu me fais une belle transition puisque "Le temps est bon" vient de dépasser les 100 millions d'écoutes sur Spotify : comment vivez-vous le succès de ce titre ?
Arnaud Bonet : Ça nous a permis de faire des tournées aux quatre coins du monde, donc merci pour ça (sourire). Il y a toujours ce truc que c'est un morceau qui te dépasse et qui ne t'appartient plus. On se rend compte qu'il y a toujours une attente en concert pour qu'on le joue, même si depuis on a créé d'autres choses et qu'on aimerait les mettre en avant. Mais on est super contents du succès du "Temps est bon" et on est très contents de voir la réaction des gens quand on joue le morceau.
Pierre Della Monica : Je me sens un peu redevable vis-à-vis de tous les gens qui nous permettent de vivre tout ce qu'on vit depuis 10 ans. Tous ces voyages, toutes ces rencontres, c'est grâce aux gens qui écoutent nos morceaux derrière un ordinateur. Donc tu as toujours envie de leur rendre la pareille, de leur dire que c'est grâce à eux. En tous cas, c'est exceptionnel 100 millions d'écoutes. On a du mal à imaginer ce que ça représente, tu deviens fou, c'est incroyable !

C'est devenu un classique d'Instagram comme le "Sunset Lover" de Petit Biscuit ?
Pierre Della Monica : Ouais, c'est ça ! Je ne sais combien de temps ça va durer. Et puis c'est tellement difficile de prévoir, tu sais pas trop...

L'énergie des clubs est retombée après un an de folie
"Minuit" est un album fait en réaction en confinement et à l'arrêt du monde de la nuit. Depuis, les choses ont-elles reprises au même niveau qu'avant Covid ou pas du tout ?
Arnaud Bonet : Ce qui a changé, c'est qu'on a vieilli et qu'on ne va plus en boîte de nuit (rires). Au-delà de la blague, j'avoue qu'on a fait tellement de concerts, de clubs, des festivals, que quand on a du temps libre, on ne le passe pas là-bas. On est un mauvais thermomètre pour te donner un état des lieux...
Pierre Della Monica : Mais je pense que l'énergie est retombée. T'as eu un an de folie, le premier été après le Covid, où on faisait des scènes où tu voyais que les gens avaient une telle énergie, on avait l'impression qu'ils vivaient leur dernière heure et voulaient profiter de chaque concert. Tu te rappelles ? C'était incroyable ! Et ça redescend... Mais comme tout : l'excitation après les interdits qui étaient liés au Covid. Maintenant, on est revenus à nos vies et je ressens pas l'excitation. Mais c'est normal : tu peux pas être excité à vie d'un manque de soirées pendant quelques mois.



Vous faites partie d'une nouvelle vague d'artistes électro qui s'exportent beaucoup, comme Polo & Pan ou L'Impératrice. Comment voyez-vous ça ?
Arnaud Bonet : A titre perso, je suis hyper content de voir que des artistes arrivent à s'exporter à l'étranger en chantant en français. Car c'est ça le dénominateur commun entre nous tous, ce côté francophone. Les musiques sont assez différentes. On est contents de pouvoir en bénéficier et pourvu que ça dure !

Personne ne nous empêche de faire quoi que ce soit
Vous avez parfois peur d'être enfermés dans un style, qu'on vous résume à vos chansons solaires ?
Arnaud Bonet : Quand on en aura marre, on fera autre chose. On fera un album techno qu'on sera les seuls à écouter, les gens ne comprendront pas (rires).
Pierre Della Monica : Personne ne nous empêche de faire quoi que ce soit.
Arnaud Bonet : Surtout, on ne se sent pas enfermés ! Si on veut faire autre chose, on fait autre chose !
Pierre Della Monica : On joue ce qu'on veut jouer, on produit la musique qu'on veut produire, on fait des mixtapes qui sont un peu entre les deux... Clairement, on est libres !
Arnaud Bonet : Par contre c'est certain qu'on sent que parfois quand on produit des choses... Là sur l'album on va sortir 12 titres, mais on en a fait 40-45. Il y a plusieurs qu'on a mis de côté en se disant que c'était peut-être un peu à côté de la plaque, en dehors du spectre et de là où les gens nous attendent.
Pierre Della Monica : En terme de cohérence globale de l'album aussi : tu fais une production qui te semble géniale, et quand tu mets en perspective avec les 11 autres morceaux, tu te rends compte que ça sonne un peu bizarre et que tu écrèmes. On se restreint un peu mais c'est normal. Tous les artistes sont comme ça... L'idée, c'est d'arriver une espèce de cohérence. Si tu fais un album avec une voix différente à chaque fois, les gens vont être perdus.

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