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samedi 09 octobre 2010 18:00

Babx en concert à La Maroquinerie

Par Thierry CADET | Rédacteur
Babx, injustement méconnu du grand public, se produira le 18 octobre prochain, sur la scène de La Maroquinerie de Paris, pour la dernière date de sa tournée. A cette occasion, il y conviera par ailleurs quelques invités (Camélia Jordana ?), afin d'y porter son dernier album "Cristal Ballroom", actuellement disponible.
Ce fils exilé des enfants du paradis des mots aurait pu faire jongler des balles, cracher du feu ou mimer ses contemporains qui courent plus vite que leurs ombres. Mais, enfant de la balle eut été peut-être trop confortable. Alors Babx a choisi son camp : celui de la chanson qui viole les sentiments convenus. Direct et sensuel comme se doit d’être la chanson. Chevelure en broussaille, noire et de jais, qui scintille sur une veste fluo bien d’aujourd’hui. Visage rond, regard franc, ce jeune homme de vingt-sept ans est un gourmand de la vie, de la femme, des mots. C’est ce qu’il dégage et c’est bien mieux parce qu’enfin voilà quelqu’un qui ressemble à ce qu’il chante.

Visionnez le clip de Babx, "Bons baisers d'Islamabad" :
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Le grand public le découvre notamment cette année par le biais du premier album de Camélia Jordana, sur lequel il a copieusement collaboré, notamment sur "Tombée de haut", "Diva" ou "Lettera" (déjà enregistré par le chanteur sur son premier album - écoutez un extrait ici). Une belle association, ayant donné naissance à une belle amitié (visionnez leur live commun en fin d'article).

Nous, on avait laissé Babx loin devant, échappé solitaire, kamikaze magnifique, à la sortie de son premier album. En avril 2009, c'est "Cristal Ballroom" (Top 179), avec à son bord un Babx funambule et téméraire, voyageur, hanté comme jamais, qui débarque. Dès l’ouverture, la chanson titre, on s’élève très au-dessus du commun de la chanson d’ici. On sait qu’on ira haut. Très haut. Et rien de ce qui suit ne démentira cette impression première. Aucune entorse à la cohérence de l’album, aucune baisse de régime, aucune soumission aux diktats des formats radiophoniques, à la culture du single, du commerce : ampleur des atmosphères, sophistication des textes, richesse des textures, l’album se déploie et l’exigence est partout, l’ambition impressionne.

Babx chante, parle, scande et sa voix s’étale, lape, lèche, s’enroule, se froisse, se casse, il crie même, et le frisson gagne. Un signe ça. Depuis combien de temps un chanteur qui crie ne nous avait pas ému, transpercé ? Depuis combien de temps cela n’avait pas provoqué autre chose en nous que l’envie de rire ? Depuis le précédent Babx, en fait.

Véritable plongée au cœur du cerveau humain, schizophrène et paranoïaque, cramé à coups d’électrochocs, traversé de visions sous acides, grande danse païenne et dépravée, tellurique et lascive, défiant la mort et les cendres, l’album déroule ses paysages calcinés, nous entraîne aux lisières de l’apocalypse, dans des contrées borderline, au bord, tout au bord. Du désastre, du vide, de la folie. Etats limites, visions cauchemardées, transes orageuses, les mots de Babx explosent comme des grenades dégoupillées, il les tord, les frotte les uns aux autres et dompte une manière en fusion, brûlante, corrosive, combustible, incendiaire. Sa musique est définitivement organique, parfois tendue, parfois languide, toujours sensuelle, abandonnée mais tenue, des fanfares déglinguées y arpentent des cabarets en ruine, les musiciens semblent échappés d’un orchestre ivre et rescapés des salons du Titanic. Monk rode en embuscade, cubiste obsessionnel et anguleux, Billie Holiday finit les verres de Brigitte Fontaine, on traverse la nuit avec Bashung : c’est partout le règne de l’élégance titubante et satinée, de l’ébriété classieuse, partout on danse, à deux doigts du désastre on danse, puisque tout est foutu on danse, sur le dos du dragon on danse, plus que ça à faire, en attendant que tout s’écroule pour de bon.

Puisque le monde tangue, mieux vaut tanguer avec lui, au Japon sur la banquise, à Islamabad ou Little Odessa, au bras de Lady L, tenant sa folie en laisse, très beaux, très dignes, complètement saouls, baudelairiens.

Merci à Olivier Adam.
Pour en savoir plus, visitez son MySpace officiel.
Pour écouter et/ou télécharger le dernier album de Babx, "Cristal Ballroom", cliquez sur ce lien.
Pour réserver vos places de concert, cliquez sur ce lien.
Visionnez le live de Camélia-Jordana et Babx, "Diva" (le-hiboo.com) :

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