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mercredi 07 septembre 2016 13:19

Frank (2be3) se confie en interview : le succès, l'argent, sa rivalité avec Filip...

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
A l'occasion de la diffusion du documentaire "La folie des boys band" ce soir dès 20h55 sur C8, Frank Delay, ancien membre des 2be3, a accepté de répondre aux questions de Pure Charts. L'artiste dit tout sur la folie des années boys band, l'argent, les tensions au sein du groupe, sa rivalité avec Filip et même une reformation des 2be3, sans oublier ses projets. Interview !
Crédits photo : Julien Carbuccia
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Pourquoi avoir accepté de participer au documentaire "La folie des boys band" sur C8 ?
C'est vrai que j'aurais pu ne pas le faire, mais comme j'ai reformé un groupe qui s'appelle Génération Boys Band, ça me permet d'en parler aussi.

De manière générale, tu gardes de toute façon un bon souvenir de cette époque avec les 2be3...
Oui ! Moi, en ce qui me concerne, ça a été un condensé, c'était la folie, mais ça a été un phénomène qui a changé ma vie. Et puis nous, on nous a pas pris, on n'a pas fait de casting, ça a été la récompense de nos années de breakdance. On était déjà dans le divertissement en banlieue avec les garçons avant les 2be3.

On était partout, ça a saoulé les gens
Vous avez essuyé pas mal de critiques à l'époque ?
Un petit peu quand même... Après, je pense que c'est normal, on était partout ! Tu nous entendais partout, tu nous voyais partout. Ça a pu déplaire à un moment donné. C'en était saoulant pour les gens. Mais on avait la chance d'être un groupe de copains, donc on se défendait avec ça. Evidemment, il y avait du marketing, mais on a gardé nos vrais prénoms, on était des vrais amis.

Quel est le meilleur souvenir que tu gardes de l'époque 2be3 ?
(Il réfléchit) La première fois que j'écoute "Partir un jour" à la radio, ça me fait bizarre quand même ! C'était sur NRJ. Je me suis jamais projeté en tant qu'artiste quand j'étais jeune, en me disant "Un jour, je vais passer à la radio". C'était pas vraiment mon truc. On n'était pas vraiment chanteurs, nous on faisait de la danse. Ça a été une révélation ! Mais je me souviens, Filip avait un des tout premiers portables à l'époque en 1996 et on martelait NRJ pour qu'ils jouent notre chanson ! (Rires)

Est-ce que quand même dans ta tête tu te disais que ça allait fonctionner ce groupe ? Tu t'étais préparé au succès ?
Oui, parce qu'on en a envie. Mais on ne pense pas aux proportions qu'il va y avoir. Parce que malgré tout, le groupe il existait avant car on était un groupe de cinq danseurs. On est resté à trois, on s'est appelé comme ça. Mais on tournait déjà un peu, on faisait des scènes dans notre banlieue, à Longjumeau. On avait une petite notoriété qui nous plaisait. Après, on est passé au phénomène. Ça a été multiplié par un million !

Regardez la bande-annonce de "La folie des boys band" :
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J'ai vu le documentaire, il y a des images impressionnantes de mouvements de foules. Vous aviez peur parfois quand il y avait des émeutes, des fans hystériques ?
Non, pas vraiment. Filip il en abusait tout le temps, ça nous faisait rire. On était dans la même énergie, on avait les mêmes délires. Et même s'il y avait des débordements... Une fois dans une discothèque, il y a eu une coupure de courant en plein show, on était au milieu des gens car il n'y avait pas de scène. Les gens se sont rués sur nous, ça a été la panique. Les gardes du corps sont venus nous chercher. Il n'y a pas eu de blessés, mais ça ne m'a jamais fait peur.

Des rumeurs disaient qu'on était gay
C'était de l'inconscience ?
Peut-être à des moments oui... On ne réalise pas sur le coup. C'est après qu'on se dit "Wow, c'est quand même chaud, ce qu'il s'est passé". Nous, on rigolait !

On voit dans le documentaire qu’il fallait que vous soyez des gendres idéaux, vous étiez toujours souriants, on vous compare même à des poupées Ken....
Oui mais encore une fois on avait un côté naturel. On était des potes. On voulait dégager des choses positives. On ne fumait pas, on ne buvait pas d'alcool. On ne se forçait pas, on était nature. Mais à un moment, on a eu conscience que des jeunes nous regardaient et nous écoutaient. Donc après, on est responsable et on se prend un peu plus au sérieux, on veut véhiculer une image plutôt saine et positive.

Il y a eu beaucoup de rumeurs à l'époque autour de vous. Notamment celle que vous ne chantiez pas. Tu confirmes que c'est de l'intox ?
En même temps, c'était pas trop dur ce qu'on chantait ! (Sourire) Quand on a chanté "Partir un jour" pour la première fois, on a mis du temps. On a rencontré la maison de disques en mai, c'était après l'émission "Futur top model" sur TF1, on a mis quatre mois à faire la chanson ! Il y a eu beaucoup de travail. On est des sportifs de haut niveau donc on était des compétiteurs !

Ces rumeurs ça vous faisait quoi ?
Sur le moment, on était un peu déçus. Et puis après... On se rend compte aussi que la critique on va en avoir et qu'on n'a pas le choix. Tu la prends comme elle vient, sinon tu vas mal vivre ta carrière ! Nous, on ne comprenais pas trop ce qu'il se passait. On faisait juste ce qu'on aimait. On a dit qu'on dansait comme des robots, qu'on était gay, pourquoi ils montrent leurs abdos ?

On a bien gagné notre vie
Vous aviez pas de recul sur tout ça ?
On était jeunes dans le métier. On ne rendait pas vraiment compte... On était comme on était, on ne trichait pas. Il n'y avait pas d'attaché de presse pour nous dicter quoi dire.

Souvenez-vous du tube "Partir un jour" des 2be3 :



Dans le documentaire, Brian du groupe Alliage dit qu'ils ont gagné environ 2-3 millions de francs à l'époque. C'était aussi important que ça pour vous aussi ?
Oui oui... On a bien gagné notre vie. Et puis eux ils étaient cinq, nous on était trois donc il y avait moins à diviser. (Rires) On a surtout gagné beaucoup d'argent sur le merchandising. On avait des licences partout. Et les tournées aussi. On a fait 100 Zénith...

A l'époque, tu as flambé ou tu te disais qu'il fallait économiser si ça s'arrête ?
Non, moi j'étais plutôt à garder mon argent. Je n'étais pas Filip ! Il brûlait beaucoup sa vie donc son argent. Moi, je vivais normalement. Évidemment, je me faisais plaisir parce que je pouvais me le permettre. J'ai pas flambé, j'ai pas acheté de voiture !

A un moment, il y a eu des tensions
Et tu pensais à la fin du groupe ?
Non... Tu ne te dis pas que ça va s'arrêter. Tu te dis qu'il va peut-être y avoir des périodes difficiles, mais tu ne te dis pas que tu vas tout plier comme ça. Et puis, nous l'avantage, c'est qu'en 1999, quand ça s'est arrêté, on est parti aux États-Unis. On ne l'a pas vraiment vécu de plein fouet, on n'a pas été pointé du doigt. Ça nous a protégés quelque part. On avait besoin de nous ressouder, de nous ressourcer. Parce que vivre avec tes amis d'enfance pendant deux ans, tu te tapes toute la promo, les concerts, les répétitions de danse, les interviews... Et on avait un appartement ensemble. A un moment, il y avait des tensions.

Le succès, ça a abîmé votre amitié ?
Bien sûr. Parce qu'après il y a l'argent qui s'en mêle. Et l'égo, sur plein de choses. Avec la pression, la fatigue... Tu es plus susceptible. On avait besoin de s'arrêter, de partir, de se retrouver incognito à Miami. Ça nous a fait du bien.

Quand tout s'est arrêté, comment tu l'as vécu ?
J'étais déçu. Car on avait décidé de revenir avec un album en anglais, qui n'a pas marché. On a eu des propositions pour faire des tournées dans des salles plus petites, de 1.000 places, mais Filip ça ne lui a pas plu. On n'était pas un boys band sur casting, on ne pouvait pas faire un autre casting. S'il n'y a pas Filip, on ne pouvait rien faire. Filip est parti sur "Navarro" et il a eu 6-7 ans là-bas. C'était un très bon comédien. Nous, on a un peu plus galéré...

Tu lui en as voulu ?
Au début, oui. Après, non, car je comprends ses choix, il avait envie d'être comédien. Il avait envie d'autres choses. On se rendait compte qu'on n'aurait plus le succès qu'on avait eu. Lui, il voulait continuer à être en haut de l'affiche. Il a eu une proposition, il a hésité, et après il a foncé.

Mais quand Filip prend cette voie-là et que 2be3 s'arrête. Vous, avec Adel, vous faites quoi ?
Adel l'a très mal vécu... Ça a été difficile. Moi, avec mon tempérament un peu plus terre à terre... La vie ne s'arrête pas. On part avec un gros capital financier, j'ai appris à parler anglais, j'ai fait le tour du monde. Je pars avec plein d'avantages aussi ! C'est à toi de te construire. J'ai eu mes deux enfants, deux garçons, ça m'a permis de me canaliser. A un moment donné, je me suis demandé ce que je voulais faire avec ce que j'avais, et je me suis tourné vers la comédie. J'ai pris des cours, j'ai aimé ça, on m'a dit que j'étais doué. Alors j'ai continué... J'ai rencontré des gens, et maintenant je re-chante avec l'aventure Génération Boys Band.



On a failli reformer les 2be3
Pourquoi tu ne t'es jamais lancé dans la musique en solo ?
Tu vois, encore aujourd'hui, je vais chercher d'autres personnes pour faire un groupe. Je ne sais pas... Je n'ai peut-être pas rencontré les bonnes personnes. Je me suis fait tout seul. Je trouve ça plus dur. Quand tu es avec d'autres, c'est plus facile, il y a une énergie qui passe... Après, il faut avoir un bon concept ! Si tu quittes un groupe, que tu t'appelle M Pokora, que tu as la chance d'avoir une bonne équipe qui te fait des bons sons, c'est cool. Mais nous, c'était pas le cas. Je n'en avais pas trop envie je crois...

Donc aujourd'hui, avec Chris des G Squad et Allan Théo, vous avez monté le trio Génération Boys Band. L'idée c'est quoi ? Juste de s'amuser ?
Avant tout, de fêter les 20 ans des boys band avec ceux qui veulent bien les fêter avec nous. La tournée débuterait en mars-avril 2017 en Belgique. C'est comme un laboratoire. Il y aurait des musiciens et des danseurs.

Et en France ?
On va commencer par la Belgique. On verra s'il y a une demande en France, on y répondra. J'espère qu'on fera un Casino de Paris ou une Cigale... On verra ! L'idée c'est de faire des petites salles, de kiffer.

On vous a déjà demandé avec Adel de vous reformer à deux pour une tournée ou des shows ?
Non, mais avant, vers 2006-2007, on a failli reformer les 2be3. On a eu une demande d'une maison de disques. On s'est vu, on en a parlé. Mais au final on a dit non parce que l'aspect financier n'était pas intéressant.

Est-ce que tu as des nouvelles d'Adel ?
Oui, toujours. On a des garçons qui ont à peu près le même âge. On se voit régulièrement. Quand on a une actu, on s'appelle, on se voit, on mange ensemble.

Quel est le souvenir que tu gardes de Filip ?
Un garçon talentueux, charismatique, explosif... Extrême.

La compétition entre Filip et moi est devenue malsaine
Le documentaire aborde dès le début les problèmes de Filip lors de l'après 2be3. Tu étais au courant de sa descente aux enfers, de sa détresse à l'époque ?
Non... Il me le cachait. On s'est plus trop fréquenté lui et moi après 2005-2006. Ses problèmes ont commencé à être de plus en plus importants à ce moment-là. On se voyait moins. On se parlait au téléphone, mais quand on se parlait il était lucide. Tu sais, Filip il était blanc ou noir. Je caricature mais un jour il faisait le semi-marathon et quatre jours après, il sombrait, il partait en vrille, et ça n'allait pas. Quand il allait pas bien, je ne le savais pas. On ne me tenait pas vraiment au courant. Je n'étais pas proche de lui vers la fin. C'est la vie qui est comme ça... Il avait peut-être pas envie de me voir. On était comédiens tous les deux, on était un peu en compétition. La question c'était "Qui va être le plus grand comédien parmi les deux 2be3 ?". Même si lui était sur "Navarro" et moi sur mon petit théâtre, tranquille.

Vous étiez en compétition...
Toujours. Mais à la rigueur c'était motivant quand on était petits. C'était bien, mais vers la fin ça devenait un peu malsain. Mais je pense tout le temps à lui. J'ai écrit un message sur ma page Facebook le jour de son anniversaire. Je parle de lui tout le temps. Il ne pouvais pas passer inaperçu. C'est quelqu'un que je prends souvent en exemple quand je fais quelque chose. C'est plutôt marrant parce qu'on était vraiment aux antipodes tous les deux. Je me sers de tout ça, de sa personnalité... "Tiens, comment réagirait Filip sur le moment ?".

Tu le disais, tu es désormais comédien au théâtre. Tu as des projets à venir ?
Oui, je viens de signer une pièce pour l'année prochaine. C'est loin. C'est une pièce de tournée, qui partira vers septembre-octobre 2017. Ça s'appelle "Si j'avais un marteau", et je jouerai avec Sophie Darel, Emmanuelle Boidron, Magali Madison (Annette de "Premiers Baisers", ndlr), Julien Salvia et Hugo Rezeda, qui est l'auteur de la pièce.

Si j'ai des abdos, je les montre
Je t'ai déjà vu sur scène au théâtre. Tu es souvent torse nu, comme à l'époque des 2be3 finalement... Ce n'est pas frustrant d'être parfois réduit à ça ?
Oui mais c'est du commerce... Les gens quand ils veulent Frank des 2be3 pour le moment, c'est avec sa plastique. Ils trouvent ça dommage de ne pas le mettre torse nu. Si j'ai des abdos, je les montre. Quand je n'en aurai plus, je ne le montrerai plus ! On passera à autre chose. Moi, ça ne me dérange pas. Je travaille ça dans le but de... J'en joue aussi. C'est mon fond de commerce. Dans la pièce, on me verra me lever le matin, je serai certainement en pyjama donc voilà... C'est comme ça !

Où est-ce que tu te vois dans dix ans ?
Je n'en sais rien. Actuellement, je suis dans le spectacle. Il y a 20 ans, je ne savais pas ce que j'allais faire. Même si on était en plein succès... Donc dans dix ans, je ne sais pas. Je pense que je vais galérer. (Rires) Non mais ça se passe plutôt bien, mais rien n'est facile. Je vais chercher les gens, je vais me chercher à manger comme on dit. Dans ce métier, si tu proposes rien, t'es rien, tu n'existes pas. Je me donne les moyens de faire des choses. Dans dix ans, je sais pas, il faudra que j'ai des idées pour pouvoir bouffer.

Si tout était à refaire ?
Je referais tout pareil. J'ai vécu un conte de fées. Après, il y a des choses, avec le recul, que j'aurais pu améliorer, peut-être pas refuser mais négocier différemment les choses. On ne se serait peut-être pas entourés des mêmes gens. L'entourage c'est important. Mais nous, on ne connaissait rien. Les regrets viennent de là, mais le phénomène et le succès, ça vaut le coup de le connaitre.

Crédits photo : Julien Carbuccia
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