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Charlie Winston en interview

Avec ses tubes "Like A Hobo" et "In Your Hands", Charlie Winston classe aujourd'hui son album "Hobo" au Top des ventes en France. Découvert par Peter Gabriel, qu'il croise lors d'une session fraternelle au studio Real World, nous l'avons rencontré.

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Bonjour Charlie ! Comment analyses-tu le succès de ton premier tube "Like A Hobo" ? (Thierry Baumann, journaliste)
Charlie Winston : Je crois que ces choses dépendent vraiment d'un concours de circonstances. Je suis sûr qu'il y a plein d'autres gens qui font de la musique comme moi, similaire, d'un bon style, mais je suis tombé au bon moment on va dire ! La seule autre explication est que ce que je raconte dans mes chansons et à travers ma musique parle beaucoup, je l'espère, de ce qui se passe autour de nous, autour de moi. J'essaye de garder les yeux ouverts, et pas de me focaliser sur une seule chose. Je prends du recul sur les choses et je les observe, puis j'en parle, et je pense que ça fonctionne auprès des gens.

Ne pensez-vous pas que c'est aussi à cause des moments difficiles que nous traversons en ce moment ?
Oui, surement. J'ai eu de la chance parce que j'écris un album qui s'appelle "Hobo" alors qu'on est en pleine crise, donc ça remet les choses en question. Mais la crise était déjà là, ça n'a pas été soudain, et c'est comme ça que fonctionne la société, ça monte, ça descend sans arrêt. Et ces 10, même ces 20 dernières années ça ne faisait que monter, monter donc il fallait bien que ça redescende. Et il y a 7 ans j'ai écrit une chanson qui s'appelle "Gone Gone", c'était un peu mon message au gouvernement américain de l'époque, à l'administration Bush. Et ce n'était pas évident dans ma façon d'écrire la chanson, mais en gros je dénonçais le fait que tout commençait à s'effondrer de l'intérieur. Maintenant on en a un peu fait le tour, mais beaucoup de gens ont perdu la foi aux US à cause de la façon dont étaient faites certaines choses. C'est vraiment dommage, car je suis souvent allé en Amérique, et j'y ai rencontré des gens merveilleux qui, je crois, étaient mal représentés. Donc, je crois qu'il s'agit vraiment de garder les yeux ouverts.

Comment expliquer ce qu'est un hobo, car c'est un état d'esprit ?
Oui, exactement, pour moi, la chanson "Like a Hobo", c'était prendre le côté romantique d'un hobo. Que ce soit un voyageur, quelqu'un qui cherche du travail, ou quelqu'un qui est libre, la notion d'un « hobo » pour moi, c'est quelqu'un qui prend sa vie en main. Et c'est ce dont parle ma chanson, prendre ma vie en main en restant fidèle aux choses auxquelles je crois, et qui sont vraies.

Vous avez 30 ans, Charlie, et vous avez déjà vécu beaucoup de vies avant la musique : du théâtre, des pubs, des bandes originales de films...
Oui, pas tellement des BO de films, surtout de courts métrages. J'ai fait pas mal de danse, surtout au théâtre, et la plupart du théâtre que j'ai fait n'était pas dans un théâtre mais surtout dans des hôpitaux, des parcs, le long de rivières et d'autres endroits insolite ! J'ai fait un peu l'acteur aussi, mais pas trop dans des films. D'ailleurs j'ai déménagé à Londres pour devenir acteur, mais j'étais trop jeune pour prendre des cours, je n'avais que 16 ans. Je n'ai pu que prendre des cours de musique à 16 ans donc c'est ce que j'ai fait. Mais j'ai toujours été intéressé et ai voulu connaitre des acteurs et le théâtre, et tout cet univers. C'est comme cela que j'ai été amené à écrire de la musique pour le théâtre. Mais les vies que j'ai vécues ont toujours tourné autour de la musique ou du divertissement, c'est juste que je ne n'écrivais pas des chansons avec une guitare, comme un hobo !

Pour comprendre d'où vous venez, on peut dire que vos parents étaient des hippies ?
Eux n'aiment pas qu'on dise ça, mes parents sont très anticonformistes ! Ils n'étaient pas vraiment des hippies, plutôt des bohémiens dans leur façon de vivre leur vie. Ils n'ont jamais porté de couleurs psychédéliques, ni fumé beaucoup de marijuana, ni fait l'amour avec tout le monde librement ! C'était des chanteurs de folk surtout, c'était des gens assez normaux en fait, mise à part leurs intérêts dans la vie. Ils chantaient dans un cirque, et voyageaient sur les routes avec des cirques, mon père était ring master et s'occupait aussi des intermèdes musicaux. Mais ils étaient aussi tous les deux des chefs, ils ont fait une école hôtelière. Ma mère est une artiste, les deux sont des artistes, donc il y a du bohémien là dedans. Ils adorent l'art, et la musique mais je ne dirais pas que ce sont des hippies. Et donc ça fait que moi, je ne souhaite pas être mis dans une boite, ou étiqueté, car j'ai des intérêts divers. C'est ce qui plait aux gens je pense, lorsqu'ils écoutent ma musique, ils voient que ça n'est pas qu'une chose, et les gens s'identifient à cela. Lorsque vous demandez aux gens aujourd'hui quel genre de musique ils aiment, ils répondent qu'ils aiment un peu de tout, hip hop, jazz, musique classique, pop, mais vous trouverez très rarement quelqu'un qui répondra « Je n'aime que la country et le western » ! Dans notre monde qui se resserre avec les systèmes de communication et d'information, les ordinateurs portables, les iPods, Skype et tout le reste, la musique et l'intérêt qu'ont les gens pour la culture grandit, ou devient plus imprévisible. En fait j'ai oublié quelle était votre question ! (rires)

On parlait de vos parents hippies, et de leur état d'esprit.
Ah oui, et de la manière dont ça m'influençait. En fait je ne voulais pas coller qu'à une seule chose, mais suivre mes intérêts, mon amour et ma passion, et la vivre, la vivre pleinement. J'ai été touché par beaucoup de gens car ils me disent « Merci pour ton album, on en avait vraiment besoin ». Je trouve cela intéressant qu'on me dise cela, donc je leur demandais pourquoi, et on me répondait que depuis des années il y a tellement d'albums qui sortent sans substance ou vrai style. Je ressens un peu la même chose moi même, je n'écoute pas vraiment la radio, je ne regarde pas la télé car ça me désillusionne assez, je préfère m'intéresser à ce qui me plait. Donc il s'agit vraiment de vivre pleinement ce que j'aime.

Redécouvrez le live de Charlie Winston sur le toit de La Cigale :
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Avez-vous appris le piano avant la guitare ?
Oui plus ou moins ! D'abord je faisais du break dance lorsque j'avais 6-7 ans, je faisais du beat box avec ma bouche. Mes parents et mes frères passaient leur temps à chanter durant toute mon enfance, donc le chant d'abord puis le beat box. Puis on m'a offert une batterie à l'âge de 8 ans, j'ai un peu appris cela mais j'ai vite perdu intérêt et mon frère Joe a pris la relève ! Puis j'ai appris à jouer du piano à 10 ans avec ma soeur, je m'y suis mis à fond et aussi à écrire des chansons. J'ai étudié le piano à l'université, très intensément, je voulais être le meilleur pianiste de jazz du monde. Puis j'ai fini mes études et me suis rendu compte que je n‘étais pas très bon en improvisation, ça ne me vient pas naturellement. Et je me suis rendu compte que j'étais un compositeur, à ce moment là je composais pour des danseurs à la Rambert School of Ballet, et je composais aussi pour la symphonie de Londres. Lorsque j'ai fini mes études, je n'avais pas d'argent, je dormais dans le même lit que mon frère qui venait de se séparer de sa petite amie et qui avait le coeur brisé. On ne savait pas trop ce qu'on faisait, il y avait une guitare qui trainait dans l'appartement, donc j'ai commencé à jouer avec et Tom ne savait pas quoi faire. Il n'avait pas de groupe à l'époque donc il m'a dit « Apprends à jouer de la basse et on forme un groupe ensemble ! »

C'est ce que vous avez fait ?
J'ai appris à jouer de la basse à 18 ans, j'en ai joué avec lui pendant 4-5 ans, tout en continuant à jouer du piano et à écrire des chansons. Je travaillais sur des petits projets en même temps, un groupe reggae où je chantais, et d'autres choses. Puis à 21 ans j'en ai eu assez de tout ça, et j'avais envie de quelque chose de complètement nouveau, donc je suis parti en Inde, et c'est là que j'ai commencé à apprendre le "tabbler". Mais depuis que je joue à la batterie, j'ai toujours aussi joué des congas et un peu de percussions. D'ailleurs je faisais les percussions dans le groupe qu'on avait ensemble, mon frère Baxter et moi. Puis, lorsque je suis revenu, j'ai repris ma guitare et j'ai recommencé à écrire des chansons à la guitare, car je voulais retrouver la simplicité des chansons simples. Au piano, c'était compliqué, ça devenait une espèce de symphonie et c'était bordélique, donc je voulais retrouver la simplicité d'une bonne chanson.

Vous aimez être proche de votre public. Pourquoi ?
Pour ce rapport que vous construisez avec les gens lorsque vous êtes sur scène. Vous savez, c’est à cause de mon profil de théâtre et aussi à cause de mes parents. Mon père est un vrai artiste, au sens propre du terme, il arrive à impliquer les gens, à tous les faire chanter avec lui, donc j’ai grandi avec cela. Lorsque je joue, ce qui est important pour moi c’est d’être conscient de mon environnement. Lorsque vous jouez, vous êtes la personne qui reçoit chez elle, c’est comme cela que je vois les choses. Lorsque je monte sur scène, c’est comme lorsque je reçois les gens chez moi, la salle est ma maison, donc j’ai envie de leur demander s’ils veulent une tasse de thé. C’est une métaphore, c’est histoire de mettre les gens à l’aise, comme si vous leur posiez des questions à propos de ce qu’ils font dans la vie, et donc c’est ce que j’essaye de faire avec ma musique. C’est une sorte de conversation, le fait d’être sur scène, ou même lorsque j’enregistre un album, pour moi c’est une conversation. Donc même si je ne suis pas là pour avoir la conversation, si la musique est assez bonne, la conversation peut durer longtemps, et inciter les gens à penser. Il faut juste arriver à ce que ça se produise !

Merci Charlie !
Pour en savoir plus, visitez charliewinston.com, ou son MySpace officiel.
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Pour écouter et/ou télécharger le premier album de Charlie Winston, cliquez sur ce lien.

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