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"L'Apogée", un titre qui définit parfaitement l'ambition du groupe Sexion d'Assaut. Vingt-deux titres dont un instrumental, entraînant l'auditeur dans différents registres, autant d'un point de vue textuel que musical. Si "L'Apogée" signifie être au sommet, la Sexion d'Assaut se dit être au summum de son art : « "L'Apogée" signifie aussi que nous sommes au summum de notre art. Artistiquement, on pense avoir compris tout ce qu'on avait à comprendre. » nous confiait Lefa lors d'une interview accordée à Pure Charts. Et cela se traduit par autant de titres dont le potentiel est celui de single, à n'en pas douter. Autrement dit, chaque morceau réalisé pourrait plaire au plus grand nombre. "Avant qu'elle parte", dont le succès pourrait bien égaler celui rencontré par le single "Désolé" en 2010 ("L'école des points vitaux"), ralliera un public déçu par leur ascension avortée suite aux propos homophobes tenus en 2010 et qui ont contraint le groupe à l'exil.

"Avant qu'elle parte", un texte qui rend hommage à toutes les mères. Des violons qui accompagnent le flow des rappeurs pour raconter les galères de la banlieue. Mais de la banlieue, la Sexion d'Assaut n'en fait pas son apanage dans "L'Apogée". Si le rap tourne en rond ces dernières années en réinventant la vie dans les ghettos, c'est dans le centre de Paname que le groupe veut aller danser ("Paname allons danser") sur un son soul et électro. Idem pour "Wati House" qui n'a de rap que le flow des artistes. Le groupe se met au goût du jour en faisant fondre le rap dans la mouvance pop actuelle. Avec "-75 degrés", les membres nous offrent une intro façon récital en chœur. Les Prêtres n'ont qu'à bien se tenir, même s'il est davantage question d'un appel du cœur pour comprendre la raison. « Citoyens, citoyennes » arrangent-ils avant de rappeler que ce monde les écœure. L'homme est tellement mauvais que Marine Le Pen pourrait être présidente. Mais seulement si les hommes étaient des animaux. Les hommes noirs courent vite car l'Afrique court à sa perte. Ce sont dans ces petites phrases, passées l'air de rien entre deux titres plus légers, que l'on trouve le meilleur de "L'Apogée". Car on ne peut pas dire que La Sexion d'Assaut ait privilégié les mots plutôt que le son. C'est avant tout sur la recherche de sonorités originales que le groupe a insisté.

Hommage à l'Afrique dans "Africain", du zouk, un peu de dance-hall, de la house, du piano et des violons synthétiques, le tout enjolivé par un travail de rythmique qui est le point fort de "L'Apogée". Des titres au tempo énergiques comme "Disque d'Or", "Met pas celle-là" et "Ma direction" font contrepoids avec des ballades telles que "J'reste debout", "Endurance" et "La tâche". Un juste équilibre qui permet à chacun des membres de s'exprimer : « Comme on se connait très bien, on sait à peu près qui va où. Quand il y a un morceau dansant, on sait ceux qui aiment faire ça. Des fois, il y en a qui ont envie d'essayer et donc on se donne une chance. Pour les textes, chacun écrit les siens. On fixe les thèmes ensemble. On part tous de notre côté pour l'écriture. Ensuite on les présente devant le reste du groupe pour en discuter. » déclarait Adams Diallo lors de notre rencontre.

Pour "L'Apogée", la Sexion d'Assaut raconte son histoire et ses ambitions : s'il vise la lune, le groupe commence par réclamer son "Disque d'or". Et pour se faire, les rappeurs entrent au confessionnal en même temps qu'ils sont entrés en studio. Forces et faiblesses sont au programme de ce deuxième album complet, écrit en quelques jours dans une maison en Normandie, qui traite d'amour car on a voulu porter un message universel. « On parle de ce qui nous touche dans notre vie de tous les jours et de ce qui touche notre entourage. On parle de vérités qui sont connues de tous. » nous confiait Lefa.