Star Academy

Hugo Lardenet
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Déjà, comment va ta cheville après ta blessure sur scène ?
J'ai commencé toutes les interviews par ça ! (Rires) Non ça va, je me suis fait une petite entorse donc rien de grave mais sur le moment, c'était hyper handicapant et embêtant. Le soir même on n'a pas pu réécrire le show en direct, c'était trop compliqué. Il fallait un petit temps d'adaptation.

Oui car c'est arrivé au début du show, c'est ça ?
C'est arrivé juste après l'hymne ! Je sors de scène et je me tords la cheville assez violemment mais heureusement, ça m'a fait juste une petite entorse. Perso, j'ai l'habitude d'avoir des entorses, j'ai vu plusieurs ostéos mais j'ai surtout vu le lundi mon ostéo que je connais très bien et qui me connaît très bien. Il m'a remis la cheville en place donc l'entorse n'est plus là mais il y a quand même une petite douleur. Là je suis strapée, et je n'ai pas le droit de porter de talons ce week-end. Mais pas de crainte, je serai sur scène !

Donc le spectacle n'est pas trop impacté ?
Non non, je pourrai assurer toutes les prestations mais sans talons par contre. Mais ça va le faire, c'est rien !

Ça a été un vrai sujet sur les réseaux sociaux !
C'est vrai, les gens se sont inquiétés et j'ai reçu beaucoup de messages. Le soir-même à Clermont-Ferrand, j'étais derrière la scène, assise, avec ma poche de glace et le médecin. Je regardais le show quand même et j'entendais les gens qui criaient mon nom pour m'envoyer de la force. Ça m'a fait trop plaisir. Sur les réseaux aussi, les gens m'ont envoyé plein de soutien.

Tu l'as vécu comment cet accident ?
C'était impossible pour moi de ne pas monter sur scène du week-end. Je viens d'arriver, c'est la première date du week-end et je me foule la cheville au bout de deux prestations, c'est très frustrant ! Donc on a tout fait, vraiment les équipes artistiques ont tout fait, ils ont réécrit un show pour que je puisse monter sur scène le lendemain. Je faisais les choré derrière, assise. Mais pour moi, c'est un détail.

Cet épisode m'a fait me poser une question : comment on vit le fait d'être scruté tout le temps ? Le moindre geste, le moindre mot peut prendre des proportions importantes.
Sur ce sujet c'est marrant parce que moi, j'ai fait du sport en compétition donc ce n'est pas ma première entorse. Et en fait ça a pris toute une ampleur. Même ma mère m'a appelée, hyper inquiète : "Mais ça va, tu vas bien ?". Je lui ai dit : "Mais maman c'est la même entorse que je me fais depuis 15 ans, tout va bien". "Oui mais là tout le monde en parle donc je suis inquiète". (Rires) C'est vrai que c'est fou l'ampleur que ça prend. C'est l'entorse la plus médiatisée de mon histoire !




Et au quotidien, comment on gère toute cette attention ?
C'est vrai qu'un détail peut devenir énorme. Je pense qu'il ne faut pas trop se poser de questions, il faut rester soi-même. Forcément, les gens scrutent. Et aussi, on a une certaine responsabilité de ce qu'on poste sur les réseaux sociaux, surtout auprès du jeune public. Mais il faut rester soi avant toute chose.

Au-delà de ta blessure, comment se passe la tournée, avec un mois de recul ?
C'est fou, c'est une expérience de dingue. On est sur scène tous les week-ends devant des salles pleines à craquer. Et ce sont des grandes salles, des Zénith, c'est juste fou. En plus, il y a beaucoup moins de stress qu'à la première.

Pourtant j'étais là, et vous aviez l'air hyper sereins !
À la première, on n'était pas en mode robot mais on était très concentrés pour bien faire, pour tout se rappeler, les pas, les chorés, les paroles... Et au fur et à mesure, on imprime le show et ça se fait tout naturellement. Il y a encore parfois des erreurs, c'est plein de petits moments aussi où l'un se loupe sur les paroles ou un pas. (Rires) On se rattrape, on en rigole ! On a une vraie complicité avec tout le monde sur scène.

Et le rythme, comment tu le vis ?
Il faut faire attention à son rythme de sommeil, c'est très important même si je ne le fais toujours malheureusement. (Rires) C'est vrai qu'on fait parfois quatre dates en trois jours. Deux shows de deux heures dans la même journée, avec un temps de repos qui n'est pas assez conséquent parce qu'on enchaîne les prestiges... On n'a pas trop le temps de se reposer. Donc il faut vraiment faire attention au sommeil, il faut avoir des réserves. C'est un rythme qui est assez intense, surtout quand on a fait le Bercy le mardi plus les quatre dates à Lille dans la même semaine ! Mais en même temps, ça restera toujours de la bonne fatigue. Moi, je suis trop contente d'être épuisée parce que j'ai fait un show deux heures à Bercy !

Et donc là tu lances ton premier single "Barbie". Comment tu te sens ?
J'ai hâte qu'il sorte et que ce ne soit plus ma chanson, mais une chanson pour tout le monde. On a travaillé avec mes équipes, on bosse sur les visuels, sur plein de choses et là elle sort publiquement. J'ai pas peur, mais j'ai une petite appréhension, je ne me rends pas compte. J'ai hâte. J'ai trop hâte que ça sorte et de pouvoir défendre mon titre et le chanter sur scène aussi, surtout.

Et pourquoi sortir cette chanson en premier ?
Ça s'est fait tout naturellement. Bizarrement c'est la première chanson qu'on a composée avec mon équipe. Et c'est resté le premier single. Pourtant, on en a fait d'autres ! C'était une évidence. Moi je voulais arriver avec ce titre comme première prise de parole.

Il est important pour toi j'imagine, vu le sujet...
Il est très important parce que c'est mon premier single mais aussi parce que ça parle d'un sujet qui m'a beaucoup marquée, même avant la "Star Academy". J'étais toujours cette adolescente un peu renfermée, un peu timide, à qui on disait "Ah mais t'es sympa en fait, t'es pas hautaine". On me jugeait sur l'apparence, on se faisait une première idée qui n'était pas du tout la bonne.

Et ça s'est passé aussi juste avant que tu entres à la "Star Academy" quand ton profil est sorti sur les réseaux.
Je me prends une vague de haine alors que les gens ne me connaissent pas, ils ne m'ont pas entendu parler, ils m'ont à peine écouté chanter et ils disent déjà : "Elle est trop superficielle, elle a refait ses lèvres". Alors que c'est pas vrai, je n'ai rien refait sur mon visage. Et même si c'était le cas ? Ça ne fait pas de moi quelqu'un de moins intelligent ou de moins intéressant. On a dit : "Elle se maquille trop, elle met des faux cils, des faux ongles alors elle est superficielle, elle est bête". C'était très violent. Vraiment, je n'ai pas compris. Ça ne m'a pas touchée plus que ça parce que j'étais habituée...




Sauf que là c'était à une grande échelle !
Oui, c'était énorme. Ce qui m'a fait de la peine, c'est de me dire : "Pourquoi les gens ont cette réaction ?" Pourquoi les gens ne se disent pas : "Trop bien cette jeune fille elle est en train de réaliser son rêve, c'est trop beau, c'est trop cool".

Pourquoi les gens ont tout de suite eu ce réflexe, selon toi ?
Franchement, je n'avais pas la réponse et c'est la question que j'ai posée à mes parents aussi surtout : "Mais pourquoi les gens réagissent comme ça ?" Mes parents m'ont dit que c'est de la jalousie, que ce sont des gens qui ne sont pas bien dans leur peau, qu'ils doivent me trouver belle donc ils ont besoin de me tirer vers le bas. Je n'arrivais pas à comprendre comment on peut en arriver là... Moi, à ce moment-là, je ne me sens pas tellement belle qu'on peut me critiquer. Oui quand je vais me maquiller, quand je vais m'apprêter, je me sens jolie, mais pour moi je suis une fille normale quoi. Tu vois ce que je veux dire ?

Oui mais même si tu te trouvais hyper belle, tu aurais le droit. Et puis la beauté c'est subjectif. Personne ne devrait s'excuser de se trouver beau !
Ah mais bien sûr. Ce que je veux dire, c'est que je ne comprends pas pourquoi les gens bloquent sur mon apparence. Pour moi, je suis une fille totalement banale, des petites blondes comme ça y'en a plein. Pourquoi c'est un problème ? Même depuis le collège. Je suis arrivée dans un nouveau collège, les gens ont monté des rumeurs sur moi parce qu'il y a une fille qui ne m'aimait pas, juste parce que j'étais la petite blonde, donc forcément j'étais une pétasse.

C'est épuisant, j'imagine, à la longue...
Oui ce jugement sur l'apparence, j'en ai un peu marre. Je ne sais pas, je vais recevoir des bottes à talons, je vais me faire un petit kiff, je vais m'habiller d'une certaine manière, alors des gens vont me dire : "Mais pourquoi tu t'habilles comme ça ?" Mais si j'ai envie de m'overdress parce que j'ai envie aujourd'hui de me sentir hyper canon, bah je le fais. Et ça ne veut pas dire que je suis une fille qui ne pense qu'à son apparence ou qui réduit toute sa vie à ça.

C'est ce que tu dis dans la chanson d'ailleurs !
Oui, ça ne me résume pas en fait. Je ne suis pas que la fille qui a des faux cils et des faux ongles avec un blond platine. Je fais du sport, je cuisine, je travaille sur mes chansons, je suis aussi une grande soeur, une tata, je suis plein de choses, et c'est ça qu'elle dit cette chanson. Quand je dis "Je veux être toutes ces femmes à la fois", c'est pour dire : ne ne me réduisez pas à la femme objet. Je trouve ça tellement dommage parce qu'en fait, on peut être ce qu'on veut. Si j'ai envie de m'habiller en jogging et de sortir de chez moi avec les cheveux gras et pas maquillée...

Oui mais là, on dira que tu ne prends pas soin de toi...
Exactement, c'est ça le problème. En tout cas, moi j'ai envie d'être toutes ces femmes à la fois !

Est-ce que tu as des modèles ? Des femmes, artistes ou pas, qui te donnent la force d'être qui tu es ?
Bien sûr ! Quand j'étais dans l'animation, j'ai fait plein de rencontres et il y a des femmes qui m'ont inspirée et avec qui je suis encore en contact. Dans ma famille, il y a ma mère, ma soeur, et ma grand-mère aussi. En artistes, je trouve Léna Situations très inspirante. Beyoncé aussi, ou encore Michelle Obama. Des femmes fortes !

Tu me parles de personnes de ta famille. Justement, comment ils vivent tout ça ?
Ma famille voit une petite fille qui est en train de réaliser son rêve, et que la petite fille complètement passionnée et un peu relou avec ses "pestacles" tous les week-ends dans le salon, elle avait raison de croire en son rêve. Et concernant les critiques ou la médiatisation, mon père est un peu plus détaché de tout ça. Ma mère regarde tout. Et je lui dis : "Arrête !". Depuis la "Star Ac", elle a carrément installé Twitter. Elle ne l'avait pas avant !

Mais il ne faut surtout pas faire ça !
Mais oui, je lui dis de supprimer ! Mais elle regarde tout. Elle sait quels comptes commentent ou critiquent tout le temps. Elle est très attentive mais que ce soit moi ou les autres académiciens, elle regarde tout et elle ne comprend pas la haine que l'on peut recevoir. On est juste des jeunes qui veulent faire de la musique, qui ont un rêve et qui travaillent.

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Dans la chanson, tu dis "J'ai tracé mon chemin où tous tes mots ne me font plus rien". Est-ce que tu arrives à t'insensibiliser, à prendre du recul face à la haine ?
Beaucoup plus maintenant. C'est un travail, c'est par étapes. Moi au début, la première vague de haine que je prends, c'est avant mon entrée au château, et je ne comprends pas, ça s'attaque à mon physique, ça me fait mal à mon humanité mais je me dis que j'ai un peu l'habitude. La deuxième s'est produite au rattrapage de la tournée, et ça m'a fait beaucoup de peine parce que oui, j'ai mal chanté ce soir-là. Mais je suis en train de réaliser mon rêve, et bien sûr que c'est malheureux pour les autres. Moi la première, je me sentais très mal par rapport aux autres parce que c'est vrai que j'avais mal chanté ce soir-là, mais ils me disaient : "Emma tu mérites ta place". Ils ont été trop gentils avec moi, mais les gens de leurs teams n'ont pas suivi ça. J'ai senti ce besoin de faire une pause.

C'est à dire ?
J'ai fait une pause pendant une semaine parce que je ne pouvais pas m'absenter trop longtemps non plus. Pendant une semaine, on est parti composer. J'ai fait de la musique et j'ai vraiment enlevé toutes les notifs. Tout. Et ça m'a fait du bien ! Après, ça dépend des périodes. Il y a des périodes où ça va me faire rigoler et où carrément, je vais avoir envie d'en faire du contenu. Et parfois il y a des commentaires injustes ou qui ne disent pas la vérité, donc tu as envie de rétablir la vérité. Mais en fait, tu ne pourras jamais tout contrôler. Tu ne peux pas faire la police des réseaux. Et tu ne peux pas te justifier tout le temps donc il faut se détacher, rester soi, poster ce que tu as envie de défendre, ce que tu es. Bien sûr qu'il y a des gens qui vont te critiquer. Mais bon, c'est pareil pour tous les artistes et même dans la vie en général.

Pour revenir à "Barbie", dans les crédits je vois que tu as travaillé avec Victorien, ancien candidat de la "Star Academy". Comment ça s'est faite cette connexion ?
On est en contact avec les élèves des saisons précédentes. Quand je suis sortie du château, j'ai reçu des messages de candidats de la saison 2022 et 2023. On s'envoyait des messages, on se suivait tous. Il y a ce truc où ils comprennent ce qu'on est en train de vivre et donc ils sont là pour nous, et j'ai trouvé ça trop cool. J'ai rencontré Victorien dans la vraie vie sur un prime. On a la même manageuse donc on est vite rentré en contact et on a travaillé ensemble. Il écrit beaucoup, il a vraiment ce rapport aux mots et aux textes, il est super doué donc j'étais trop contente de travailler avec lui.

Tu vas chanter ton single sur la tournée ?
C'est en discussion ! Mais bien sûr, ça se prévoit car il y a une mise en scène à faire, une direction musicale à affiner etc. Et trouver du temps dans le show aussi. En tout cas, j'espère que ça pourra se faire et j'ai hâte, on est en train d'en parler. J'ai hâte de pouvoir le faire sur scène.

Est-ce que tu as un EP ou un album en préparation ?
Alors, oui, enfin non. C'est une surprise ! (Rires) On va sortir un premier titre, après oui on en a plusieurs, mais pour l'instant je préfère me focaliser ce ce titre, le défendre. Après bien sûr qu'on se projette pour la suite mais je ne vais pas tout vous dire...

Il y a un artiste avec lequel tu aimerais collaborer ? Pour un duo ou écrire avec...
Mon feat de rêve, je l'ai toujours dit c'est Matt Pokora. Après, j'adore Sabrina Carpenter, je n'ai pas pu aller la voir à Bercy, j'étais malade. J'aime trop ce qu'elle fait !