Crédits photo : Montage Pure Charts
Leona Lewis | "I Am"
I am... boring. Après des débuts tonitruants et prometteurs,
Leona Lewis n'a pas su conserver son lien particulier avec son public. Pourtant, elle a tout. Notamment une voix puissante, idéale pour les titres romantiques, et une capacité à s'adapter à tous les genres. "I Am" devait sonner comme une renaissance. Sauf que
Leona Lewis n'a pas pris le bon virage. D'ailleurs, elle n'a pas pris de virage du tout. Campée sur ses acquis, elle propose ce nouvel album sans tirer les leçons après les erreurs des précédents. Dommage car la chanteuse a montré un désir de secouer son répertoire - une bonne idée - avec le premier extrait
"Fire Under My Feet", dans la lignée du "Rolling in the Deep" d'Adele. Mais le reste tourne en rond alors que les textes - intéressants sur son parcours compliqué - auraient mérités meilleur traitement. Pot-pourri de ses anciens albums, "I Am" ne surprend pas, se révèle scolaire et aurait finalement pu sortir dans les années 2000. Rien n'accroche vraiment ; les ballades et titres
mid-tempo sont légion mais globalement classiques ("Thick Skin", "Power"...), le rare désir de modernité est maladroit. La faute à des productions d'une pauvreté effarante alors que la base est là ("Another Love Song", "Ladders"). Un beau gâchis.
JG
Ça ressemble à Leona Lewis avec des oeillères
A écouter : "Thunder", parfait titre d'intro, soul et vibrant, et "You Knew Me When", joli moment d'émotion
A zapper :"I Got You", insupportable
Stereophonics | "Keep the Village Alive"
Mono-poli. Beaucoup moins médiatisé que son voisin de U2, le groupe gallois Stereophonics n'en demeure pas moins populaire au Royaume-Uni, où il fait partie des rares artistes à avoir aligné 5 albums numéros un à la suite. Deux ans après l'ambitieux et acclamé "Graffiti on the Train", la formation pop/rock est de retour avec "Keep the Village Alive", décrit comme un «
retour aux sources » par son chanteur/leader/auteur Kelly Jones. Au programme : des tubes radio-frendly et des hymnes taillés pour les stades. Dommage ! Pour le quatuor à l'origine du génial "Maybe Tomorrow" (2003), on aurait aimé davantage de prises de risque. "Keep the Village Alive" s'écoute néanmoins sans déplaisir.
Catchy à souhait et nerveux juste ce qu'il faut, le premier single "C'est la vie" accroche facilement l'oreille. "Swing Little Sister", avec son énergie funky à la INXS, et la piste de conclusion "Mr and Mrs Smith", brûlante de musicalité, offrent leurs moments de bravoure. Au total, ce sont dix nouveaux morceaux que les fans pourront se mettront sous la dent. Vu la qualité discutable de certains titres, la cueillette est maigre. On préconise plutôt l'écoute de la version deluxe, enrichie de six pistes supplémentaires et notamment du bouillant "Ancient Rome".
YR
Ça ressemble à du
U2 aseptisé
A écouter : "Mr and Mrs Smith" : authentique, fédérateur... On valide à 200% !
A zapper : "My Hero", soporifique et insipide
Lianne La Havas | "Blood"
Respect. Si l'élégance portait le nom d'une artiste, ce serait sans doute Lianne La Havas. Bien qu'elle ne soit âgée que de 26 ans, la chanteuse britannique a déjà tout d'une grande diva soul, les extravagances en moins. Libre, l'artiste ose même baptiser son disque lumineux et post-estival, "Blood". Accompagnée de Paul Epworth (Adele) ou Mark Batson (Alicia Keys, India.Arie), Lianne La Havas franchit le cap du deuxième album haut la main. Tout est maitrisé (10 pistes) et l'alliance des sonorités est d'une intelligence rare, à la fois pointu et accessible. Là où tant d'autres ont échoué. Première piste du projet, "Unstoppable" représente à merveille ce voyage jazzy, acoustique et soul qui attend l'auditeur. La voix est au premier plan, la classe est omniprésente, les productions sont soignées ("Tokyo"), et les textes d'une maturité ébouriffante ("What You Don't Do"). Lianne se permet même quelques turbulences avec "Never Get Enough" au son saturé, même si ce n'est pas là qu'elle touche les étoiles.
JG
Ça ressemble à la fille de Jessie Ware et Alicia Keys
A écouter : "Green & Gold", superbe ode à la Jamaïque hantée par Eric Bennett, et l'acoustico-déchirant "Ghost". La perfection !
A zapper : "Grow" car la production aurait pu être plus habile, moins en force