Chimène Badi | "Au-delà des maux"
Badi donc. Quatre ans ont passé depuis le dernier album de Chimène Badi. La chanteuse revient métamorphosée, mais sa musique, elle, n'a pas tant changé. D'entrée, "Au-delà des mots" dépoussière son répertoire et dévoile une nouvelle interprétation plus moderne, malgré une production datée, mais le reste du disque se veut plus classique. Menacée ces dernières années, la voix puissante de Chimène est intacte et toujours aussi belle dans les nuances. Les mélodies comme les textes se veulent parfois forts ("De quoi on se souvient") parfois plus paresseux, mais "Au-delà des maux" reste un album très personnel, où la production est globalement audacieuse pour un projet de variété. Entre colère, espoir et fatalisme, Chimène revient sur son parcours semé d'embuches, dont les moqueries à l'école, évoque sa vie sentimentale compliquée ("Seule"), mais elle s'en relève aujourd'hui, non sans égratignures. Au passage, sur ce disque solide mais qui manque de pièces maitresses, l'artiste en profite pour délivrer des messages humanistes convaincants, en renouant avec ses racines soul et gospel ("Pour tous les hommes").
JG
Ça ressemble aux malheurs de
Chimène Badi
A écouter : "Ça ne regarde que moi", superbe chanson sur sa renaissance et single évident, et "Point final", sublime titre d'adieu
A zapper : "Elle vit", à la production intéressante mais à l'interprétation un peu lourde et sans refrain fort
Miley Cyrus | "Miley Cyrus and Her Dead Petz"
Twerk Me I'm Fabulous. A moins de vouloir se tirer une balle dans le pied, aucune popstar n'aurait jamais eu les
cojones de faire ça. Car là où Beyoncé avait contrôlé jusque dans les moindres détails la sortie de son 5ème album, Miley Cyrus, elle, se contrefout de la forme, pas plus que de son image. Le successeur de "Bangerz" ? La popstar l'a lâché gratuitement, à la plus grande surprise de tous et surtout de son label RCA, totalement écarté du projet. Composé de 23 nouvelles chansons - oui, 23 - et intitulé "Miley Cyrus & Her Dead Petz", il n'a coûté que 50.000 dollars à produire. Miley en roue libre ? Bienvenue dans le royaume du WTF ! Les
fuck, parlons-en : ils sont légions, dès le bruyant premier titre
"Dooo It!". Ça démarre mal mais heureusement la suite montre un tout autre visage. La chanteuse reste au fond une vraie artiste, entière et libre, capable de nous émouvoir jusqu'aux larmes sur des ballades foutrement belles comme "Space Boots", "Cyrus Skies" ou "I Get So Scared". Le résultat d'un coup de foudre artistique avec Wayne Coyne, le leader des Flaming Lips, et Oren Yoel ("Adore You" c'était lui, et c'était déjà la meilleure chanson de "Bangerz"). Avec étonnement, on croit parfois déceler une patte à la
Gorillaz (le superbe "Tiger Dreams" feat. Ariel Pink) ou
Lady Gaga ("1 Sun"), pendant qu'on reste scotché sur "BB Talk" et son monologue sexuel. Reste que l'album, surréaliste, fun, dégoulinant de musicalité et d'aplomb, aurait gagné à être plus concis.
YR
Ça ressemble à du grand n'importe quoi, pour le pire (parfois) et le meilleur (surtout)
A écouter : "Karen Don't Be Sad", une ballade lunaire renversante
A zapper : les prods de Mike Will Made It, finalement les moins intéressantes du lot ("I Forgive Yiew", "Lighter")
Écoutez l'album "Miley Cyrus and Her Dead Petz" sur SoundCloud.
Coeur de Pirate | "Roses"
Romantiques épines. 2015 est synonyme de maturité pour Coeur de Pirate. La chanteuse canadienne démontre à travers son nouveau disque qu'elle a grandi tout en prenant des risques mesurés. "Roses" est sombre et intime, plus pop aussi et comporte pour la première fois des titres écrits dans la langue de Shakespeare. Partagée avec Allan Kingdom, la chanson "I Don't Want to Break Your Heart" est probablement le meilleur témoin de cette évolution avec ses nappes de synthé et son pont urbain. Coeur de Pirate a formé autour d'elle une équipe renouvelée pour l'accompagner dans sa mue, à l'instar du musicien suédois Björn Yttling (Franz Ferdinand), de Bob Ellis (PJ Harvey) et Ash Mountains (Metronomy). Une musique nouvelle, brumeuse, mais toujours rétro et mélancolique à l'écoute des ballades
"Crier tout bas" et "Tu oublieras mon nom", poignantes. Preuve que l'essence de son art reste la même, notamment ses mélodies entêtantes et naïves, en dépit d'un habillage différent qui peut parfois étouffer l'émotion. Il semble que la maternité galvanise l'artiste, comme en témoigne le titre "The Way Back Home" dédié à sa fille Romy, âgée de trois ans, et "Drapeau blanc", à travers lequel elle évoque pour la première fois les relations compliquées avec sa mère.
JH
Ça ressemble à Coeur de Pirate, car la voix reste malgré tout prenante et s'impose comme une marque de fabrique
A écouter : les captivantes ballades "Crier la vie" et "Oceans Brawl"
A zapper : "Cast Away" ne trouve pas sa place