Crédits photo : capture d'écran Pure Charts
Alors que Taylor Swif mène la
fronde contre les plateformes de streaming, les accusant de nuire à la créativité et de ne pas rémunérer correctement les artistes, le directeur général de Deezer a pris la parole pour répondre aux attaques dont il a indirectement fait l'objet. A l'antenne de
RTL, Simon Baldeyroun a expliqué que le streaming - l'écoute payante de musique en ligne - représente l'avenir de l'industrie musicale et que les artistes percevront des revenus plus importants qu'avec les ventes de disques grâce à son service. «
On est convaincu que, pour l'ensemble des artistes, nous allons contribuer à les rémunérer beaucoup mieux dans les années qui viennent » a-t-il lâché, semblant éluder la polémique au sujet de
l'infime pourcentage des recettes générées par les abonnements aux services de streaming que doivent se partager les artistes.
"Construire des rentes à vie pour les artistes"
Pour Simon Baldeyroun, la croissance du streaming permet de «
construire pour les artistes des rentes à vie ». «
Pendant des années ils vont recevoir des royalties dès qu'ils seront écoutés, au lieu d'avoir tous leurs revenus qui tombent le jour de la sortie d'un album ou le mois qui suit » a-t-il renchéri. Jouant la carte de la transparence, mais sans entrer dans les détails, le DG de Deezer a rappelé que son service lui permet de toucher 10 euros par mois et par abonné : «
On reverse près de 70% de ce qu'on touche aux producteurs et aux sociétés de droits d'auteurs ». On est tout de même en droit de penser que le streaming sera, à terme, plutôt le moyen pour les producteurs de compenser le manque à gagner des ventes plus faibles de CD aujourd'hui qu'il y a dix ans.
"L'objet CD, comme la cassette VHS, sera obsolète"
Satisfait de compter plus d'un million d'abonnés en France, Simon Baldeyroun estime que les services d'écoute en ligne sont devenus «
LE moyen d'écouter sa musique » : «
Le CD représente 60% des achats de musique, mais c'est parce qu'on est en phase de transition. Ça va prendre encore quelques années avant que les solutions de streaming prennent la grande majorité du marché. Mais c'est devenu quasiment inéluctable ». D'après lui, «
l'objet CD, comme la cassette VHS, sera obsolète ».
La fin du téléchargement plutôt que la mort du CD ?
Seulement, dans les faits, on constate néanmoins que les Français restent très attachés aux supports physiques. Plus que dans d'autres pays d'ailleurs ! En effet, si l'on regarde les scores de ventes affichés par l'album d'une artiste touchant un public majoritairement jeune, comme Indila avec
"Mini World" par exemple, on remarque que seulement 8% des ventes comptabilisées sont le fait du numérique. Pour un artiste qui touche un public familial, comme Calogero, le pourcentage des ventes dématérialisées de son nouvel album
"Les feux d'artifice" est encore plus faible : 6% seulement.
Ne faudrait-il pas être plus prudent et se demander si, finalement, le streaming n'annonce pas plutôt la fin des ventes numériques que la mort des supports physiques ? Dans son
bilan de l'année 2013, le SNEP a conclu que, pour la première fois depuis son apparition il y a dix ans, le téléchargement a connu un «
léger fléchissement » en valeur, comme aux États-Unis, alors que le streaming poursuit sa progression mais que les revenus qui s'en dégagent sont encore trop insuffisants pour assurer la croissance du marché de la musique enregistrée.