Crédits photo : Affiche du film
Cinq films, cinq écrins de culture populaire. Adepte d'un cinéma sensoriel, Xavier Dolan le crie haut et fort : la musique constitue "l'âme" de ses oeuvres, et surtout de ses personnages. Des êtres à fleur de peau, hystériques, névrosés, perdus, et donc profondément attachants et humains. Comme nous, notre voisine ou le boulanger du coin, ils chantent sur du Andrea Boccelli et vouent une passion dévorante à
Céline Dion ! Tout sauf un hasard, puisque le réalisateur confie lui-même
adoré ces artistes populaires. «
Récemment, sur Instagram, les gens ont découvert une lettre de fan que j'avais écrite à 8 ans, à Leonardo DiCaprio au moment de "Titanic". Mais j'en avais écrit une à Céline. Ma mère écoutait ses albums, il y a quelques belles chansons dans son oeuvre » déclare-t-il dans les colonnes des
Inrocks.
Voila pourquoi il est possible d'entendre "On ne change pas" dans son nouveau long-métrage, "Mommy". Mais il ne faut pas croire qu'il se cache un mépris ou une dérision dans cette sélection musicale... «
C'était l'écueil à éviter avec "Mommy" : rire de Céline Dion, donc rire de mes personnages qui l'écoutent sincèrement. Il n'y a rien de pire que les cinéastes qui filment un monde populaire comme s'ils allaient en safari dans la jungle. Je connais les personnages de "Mommy", c'étaient mes voisins, j'ai grandi à leurs côtés. J'aime leurs idées et je comprends tout à fait leur affection pour Céline Dion », explique-t-il.
Revival nineties
"Mommy", auréolé du Prix du Jury à Cannes, poursuit donc
ce rapport très privilégié entre le cinéaste québécois et la musique. Sa genèse ? Une mélodie de Ludovico Einaudi, à partir de laquelle a été tissée une scène, une histoire, puis une oeuvre puissante et viscérale. Enfant des années 90, Xavier Dolan a pioché dans ses souvenirs d'adolescent pour la BO de son dernier bébé. Oasis y côtoie Eiffel 65,
Dido et Counting Crows, au détour d'une course en skate ou d'un karaoké. Un tourbillon éclectique qui prend sens pour Die, Kyla et Steve, les personnages, mais surtout pour le cinéphile, renvoyé à ses propres souvenirs logés entre les notes de tel ou tel morceau. Une façon «
d'ancrer le spectateur dans la réalité vraie et nue des personnages » pour le cinéaste. Pari réussi : on est touché en plein coeur.