jeudi 06 septembre 2012 16:08

Le Stade de France mal géré ?

Par Charles DECANT | Rédacteur
Dans le numéro de septembre de "Capital", les dirigeants du Stade de France en prennent pour leur grade : mauvais choix de manifestations, mauvaise gestion, stade qui peine à se remplir... Et tous ces manques à gagner sont financés par... le contribuable !
Crédits photo : Abaca
Le constat est sans appel. Dans son numéro de septembre, le magazine Capital dresse un bilan peu flatteur de la gestion du Stade de France. Construite au milieu des années 90 pour accueillir la Coupe du monde de football, la plus grande enceinte de France est aujourd'hui en difficultés et peine à faire venir le public, qu'il s'agisse de manifestations sportives ou même de concerts. Cette année, seuls deux groupes sont parvenus à remplir le Stade, qui peut accueillir jusqu'à 81.338 spectateurs : Coldplay et Metallica. Mais les artistes sont pourtant bien plus nombreux à vouloir se produire au Stade de France et les résultats sont souvent décevants.


Un Stade parfois à moitié vide !


C'est par exemple le cas de Johnny Hallyday, qui a loué le Stade pour trois soirs au printemps dernier. Le rockeur a été incapable de remplir la salle pour trois concerts consécutifs et n'aurait attiré, selon Capital, que 150.000 fans contre 230.000 quand il avait tenté le même pari il y a trois ans. L'idole des jeunes a réussi à faire oublier ces difficultés avec le reste de sa tournée, saluée par la critique et le public. Mais il n'est pas le seul à rencontrer quelques soucis quand il s'agit de remplir le Stade : Madonna n'y est pas parvenue, et Lady Gaga, qui s'y produit le 22 septembre prochain, n'a pas encore écoulé, elle non plus, toutes les places pour son "Born This Way Ball".

Capital souligne des exemples bien plus dramatiques encore, à commencer par le concert de Prince l'an dernier. Le chanteur américain avait en effet décidé qu'il souhaitait s'y produire mais n'avait réservé le Stade qu'un mois avant la date du concert. Résultat, « une promotion bâclée et des tribunes à moitié vide », indique Capital. Pire encore, la Nuit Africaine organisée par la société qui gère le Stade elle-même, et qui n'a attiré que 24.045 spectateurs. Toutes ces places non vendues, c'est un manque à gagner certain pour les gestionnaires de l'enceinte, qui offrent parfois des places en grand nombre aux salariés du Stade pour tenter de combler un peu les tribunes dégarnies.

C'est le contribuable qui paie


Mais le vrai problème de cette mauvaise gestion, c'est que c'est l'Etat - et donc le contribuable - qui renfloue les caisses du consortium qui gère le Stade, un groupe composé de Vinci et Bouygues, deux géants du bâtiment. Car au moment de la construction, le Premier ministre de l'époque Edouard Balladur avait signé un contrat de concession de 30 ans avec le consortium. Pour les convaincre d'ériger le Stade et de le gérer, l'Etat s'était engagé à combler les pertes d'exploitation « s'il ne trouvait pas de club résident, si les équipes nationales de foot ou de rugby venaient à y jouer moins de neuf matchs par an », indique Capital, et si l'équilibre n'était pas atteint pour « des circonstances imprévisibles ».

La nouveauté du Stade de France et le succès des manifestations sportives a suffi aux gérants pour atteindre l'équilibre lors des premières années d'existence de l'enceinte mais ces dernières années, les déficits se creusent. 1,9 million de spectateurs avaient passé les portes du Stade en 2008, contre 1,5 million en 2011. En 2012, le consortium devrait ainsi perdre 12,2 millions d'euros. Une somme que l'Etat - et donc le contribuable - sera amené à compenser, au moins partiellement. Et la construction d'un nouveau stade de 40.000 places entreprise par le club de rugby de Nanterre, et qui sera achevée en 2015, ne risque pas d'arranger les affaires des gestionnaires du Stade.

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