Les Vieilles Charrues : l'heure du bilan

Par Elsa VASSELIN | Rédacteur
Le rideau est tombé sur la 21e édition des Vieilles Charrues. L’effervescence va retomber doucement à Carhaix. Voici donc venu l’heure des bilans. Ces 21es Vieilles Charrues se sont achevées vers 2h, dans la nuit de dimanche à lundi, par une ovation du public, encore présent en masse à Kerampuil, aux organisateurs d'un festival qui a largement su répondre aux attentes.
Crédits photo : Purecharts.fr
Quelle belle édition ! Ces Vieilles Charrues 2012 laisseront certainement un excellent souvenir dans les mémoires. Après un démarrage mollasson tant en termes d'affiche que d'affluence, jeudi, le rendez-vous a retrouvé son pétillant dès vendredi pour rayonner de plaisir partagé dès samedi et atteindre son zénith dimanche. Comme chaque année, les Charrues nous ont réservé des moments magiques, comme ce concert de l’ensemble Matheus sur la grande scène ou la performance de Portishead. Des magnifiques révélations, en particulier sur la scène Graal comme Baadman, Rich Aucoin ou Trigger Finger. Des moments de folie avec LMFAO ou Martin Solveig. Des purs concerts comme Thiéfaine, Rapture, Kasabian, Orelsan, Gossip, C2C ou Metronomy. On a aussi beaucoup aimé le Verger et ses spectacles à l’humour décalé et reposant ou encore ces fins de soirées électro qui transforment Kerampuilh en immense dance-floor. Il y eut aussi des déceptions, surtout une grosse déception, en la personne de Bob Dylan.


On passe l’éponge sur Bob Dylan


« Un pantin fantomatique » comme le qualifie très justement Ouest France, vétu d’un pantalon blanc et d’un canotier, sur une grande scène chantant « une sorte de mélopée blues qui semble être toujours la même malgré les chansons qui s’égrènent ». Après 20 minutes de concert, beaucoup avaient déserté la scène Glenmor depuis longtemps pour se rabattre sur l’espace Graal où la soirée hip-hop battait son plein avec 1995 et Orelsan.

Les plus patients ont tout de même eu droit en fin de concert à quelques standards, "Like a Rolling Stone" et deux airs d’harmonica. Mais il fallait être placé près de la scène pour voir cela, car monsieur Dylan a quelques exigences. Peu respectueux de ce public venu pour lui, il n’a accepté qu’une captation éloignée de son concert. Il fallait donc avoir une bonne vue pour le distinguer sur les écrans. Merci au pantalon blanc. La presse ne l'a d'ailleurs pas épargné.


Sous le soleil de Carhaix


A l'exception de la prestation de Bob Dylan, très critiquée, la programmation a fait un carton, la météo a symétriquement accompagné cette montée graduelle en régime, chaque jour s'avérant plus agréable que le précédent : du gris maussade jeudi, un gris bleu plaisant vendredi, un bleu gris enthousiasmant samedi et, cerise sur le gâteau, un superbe plafond intégralement azuréen le dernier jour. Sourire banane, bonne humeur généralisée, le public de Kerampuil a savouré son festival le plus ensoleillé et le plus chaud depuis 2006.


Petit bilan chiffré pour témoigner de l’énormité de l’événement carhaisien


Les Veilles Charrues restent plus que jamais au sommet de la hiérarchie des festivals français Les Charrues, c’est 4 jours de festival, 1 mois de montage, 244.000 entrées dont 188.000 payantes. C’est 110 concerts avec des artistes des quatre coins du monde : 15 nationalités représentées et 23 styles de musique. Des artistes qui ont joué sur 6 espaces scéniques. Les festivaliers eux, absorbent 20 tonnes de frites et 30.000 crêpes. L’an passé, plus de 20.000 litres de bière avaient été ingurgités. Et ce sont 6.000 bénévoles, 600 techniciens du spectacle, 650 agents de sûreté et 180 médecins et secouristes qui font tourner cette grosse machine et font en sorte que tout se passe bien.

Le mot du Président du festival


À l’heure du bilan, toute l’équipe des Vieilles Charrues est heureuse. Pendant la conférence de presse de fin de festival, chacun se rappelle le soleil qui a brillé pendant trois jours, du travail acharné des bénévoles sur le site et surtout des 188.000 entrées payantes au compteur… Personne ne cache sa joie. Pour certains, « il manquait de groupes couillus ». Ceux-là ont dû rater Gossip, The Rapture et Kasabian. Mais pour Jean-Philippe Quignon, le président du festival, c’est un carton plein. « C’est un bilan très positif, en termes de fréquentation ». Non seulement sur le site, qui affichait complet samedi, mais aussi sur le camping, qui a comptabilisé entre 20.000 et 35.000 entrées chaque nuit. Seule petite déception ? Le jeudi, qui a peiné à se remplir. « On n"a pas réitéré le miracle de l’année dernière : le jeudi tombait alors un 14 juillet ! »

Philippe Quignon est conscient que les Charrues ont connu des années plus exceptionnelles. « Ce n’est pas notre record. L’année dernière on avait fait mieux parce que c’était le 20ème anniversaire, c’était une année spéciale ! ». Mais la satisfaction artistique est complète. « On est très contents de nos têtes d’affiches, des Cure qui ont donné un show incroyable, de Sting, et de tous les beaux moments sur les autres scènes. Ma petite déception va peut-être à LMFAO qui est artistiquement discutable… Mais mon vrai coup de cœur a été Rodrigo et Gabriela, hier, le duo de guitaristes qui s’est adjoint les services d’un ensemble cubain. Ils ont fait un carton avec le public et ils ont amené le soleil sur le festival. Un autre coup de cœur pour M83 qui se produisait sur la scène Xavier Grall et qui est un groupe sur lequel il va falloir compter pour les années à venir ». Et pour la suite ? « On ne s’interdit rien artistiquement. Aux Vieilles Charrues, on peut passer à un concert de musique classique à un concert de jazz à un concert très rock. C’est la formule magique ! ». Dylan ? « Il a marqué le festival, rien que par sa présence ». Pour l’année prochaine, le président rêve des Black Keys et de Radiohead. Le Rendez-vous est pris, du 18 au 21 juillet 2013.

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