Combien gagnent les artistes avec iTunes ?

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Claire Giraudin et Bernard Miyet répondent aux questions du "Nouvel Obs" concernant le rôle des plateformes de téléchargement dans l'évolution de la rémunération des artistes. Selon ces derniers, sur un titre acheté 99 centimes sur iTunes, 7 centimes reviennent aux auteurs, compositeurs et éditeurs.


Interrogés par le "Nouvel Obs", Claire Giraudin, Responsable des études à la Sacem, et Bernard Miyet, Président du Directoire de la Sacem, répondent aux préoccupations actuelles concernant la rémunération des artistes selon les nouveaux modes de distribution de la musique. On l'avait annoncé pour 2011 : le boom du téléchargement. Si la musique se vend encore davantage sous la forme de supports physiques plutôt qu'au format numérique, on ne peut nier l'importance des achats de musique en digital (en hausse de 20% sur les neuf premiers mois de l'année). Pour l'essentiel, ce sont les titres uniques qui sont téléchargés plutôt que des albums entiers dont on préfère encore avoir le support physique. « Le téléchargement est surtout utilisé pour des achats de single » confirme Claire Giraudin, en prenant l'exemple de la plateforme iTunes. La Sacem, notamment garante du respect et du reversement des droits d'auteurs, explique percevoir « entre 90 centimes et 1,10 euros, soit 9% du prix hors taxes sur un CD de quinze titres » acheté sur la plateforme Apple. « Par titre vendu, la Sacem perçoit 7 centimes d'euros au total pour le ou les auteur(s), le ou les compositeur(s) et le ou les éditeur(s) », sachant qu'un morceau unique coûte généralement 99 centimes au consommateur. Quant à l'interprète, on estime qu'en moyenne 2 centimes lui reviennent (selon "01net" qui indiquait déjà ces mêmes données en 2008). Mais il peut bien évidemment cumuler les différents reversements s'il est à la fois auteur, compositeur, interprète, éditeur : c'est le cas par exemple de Francis Cabrel.

Comment évoluera le marché du disque ? Plus de téléchargement ? Plus d'auditeurs abonnés aux sites de streaming ? A ces questions, Bernard Miyet répond : « Globalement, je pense que tous les modèles vont cohabiter. Aujourd'hui, pour les médias, plusieurs modèles coexistent : le gratuit financé par la publicité, le payant sur abonnement, le payant à l'acte, le semi-payant... L'aspect déterminant sera les conditions d'accès : un stockage individuel lié à un ordinateur ou support, ou un stockage collectif, c'est-à-dire en cloud, pour un accès partout, à tout moment. Reste que, pour l'instant, le modèle iTunes est plus rémunérateur que les abonnements des sites de streaming comme Deezer et Spotify. ». L'entrée dans l'ère du numérique est donc moins favorable aux artistes, et pas seulement, puisque les éditeurs aussi sont mis à la diète par les plateformes de téléchargement.

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