Universal Music serait en train d'étudier un projet de rachat du label britannique EMI, selon LA Times. Criblé de dettes depuis des années, EMI a changé de mains très régulièrement, atterrissant généralement entre les mains de grands groupes dinvestisseurs ou de milliardaires. Le dernier acquéreur en date est Citigroup, société spécialisée dans la finance et l'investissement. Mais si Universal venait à croquer EMI, quatrième major du globe, la face du secteur musical, en difficulté depuis le début des années 2000, changerait totalement.
En effet, Universal Music détient actuellement plus de 30% du marché du disque aux États-Unis, contre 28% pour Sony Music, 20 % pour Warner, 10% pour EMI, les maisons de disque indépendantes se partageant les 11% restant. Sur une échelle mondiale, les pourcentages restent à peu près équivalents. Si Universal venait à acquérir EMI, la filiale de Vivendi prendrait donc possession de 40 %, qui ne serait plus
représenté que par trois majors : Universal, Warner et Sony. Pas sûr que les autorités de la concurrence avalent cette couleuvre sans protestations. En 2006 déjà, Universal, qui rachetait BMG Music Publishing sans avoir sollicité l'approbation de la Commission européenne, se voyait contraint de céder quelques-unes des activités de BMG. En cas de rachat, il est là aussi quasi-certain quUniversal Music devra céder une partie dEMI à ses concurrents, afin déquilibrer un marché déjà déséquilibré. Ni Universal, ni Vivendi n'ont encore réagi à ces informations.
Un marché à trois (hors indépendants) présenterait pourtant un avantage non négligeable pour les sociétés diffusant de la musique sur le Web qui, jusqu'à présent, devaient négocier avec chaque maison de disques lorsquelles souhaitent se lancer dans le marché. Cest le cas par exemple pour Spotify, qui pourrait se lancer outre-Atlantique dès cet été et qui a déjà conclu des partenariats avec toutes les majors américaines, excepté Warner Music. Deezer, s'il parvient à régler ses différends avec Universal, devrait suivre la même voie.
EMI a été mise en vente cette semaine par la banque américaine Citigroup, qui en avait pris le contrôle en février lorsque son précédent propriétaire, le fonds d'investissement Terra Firma, a fait défaut sur le remboursement d'un emprunt. Selon les analystes, EMI pourrait atteindre un prix allant de 2,5 à 4 milliards de dollars.