Marc Toesca : 15 titres capitalisent 90% des passages radios
Par
Thierry CADET
| Rédacteur
Depuis deux ans, l'ex-animateur du cultissime "Top 50" de Canal+, est directeur artistique du label indépendant Monte-Carlo Records. De passage au Midem, il s'est exprimé sur sa vision du métier d'aujourd'hui par rapport à celle d'autrefois. A commencer par le monopole de certains titres sur les radios 15 titres capitalisent 90% des passages radios. Sans parler du même phénomène sur les rotations de clips au sein des chaines musicales.
Le niçois Marc Toesca, animateur du "Top 50" dans les années 80/90 sur Canal+, était récemment en visite à Cannes, au Midem. Depuis deux ans, il est directeur artistique du label indépendant Monte-Carlo Records, produisant entre autres Arnold Turboust, Komä ou Nicolas Ghetti. « Les gens écoutent toujours de la musique. Le soucis de l'industrie musicale aujourd'hui, c'est comment gagner de l'argent et ne plus en perdre. Mais moi mon métier c'est de fabriquer la musique, c'est de trouver des gens. Si vous voulez on cherche un équilibre entre la vente de disque, et ce qu'on appelle l'édition musicale, c'est à dire la gestion des droits, des auteurs, des compositeurs etc. » déclare-t-il. « Ce qui m'intéresse vraiment dans ce métier, c'est de découvrir des gens et d'aboutir à un projet qui peut être un jour passera en radios, qui peut être un jour sera disque d'or ».
Ecouter Fun ou NRJ, c'est accepter d'entendre 5 fois Grégoire ou 8 fois Colonel Reyel dans la journée. Idem sur les chaines musicales, où par exemple W9 (hormis sur sa tranche nocturne de robinets de clips indés "Tendance") diffusent actuellement des dizaines de fois à la chaine les clips de Guillaume Grand, Jenifer, "Mozart", Claire Keim ou Rihanna. Toujours les mêmes. Des rotations souvent dues à des partenariats avec les labels concernés. Et les autres ? Il leur reste les miettes (ou pas).
Introduire plus de diversité musicale
« Que reste-t-il du vent de liberté qui a soufflé sur la bande FM dans les années 80 ? Peu ou rien, si l'on observe les principaux indicateurs chiffrés qui servent à mesurer la diversité musicale en radio. Seulement 11 nouveautés francophones figurent parmi les 100 plus fortes rotations en 2010, soit 56% de moins qu'en 2009. La diffusion des uvres françaises ou francophones est le plus souvent reléguée le week-end à des heures d'écoute peu significatives (entre 6 heures et 8h30). Pour justifier leur comportement, les radios accusent les maisons de disques de délaisser les artistes francophones. Faux. Malgré la crise, les producteurs ont envoyé aux radios en 2010, 2 180 nouveautés, dont 713 productions francophones. Non, dans leur grande majorité, les radios ne sont plus le principal vecteur de découverte qu'elles ont été pendant longtemps. Or, c'est précisément parce que les auteurs, les artistes et les producteurs souffrent des effets de la crise que traverse notre secteur qu'ils ont, plus que jamais besoin, du soutien des médias (les télévisions généralistes ayant également tendance à ne prendre aucun risque). C'est la raison pour laquelle, la filière musicale, dans son ensemble, en appelle au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) et au ministre de la culture pour que non seulement la lettre et l'esprit de la loi sur les quotas de chanson française ne soient plus dévoyés, mais également pour conduire les radios à introduire plus de diversité dans leur programmation musicale » déclare également nos confrères du journal "Le Monde".