Crédits photo : Bestimage
Un article qui met le feu aux poudres. Dans son édition du 2 août,
Le Canard Enchaîné met en lumière un procédé qui fait polémique : celui des aides à la création pour les artistes musicaux. Comme le révèle l'hebdomadaire satirique, la Cour des comptes s'est penchée sur les subventions allouées aux chanteurs par le biais d'une rémunération pour copie privée, redevance payée par les fabricants d'appareils lors de leur mise en circulation dans le pays. Elle est d'environ 14 euros pour l'achat d'un smartphone par exemple, et a généré 285 millions d'euros sur l'année 2022. Si cette manne financière a pour mission de soutenir les artistes en voie de développement, ce sont de véritables stars de la chanson qui en ont bénéficié. «
Les dépenses consacrées à la création artistique ont vocation à favoriser la diversité musicale, les nouveaux talents et les projets innovants » rappelle l'autorité administrative. Cependant, les chiffres ne disent pas la même chose. Le Canard Enchaîné indique qu'en 2021, les montants d'aides aux artistes les plus élevés ont été attribués à
Florent Pagny (271.000 euros),
Les Enfoirés (189.000 euros), Juliette Armanet (154.000 euros),
Bernard Lavilliers (120.000 euros) et
Benjamin Biolay (119.000 euros). Même Johnny Hallyday,
mort en décembre 2017, a perçu 333.000 euros d'aides entre 2019 et 2021 !
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Indochine et Aya Nakamura subventionnés en 2022
Plus une maison de disques rapporte de l'argent, plus elle a le droit de subventionner des projets. La Cour des comptes pointe donc du doigt une répartition jugée peu égalitaire. Le Canard Enchaîné poursuit en précisant que dans les chiffres 2022 de la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP),
Indochine a touché 188.000 euros pour
un album live. Suivent
Louise Attaque (160.000 euros), Aya Nakamura (156.000 euros) et une nouvelle fois
Benjamin Biolay (141.000 euros), ainsi qu'Etienne Daho (138.000 euros) et Salvatore Adamo (129.000 euros).
A travers cette enquête, les experts disent s'interroger «
sur l'utilité d'aides importantes attribuées à des projets portés par des artistes installés et dont l'équilibre économique ne paraît pas nécessiter de soutien particulier ». De son côté, la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP) précise que les projets d'artistes confirmés sont ceux qui coûtent le plus cher. Mais la Société civile des producteurs de phonogrammes de France (SPPF) se défend en précisant que 90% des aides et subventions sont «
attribuées à des projets de "nouveaux talents" ».