Metallica, Angèle, Aya Nakamura... Qui sont les artistes les plus chers en festival ?

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
La saison 2023 des festivals est lancée ! Une année pleine de défi marquée par la flambée du prix des billets et des cachets des stars. Une enquête du Parisien révèle le nom des groupes et artistes qui demandent le plus d'argent en festival.
Crédits photo : Bestimage
21%. Ce chiffre est celui de l'augmentation moyenne du prix des places de festivals en France, toutes tailles confondues. Une hausse due, selon une étude du Prodiss, à l'explosion du coût des transports, du matériel, de l'énergie, des prestataires mais surtout du cachet des artistes. C'est ce que révèle une enquête de nos confrères du Parisien. Interrogés par le quotidien, plusieurs patrons de grands festivals français s'accordent à dire que le prix demandé par les artistes a augmenté en moyenne de 20 à 30% ces dernières années, dans un contexte post-Covid. « Certains artistes vont jusqu'à multiplier par deux ou trois leurs cachets depuis la pandémie. J'ai refusé cette année des têtes d'affiche américaines, qui étaient à 300.000 euros en 2019 et revenaient à près d'un million en 2023 » note Marie Sabot, la directrice de We Love Green. Cette année, le festival a misé sur des têtes d'affiches principalement francophones comme Orelsan, Lomepal ou Phoenix. Le plus gros nom international ? Le DJ Skrillex, dont le cachet serait estimé à 180.000 euros.

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Un record à 3 millions d'euros !


Mais le prince du dubstep est loin d'être l'artiste le plus cher. En effet, selon Le Parisien, le record absolu en France serait détenu par Metallica. La venue de l'emblématique groupe américain au Hellfest en 2022 aurait coûté 3 millions d'euros. Ce même festival aurait déboursé 2 millions d'euros cette année pour s'offrir Iron Maiden. Des sommes folles aux allures de risques financiers mais qui garantissent aux festivals de faire le plein. Comme on peut s'y attendre, la barre du million d'euros est souvent dépassée pour les grands noms tels que Muse, Kendrick Lamar ou Kiss, capables de remplir les plus grandes salles du monde entier. Les équipes des Vieilles Charrues auraient déboursé environ 2 millions d'euros pour se payer l'une des deux dates françaises des Red Hot Chili Peppers cet été, tandis que la venue de Billie Eilish à Rock en Seine fin août se serait négociée aux alentours de 1,5 million d'euros.

"Il est loin le temps où Radiohead demandait 150.000 euros"


Pour son concert au Cabaret Vert lui aussi prévu fin août, Calvin Harris toucherait 500.000 euros. « C'est un choix. Je perdrai de l'argent cette journée-là, mais je garderai une programmation plus familiale, moins onéreuse le dimanche » note Christian Allex, programmateur du festival, dans les colonnes du Monde. Même si, depuis, la somme a été démentie par les équipes de l'événement. Selon nos informations, ce même Cabaret Vert aurait déboursé 500.000 euros pour la venue des Chemical Brothers en... 2015 ! Dire qu'en 2009, le cachet d'un million d'euros pour Bruce Springsteen aux Vieilles Charrues avait fait les gros titres. Aujourd'hui, il est devenu commun.

« Il est loin le temps où on se réunissait à Paris pour discuter entre nous parce que Radiohead demandait 150.000 euros. C'était il y a vingt ans » sourit Jean-Paul Roland, le directeur des Eurockéennes qui accueille cette année Indochine et Orelsan. S'ils font partie des artistes francophones qui demandent le plus, leur prix est toutefois bien inférieur aux stars internationales. Ainsi, le groupe de Nicola Sirkis demande entre 400 et 500.000 euros tandis que le rappeur star empoche jusqu'à 350.000 euros. Si Stromae touche une somme similaire à celle d'Indochine, David Guetta et Aya Nakamura, tous deux présents au Main Square Festival ce week-end, empochent 350.000 euros, tandis que -M- et Gojira tournent autour des 200.000 euros. Moins chers, Shaka Ponk et Michel Polnareff négocient leurs venues en festivals dans les 150.000 euros.

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S'ils ne tournent pas cette année, Les Insus ont négocié 600.000 euros par concert pour leur reformation en 2016, tandis qu'Angèle et Björk toucheraient dans les 250.000 euros. Soit 50.000 euros de moins que le duo phare PNL, selon La Croix. Pour sa tournée des festivals à l'été 2018 (Vieilles Charrues, Lollapalooza Paris...), Depeche Mode aurait touché « plusieurs millions d'euros » par concert, tandis que le prix de The Cure a explosé. Alors que le groupe de Robert Smith, venu à Rock en Seine en 2019, coûtait jusqu'alors 500.000 euros, il faudrait payer 750.000 euros pour les revoir en 2024. Mais ces chiffres sont loin du record absolu payé par un festival. On le doit à Coachella, qui a déboursé pas moins de 14 millions de dollars pour les deux premières dates de la tournée de reformation des Guns N'Roses en 2016.

Une nouvelle concurrence venue d'Europe de l'Est


Des prix hallucinants qui ont donc un impact sur le prix des billets. Si certains festivals comme les Vieilles Charrues ou Garorock restent stables, d'autres comme Rock en Seine, Lollapalooza Paris et le Main Square ont pris entre 6 à 10 euros de plus. Quant au pass 4 jours du Hellfest, il est passé de 289 à 329 euros en un an ! Pour Jean-Paul Roland des Eurockéennes, les festivals français ne peuvent pas concurrencer leurs homologues américains ou européens, « qui ont des jauges de 100.000 spectateurs par jour et comme sponsors des marques de cigarettes et d'alcools, ce que nous interdit la loi Evin ». Tous les directeurs s'accordent d'ailleurs à dire que faire venir des gros groupes est une négociation digne d'un mercato de football.

« Les Américains, qui viennent pendant un mois d'été en Europe et font aussi face à une flambée des coûts de production – le prix de location des tour bus a doublé par exemple –, vont forcément vers les plus offrants. Les cachets sont aussi devenus indécents » dénonce Angelo Goppee, directeur de Live Nation France, pointant du doigt une nouvelle concurrence venue d'Europe de l'Est avec « un pouvoir économique dix fois plus fort que nous ». Un casse-tête aussi bien national qu'international comme le résume Aurélie Hannedouche, directrice du syndicat des musiques actuelles : « Pour une tête d'affiche française dans un festival, il faut désormais débourser 150.000 euros, sans quoi vous n'avez rien ».

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