Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Les artistes mettent tout leur coeur dans un album. Ils sont donc forcement très déçus quand celui-ci ne sort finalement pas dans les bacs... Alors que Kim Petras a révélé que son label ne veut pas sortir son nouvel album, Purecharts vous raconte l'histoire de neuf disques qui n'ont jamais vu le jour, de Britney Spears à Prince en passant par les Beatles.
Crédits photo : Montage Pure Charts / Abaca / Steven Klein
1. Kim Petras - "Problématique"
Icone phare de la pop LGBTQ+, Kim Petras tease depuis plusieurs mois son nouvel album, très influencé par la scène européenne et notamment française. Preuve en est avec le clip de "Future Starts Now", à grands coups de Tour Eiffel, bérets, baguettes et « Un, deux, trois, quatre ». Sauf que depuis, l'artiste allemande n'a jamais donné plus de détails quant à la sortie du projet... jusqu'à ce début août, où l'album "Problématique" a entièrement fuité sur Internet. Le public a pu découvrir 17 titres, dont le single déjà connu "Coconuts" et l'irrésistible "All She Wants" en duo avec Paris Hilton. Loin d'être en colère, Kim Petras a incité les fans à aller écouter le disque car, selon elle, son label refuse de le sortir officiellement sur les plateformes. « Allez écouter mon album qui a leaké, je l'ai écrit pour vous. Il a fuité mais c'est pas grave, ces chansons ne sortiront jamais. Je veux que vous l'écoutiez et que vous me donniez votre avis (...) mais j'ai des chansons qui arrivent et qui vont vraiment sortir, c'est promis » a-t-elle indiqué après coup en interview, suggérant même qu'elle était à l'origine de ce lâché dans la nature.
2. Britney Spears - "The Original Doll"
En 2003, Britney Spears est au sommet de sa carrière. Elle a déjà sorti quatre albums et multiplié les tubes de "Baby One More Time" à "Toxic" en passant par "I'm a Slave 4 U". En novembre 2003, seulement quelques jours après la sortie de "In The Zone", elle affirme qu'elle travaille déjà sur son prochain disque. Elle en dévoile un premier aperçu en décembre 2004 à l'occasion d'une interview pour la radio KIIS-FM à Los Angeles. Nom du single ? "Mona Lisa", et elle annonce dans la foulée que son prochain disque s'intitulera " The Original Doll" et qu'il sortira « probablement avant l'été 2005 ». Si Britney Spears semble très motivée par le projet, c'est son label Jive qui court-circuitera sa sortie, furieux que la chanteuse ait diffusé un extrait de la chanson "Mona Lisa" sans son accord. Selon les informations qui se sont répandues sur la toile, le disque se serait composé de 16 pistes. Si certains titres ont fuité au fil des années, cinq d'entre eux se sont retrouvées sur un EP accompagnant la télé-réalité "Britney and Kevin: Chaotic", dont le fameux "Mona Lisa".
3. Lana Del Rey et The Last Shadow Puppets
On le sait, Lana Del Rey est une artiste très prolifique. En l'espace de 11 ans, elle a publié huit albums et composé bon nombre de chansons encore inédites qui ont fuité sur Internet. Néanmoins, c'est en 2019 qu'elle annonce avoir travaillé sur un projet des plus excitants : un album en collaboration avec The Last Shadow Puppets, le duo rock formé par Alex Turner (Arctic Monkeys) et Miles Kane. C'est dans une interview au NME qu'elle révèle l'information, assurant avoir « un petit groupe rock de côté » avec les musiciens qui accompagnent The Last Shadow Puppets sur disque et sur scène : « Ça n'est jamais allé quelque part, mais on a passé du bon temps ». Pourrait-on entendre ce disque un jour ? « Jamais » répondait alors Lana Del Rey : « Nous étions très bordéliques ». Toutefois, le public a pu découvrir des aperçus de cette collaboration puisque la chanson "California" est sortie cette année-là sur l'album "Norman Fucking Rockwell", tout comme "Thunder" et "Dealer" sur "Blue Banisters" (2021). Cette dernière est d'ailleurs un duo avec Miles Kane. De quoi boucler la boucle !
4. The Rolling Stones - "Necrophilia"
Au début des années 70, les Rolling Stones sont aussi célèbres que sulfureux. Ils viennent de sortir les chefs-d'oeuvre "Let It Bleed" et "Sticky Fingers" et s'installent en France pour échapper au fisc anglais. Entre 1971 et 1972, le groupe de Mick Jagger prépare un nouvel album appelé "Necrophilia". Un titre qui préfigure de la malchance à venir. Devant contenir une quinzaine de titres, le disque ne verra finalement jamais le jour en raison d'un désaccord entre le groupe et son ancien manager Andrew Loog Oldham sur la tracklist. La discorde se porte notamment sur le titre "Andrew's Blues" qui est jugé trop obscène. En effet, les paroles, très explicitement sexuelles, évoqueraient autant ledit manager que Sir Edward Lewis, le fondateur et président de leur label d'alors, Decca Records. L'étincelle qui aurait pu mettre le feu aux poudres. Finalement, "Necrophilia" disparaît dans les limbes mais, comme la plupart de ces projets avortés, une version pirate circulera sous le manteau dès 1975 sous le nom "Metamorphosis" et contenant l'intégralité des morceaux.
5. Prince - "Crystal Ball"
Le cas de Prince est unique tant ses projets discographiques avortés se comptent par dizaines. Mais penchons-nous sur l'un des plus célèbres : "Crystal Ball". Début 1987, Prince est au sommet du monde puisqu'il a enchaîné des albums unanimement salués ("Purple Rain", "Parade"). Ultra prolifique, l'artiste américain a plusieurs projets en tête. Dès l'été 1986, il finalise l'enregistrement de "Dream Factory", avec son groupe The Revolution. Puis à la fin de l'année, un autre projet en solo intitulé "Camille" où il s'invente un alter-ego à la voix suraiguë. Sauf qu'après la dissolution de The Revolution fin 1986, Prince a alors l'idée de réunir quelques morceaux des deux projets sur un triple album intitulé "Crystal Ball". Au programme, pas moins de 22 titres mêlant ainsi nouveautés et titres de "Dream Factory" ou "Camille". Suite à l'écoute du projet, Mo Ostin, alors directeur de Warner Bros. Records, conseille à Prince de revoir sa copie. Il sait qu'il est commercialement très risqué de sortir un triple album. Pourtant peu ouvert aux critiques, Prince accepte, fait le tri, garde 16 pistes et propose donc ce qui deviendra son chef d'oeuvre absolu : "Sign 'O' The Times", sorti en mars 1987. Les morceaux restants, dont la chanson-titre expérimentale de 10 minutes ou "Joy in Repetition" très apprécié par les fans, fuiteront rapidement sur des disques pirates avant de sortir officiellement et progressivement. On les retrouvera notamment sur l'édition "super deluxe" de "Sign 'O' The Times" (2020) ou en 1998 sur une compilation de titres inédits ou rares intitulée... "Crystal Ball" !
6. Green Day - "Cigarettes and Valentine"
En 2003, Green Day traverse une période plus "calme". Certes le groupe multiplie les albums, mais les énormes succès de "Dookie" (20 millions de ventes mondiales) et du tube "Basket Case" remontent à 1994 ! En cette année 2003 donc, le trio rock travaille sur ce qui aurait dû être son septième album studio : "Cigarettes and Valentine". Un disque qui s'annonce comme un retour à des sonorités plus punk comme au début des années 90. « Nous avons fait un petit break de nos musiques hard et rapides et ça nous a donné envie d'en refaire » indiquait à l'époque le bassiste Mike Dirnt. Seul problème : un jour, les fichiers des chansons sont volés et Green Day se retrouve les mains vides. Un mal pour un bien puisqu'au lieu de les réenregistrer, ils recommencent à zéro et donnent naissance à "American Idiot". Résultat : 14 millions de ventes mondiales, des tubes ancrés dans les esprits ("Holiday", "Boulevard of Broken Dreams") et une popularité renouvelée. Quant aux chansons subtilisées, certaines ont été retravaillées et sont sorties sous d'autres noms, tandis que le morceau "Cigarettes and Valentine" a été chanté sur scène en 2010. Cette version live sortira officiellement l'an suivant. Avec le recul, Green Day décrira ce vol comme « un miracle déguisé ».
7. The Beatles - "Get Back"
En 1969, les Beatles savent déjà que la fin est proche. Alors que le groupe vient d'enchaîner les chefs-d'oeuvre ("Sgt. Pepper", l'album blanc), il enregistre coup sur coup ses deux derniers albums "Let It Be" puis "Abbey Road"... qui sont sortis dans l'ordre inverse ! Sauf qu'au départ, "Let It Be" ne devait pas être le disque que l'on connaît aujourd'hui. Initialement intitulé "Get Back", il était censé être un disque véritablement rock et enregistré dans les conditions du live, sans aucune retouches. Le tout étant filmé par des caméras pour un film, ce qui donnera plus tard naissance au documentaire de Peter Jackson sur Disney+ (2021). En tout, 85 heures sont capturées et personne ne veut s'y plonger à corps perdu pour essayer d'en tirer quelque chose. Même McCartney, Lennon, Starr et Harrison ne savent finalement pas pourquoi ils ont filmé tant d'heures d'enregistrement. Allen Klein, le nouveau manager des Beatles, est quant à lui peu séduit pr cette nouvelle approche musicale que le groupe adore pourtant. Il confie les enregistrements au célèbre producteur Phil Spector, qui va alors rajouter des couches d'overdubs, notamment sur le morceau "The Long and Winding Road", au grand dam du groupe. Suite à de nombreux désaccords artistiques, l'album "Get Back" ne verra donc jamais le jour en tant que tel et sera remplacé par le célèbre "Let It Be".
8. The Beach Boys - "Smile"
Souvent mis de côté au profit des Beatles et Rolling Stones, les Beach Boys restent pourtant l'un des plus grands groupes des années 60. Multipliant les tubes surf rock au début de la décennie ("Surfin U.S.A.", "I Get Around"), la bande a vite voulu se donner une image plus mature, sous l'impulsion de Brian Wilson, la tête pensante de la bande. En résulte l'album "Pet Sounds" (1966), totalement boudé à sa sortie mais aujourd'hui considéré comme un des plus grands disques de tous les temps. Son successeur, "Smile", est l'un des plus célèbres albums jamais sortis. Enregistré dès février 1966 sous la direction de Brian Wilson, il s'annonce comme un projet complexe qui doit balayer un nombre incroyable de genres musicaux sur 19 titres, dont le tube "Good Vibrations". Mais alors que les enregistrements se multiplient, Brian Wilson abandonne finalement le projet "Smile" en mars 1967 en raison de ses problèmes de santé mais aussi de la méfiance d'un partie du groupe et du label Capitol envers ce disque qui ne s'annonce pas très commercial. Les 19 morceaux écrits et composés finiront leur course sur divers disques (principalement sur "Smiley Smile" en 1967) ou des enregistrements pirates, permettant aux fans de reconstituer petit à petit l'album. Devenu un objet de culte, "Smile" a finalement été réenregistré par Brian Wilson et son propre groupe en 2005 sous le nom "Brian Wilson Presents Smile", avant que le coffret "The Smile Sessions" (2011) ne retrace en cinq CDs l'enregistrement complexe de l'opus à travers la tracklist initialement prévue de 19 pistes et de nombreux titres alternatifs.
9. Chromatics - "Dear Tommy"
Débutant comme un groupe de rock au milieu des années 2000, Chromatics a petit à petit opéré un virage électronique et 80's en intégrant le label Italians Do It Better. Révélé en 2011 suite à l'utilisation de "Tick of the Clock" dans le film "Drive", le groupe prévoyait de sortir début 2015 son cinquième album "Dear Tommy", annoncé par plusieurs singles dont le génial "Shadow". Seulement, après avoir vécu une « expérience de mort imminente », Johnny Jewel, membre de Chromatics et fondateur d'Italians Do It Better, fait détruire toutes les copies physiques pressées de "Dear Tommy", à savoir 15.000 CDs et 10.000 vinyles. Devenu une arlésienne au fil des années, le projet "Dear Tommy" n'a cessé de revenir sur le devant de la scène, même à travers des t-shirts vendus par le groupe, avant d'être confirmé fin 2018 par Johnny Jewel dans les colonnes de Libération : « Il va sortir. A 100 %. Je me suis déjà trompé par le passé, mais je dirais que c'est pour la première moitié de 2020. (...) "Dear Tommy" n'est en rien un album perdu. Tout au plus retardé ». En avril 2020, il est de nouveau confirmé avec même une tracklist de 18 chansons. « Enfin ! » se disent les fans... Mais la joie est de courte durée puisque l'album ne verra finalement pas le jour, suite à la séparation de Chromatics en août 2021. Clap de fin !
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