The Weeknd, Marc Lavoine, Years & Years : 3 albums au banc d'essai

Pure Charts passe en revue trois albums qui ont marqué l'actualité musicale du mois de janvier. The Weeknd se branche sur haute fréquence avec "Dawn FM", Marc Lavoine fait vibrer sa fibre romantique sur "Adulte jamais", tandis que Years & Years a le coeur à la fête sur "Night Call". Critiques en quelques lignes !
Crédits photo : Brian Ziff / DR

The Weeknd | "Dawn FM"


Blame it on the radio. Le décor est planté par Jim Carrey en personne dès l'intro : « You are now listening to 103.5 Dawn FM / You've been in the dark for way too long / It's time to walk into the light / And accept your fate with open arms ». Pour la faire courte, vous voici en route vers le purgatoire après votre mort et, dans l'attente de votre sort, The Weeknd vous propose de vous détendre en écoutant quelques chansons qui passent sur cette mystérieuse station radio. Tout un programme ! Passé la (mauvaise) surprise de la pochette du disque, où le chanteur est grimé en vieillard, on se laisse très facilement embarquer par cette odyssée auditive, séquencée par la voix de Jim Carrey, des jingles et même des fausses publicités comme "Every Angel Is Terrifying". Oui, mais la musique dans tout ça ? Dans son exploration de la pop des années 80, "Dawn FM" se veut la suite directe de "After Hours", avec une touche rétro fort attrayante qui se conjugue à merveille avec tout cet enrobage bling-bling. Pendant que les lumières de la ville se reflètent sur les grosses cylindrées, les boîtes à rythme et les synthétiseurs se déchaînent… pour le meilleur et pour le pire. Au très dispensable "Take My Breath", on préférera la folie rock d'un "Sacrifice" - de loin le meilleur morceau d'une collection qui manque parfois de puissance et de créativité. "Here We Go Again", "Best Friends", "Don't Break My Heart" : The Weeknd enclenche (trop) souvent le pilotage automatique, et on se surprend à regarder l'heure à plusieurs reprises. Mais quand il donne un coup sur l'accélérateur, l'artiste excelle : "Is There Someone Else ?" et le langoureux "Out of Time", très Michael Jackson dans l'esprit, nous rappellent qu'il n'est pas arrivé au sommet par hasard. YR

Ça ressemble à une programmation à la fréquence instable
A écouter : "Sacrifice" pendant toute la durée du trajet, en alternance avec "Out of Time"
A zapper : "A Tale By Quincy", sorte de "Georgio by Moroder" loupé, "Take My Breath", le ronflant "Here We Go Again"


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Marc Lavoine | "Adulte jamais"


L'âme dans l'eau. Pour son 14ème album, Marc Lavoine a fait appel à de nouveaux compositeurs et musiciens pour changer un peu ses habitudes. Mais que son public se rassure, accompagné de Darko, Mathieu Pigné (Julien Doré), David Faisques ou Johan Czerneski, le chanteur de 59 ans ne révolutionne pas pour autant son répertoire sur "Adulte jamais", emprunt de mélancolie. Le spleen dans la peau, le poète romantique propose là une collection de chansons sensibles et élégantes, injectées d'une modernité habile, respectant toujours son ADN. Après 39 ans de carrière, Marc Lavoine ne délaisse pas les mélodies accrocheuses qui ont fait son succès depuis ses débuts comme en témoignent le superbe single "Le train", "Coeur d'occasion" ou encore "Adulte jamais", duo vibrant et radiophonique à souhait partagé avec Grand Corps Malade, une ode à la vie simple et à la liberté construite comme un ping-pong. Si les titres forts sont en minorité, le passé comme l'amour se prennent la main aux quatre coins de ce disque - les ballades sur lesquelles sa voix de crooner ronronne ses mots poétiques étant légion, de "Manhattan" à "Jusqu'à ce que l'amour nous sépare", en duo avec Virginie Ledoyen, en passant par "Le long de toi" ou "Mon rêve et vous" - doté d'un superbe final au saxophone. Ce qui ravira à coup sûr les coeurs sensibles... JG

Ça ressemble à l'album élégant d'un crooner
A écouter : les tubes "Le train" et "Adulte jamais", les très belles ballades "Nuages blancs" et "Dunkerque"
A zapper : "Rose bonbon", pas très subtil, l'ennuyeux "Badminton"





Years & Years | "Night Call"


Confessions on a dancefloor. Years & Years fait peau neuve. Après la machine à tubes "Communion" et le trop ambitieux "Palo Santo", le groupe s'est transformé en projet solo de son leader Olly Alexander. Le chanteur, et acteur dans l'excellente série "It's a Sin", s'assume comme jamais et laisse donc libre place à ses extravagances musicales. Le tout avec un seul mot d'ordre : nous faire danser jusqu'au petit matin. Car ce qui marque d'emblée sur ce troisième album "Night Call" est la façon dont il a été conçu avec uniquement des titres up tempo et aucune ballade ou titre plus lent pour ralentir le rythme. Ainsi, dès les premières notes de l'excellent "Consequences", Olly Alexander nous prend par la main et nous emmène faire un tour sur le dancefloor qui ne s'arrêtera que 10 chansons plus tard (ou 15 si vous prenez la version deluxe). On aurait juste aimé au moins une ballade à la "Eyes Shut" pour nous permettre de reprendre notre souffle pendant quelques minutes mais l'artiste a décidé de nous épuiser sur la piste de danse. Thématiquement aussi, Olly Alexander se libère. Plus horny on main que jamais, le chanteur évoque explicitement les aventures d'un soir ("20 Minutes" est un exemple plus que parlant) et celles faites pour durer, avec une énergie communicative et un petit sourire malicieux en coin. Inspiré par la pop des années 80 de New Order et des Pet Shop Boys, et enrobé des quelques touches disco, Years & Years propose un album résolument positif, dansant et festif, conçu comme un véritable appel à la fête après deux années à alterner entre confinement et couvre-feu. Et quelque part, ça fait énormément de bien. TB

Ça ressemble à une fête sans aucun temps mort
A écouter : les tubes en puissance "Consequences", "Night Call" et "Sweet Talker", le très sensuel "Strange and Unusual"
A zapper : "Crave", le seul moment où on quitte la piste


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