Angèle, LP, La Zarra : 3 albums au banc d'essai

Pure Charts passe en revue trois albums phares du moment. Alors qu'Angèle se livre sur "Nonante-cinq", LP se fait plus intense que jamais sur "'Churches" et La Zarra nous ensorcelle avec "Traîtrise". Critiques en quelques lignes !
Crédits photo : Pochettes

Angèle | "Nonante-Cinq"


Oui et non. Comment être à la hauteur des espérances quand son premier album s'est écoulé à plus d'un million d'exemplaires ? Devenue une chanteuse ultra populaire en quelques années seulement, Angèle se sait forcément attendue au tournant avec "Nonante-Cinq". Si elle aurait pu avoir la folie des grandeurs en musclant sa formule et en faisant appel à des producteurs étrangers, elle qui a eu droit à un beau coup de projecteurs grâce à son duo "Fever" avec Dua Lipa, l'artiste a finalement composé son disque chez elle, en plein Covid, retrouvant le talentueux Tristan Salvati déjà présent sur "Brol". Pour faire les présentations, Angèle a souhaité faire un point sur sa nouvelle vie à cent à l'heure, partagée entre la Belgique et la France, sur "Bruxelles je t'aime", véritable déclaration d'amour un peu excluante à la capitale belge, comme pour se rappeler d'où elle vient, où se trouve son essentiel. Un titre (un peu trop) léger mais très efficace, témoin d'un album résolument pop mais plus grave que "Brol", aux textes un peu scolaires, et moins inventifs aussi, comme si Angèle s'était un peu moins amusée. Ecrasée par la pression ou la lourdeur du confinement ? Les deux ? Se livrant un peu plus à l'auditeur, sans prendre trop de risques musicalement sur des productions parfois en pilotage automatique, elle regarde en arrière, se confie sur ses désillusions, le deuil, la célébrité, l'anxiété ("Plus de sens"), ses "Démons" avec Damso, ses cauchemars ("Mauvais rêves") ou nous plonge dans une dispute ("Taxi"). Heureusement, l'espoir n'est jamais loin ("Soyons réalistes, le monde nous appartient" ou "Quand on pourra fêter en grand / Tout prendra du sens"). Plus forte, et c'est un plaisir de l'entendre, Angèle impose ici et là sa liberté sur les bondissants hymnes "Libre" ou "Solo", sortes de déclinaisons mélodiques de "Bruxelles je t'aime" certes, balaie les haters et glisse un tacle à Cauet sur l'envoûtant "Pensées positives", tout en continuant de s'engager, ici pour le consentement ("Mots justes") et contre les violences conjugales sur le superbe "Tempête", climax du projet. De belles éclaircies sur un album agréable mais un peu sage, loin du grand huit annoncé par sa (géniale) pochette. JG

Ça ressemble à un manège (dés)enchanté
A écouter : l'intense "Démons", "Pensées positives", "Tempête", le très cool "Solo", "Plus de sens"
A zapper : "Taxi", "Profite", "Mots justes", qui plombent le tout


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LP | "Churches"


A confesse. LP est un diamant brut sous-estimé. Malgré le succès de "Lost on You" il y a cinq ans, le répertoire de la chanteuse américaine, bien qu'excellent, reste encore sous le radar du grand public. Et quelque soit l'accueil critique et commercial réservé à son nouveau disque, nul doute qu'il sera bien en deçà de ce qu'il mérite véritablement. Car avec "Churches", LP signe l'un des plus beaux albums de cette fin d'année. Construit en crescendo, le disque débute sur les chapeaux de roue avec l'intense "When We Touch" et sa montée en puissance qui donne des frissons, avant d'enchaîner avec les tubes en puissance "Goodbye", "Everybody's Falling In Love" et l'incroyable "The One That You Love" (qui rappelle "Lost on You" par instants) où la chanteuse fait monter sa voix dans des hauteurs folles. Car avec ce sixième disque studio, LP ouvre son coeur comme jamais, après que celui-ci a été brisé par une nouvelle rupture. Si elle ne cesse de demander une dernière chance ("One Last Time"), c'est à la fois avec puissance et émotion que l'artiste pose sa voix sur des textes tour à tour nostalgiques et mélancoliques ("How Low Can You Go") mais aussi malicieux ("My Body"). Mais LP nous a expliqué son secret : écrire les chansons de rupture avant qu'elles n'arrivent ! Un choix original qui confère aux 15 chansons, dont la plupart sont amenées à devenir de petits tubes, un aspect inédit dans la façon de traiter ce thème - mille fois entendu -du morceau de séparation. Naviguant dans des sonorités pop-rock certes classiques mais diablement efficaces, LP propose là un album formidable de bout en bout, qu'elle conclut sur une note à la fois douce et élévatrice avec un "Poem" simple mais touchant. La marque des grandes. TB

Ça ressemble à l'album coup de coeur de cette fin d'année
A écouter : les tubes en puissance "Goodbye", "Everybody's Falling In Love", "One Last Time", l'intense "The One That You Love", "Yes"
A zapper : "Angels", le point faible du disque




La Zarra | "Traîtrise"


Tout feu tout flamme. Mais quelle est donc cette voix magnétique qui chante l'amour et ses tourments en roulant ses R, et qui commence à envahir les ondes ? Venue du Québec avec l'envie de briser les frontières, La Zarra a signé le tube surprise "Tu t'en iras" où l'on retrouve ce qui fait toute la singularité de son univers : un héritage très variété française dans l'interprétation qui se calque sur des sonorités électro, pop, orientales et urbaines résolument modernes. Tout au long de son premier album "Traîtrise", à faire rimer avec maîtrise, la musicienne aux origines marocaines présente un charisme à toute épreuve, qui n'a ni besoin de sa sculpturale silhouette ni de son look vamp très glamour pour nous éblouir. Sa voix de miel, qui semble avoir vécu mille et une vies, suffit à nous embarquer dans des histoires romanesques, où la perfidie des hommes est bien souvent mise en scène ("Simple ami", "Fleur oubliée"). Le grand écart entre le très hip-hop "TFTF", possédant la patte Ruffsound (Zaho, Loud), et la ballade flamenco "Traitrîse" est un petit miracle d'équilibre, à l'image de ce disque ambitieux et abouti, confectionné avec brio par Benny Adam, à la réalisation. La Zarra n'a peut-être pas remporté le prix de la Révélation de l'année aux derniers NRJ Music Awards, où elle était nommée, mais pour nous, c'est un coup de coeur ! YR

Ça ressemble à un film hollywoodien chic et avant-gardiste
A écouter : "Fille de joie", qui donne le ton, "Tu t'en iras", "TFTF", "Traîtrise", le bijou "Pas le coeur à la fête"
A zapper : "Vie d'artiste", déjà entendu


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