Barbara Pravi, Lorde, CHVRCHES : 3 albums au banc d'essai
Pure Charts passe en revue trois albums phares de cette fin d'été. Barbara Pravi s'impose sur "On n'enferme pas les oiseaux", Lorde met du soleil dans nos vies sur "Solar Power" tandis que CHVRCHES retrouve son efficacité sur le sombre "Screen Violence". Critiques en quelques lignes !
Crédits photo : Pochette / Ophelia Mikkelson Jones / Sebastian Mlynarski et Kevin J Thomson
Barbara Pravi | "On n'enferme pas les oiseaux"
Envole-moi. « Ecoutez-moi, moi la chanteuse à demi » : voilà comment débute avec force le premier album de Barbara Pravi. Avec le cri du coeur qu'est sa chanson qui a fait vibrer l'Europe en mai dernier lors de l'Eurovision. Un titre qui, certes, rappelait la grande chanson française et lui a valu des comparaisons évidentes avec Edith Piaf. Une image dans laquelle on a aussi pu facilement enfermer l'artiste. Mais comme le rappelle le titre de son disque - coïncidence ou non - on n'enferme pas les oiseaux, et l'oiseau c'est elle. Libre, insaisissable, écoutant ses envies et guidée par ses tripes, Barbara Pravi propose aujourd'hui un disque abouti de 11 pistes, que l'on sent animé par une rage de s'exprimer, d'exister enfin. Après la forte exposition de l'Eurovision et l'accueil fou réservé à "Voilà", elle tient ici sa revanche après de longues années pour s'imposer. Apaisée par l'amour comme elle le clame sur "Le jour se lève", la plus belle chanson du projet, Barbara Pravi révèle ici une large palette d'un talent indéniable et de son univers, certes très homogène, aux allures de comédie musicale permanente. Avec ses qualités et ses défauts. Armée d'une plume cash mais poétique, d'une réalisation soignée et d'une interprétation qui caresse autant qu'elle percute, elle chante sa liberté, ses ambitions, ses failles et son amour de la musique avec intensité. Au passage, elle réussit l'exercice périlleux de sortir de son image de chanteuse à ballades, comme en témoignent le single "Saute" ou le superbe "Mes maladroits", même si elle glisse parfois vers une théâtralité exacerbée ("La vague", "La ritournelle", "La femme"). Mais sa force est que l'authenticité prend toujours le pas. JG
Ça ressemble à la carte de visite d'une future grande A écouter : le magnifique "Le jour se lève", le petit tube "Saute", "Mes maladroits", l'exaltant "Je l'aime, je l'aime, je l'aime" A zapper :"L'homme et l'oiseau", "La vague" ou "La ritournelle", parfaits pour un musical, moins pour un disque
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Lorde | "Solar Power"
Let the sunshine in. Ça y est ! Lorde remet son titre pop en jeu avec son nouvel album "Solar Power", qui compte bien ensoleiller nos vies. Si le disque aurait pu aisément sortir début juillet pour nous accompagner tout l'été, c'est pourtant à la rentrée que la chanteuse néo-zélandaise nous propose un 12-titres qui sonne déjà nostalgique. Les fans seront sans doute décontenancés à l'écoute : aux tubes pop ficelés à la "Royals" ou "Perfect Places", Lorde préfère une douceur folk et solaire que l'on doit à son fidèle collaborateur Jack Antonoff. Mais doux ne veut pas dire ennuyeux ! Car la popstar vise dans le mille avec ce "Solar Power" gorgé d'influences diverses, de Primal Scream à Natalie Imbruglia. Bien évidemment, quelques tubes évidents se détachent du lot comme le morceau-titre, "Mood Ring" ou l'excellent "Secrets from a Girl", mais Lorde ralentit globalement le tempo sur quelques ballades où sa voix est plus mise en avant que jamais, comme sur le formidable "Fallen Fruit". Si elle a tendance à nous perdre sur une deuxième partie plus lente et répétitive, elle se rattrape de justesse sur le final avec "Mood Ring" et "Oceanic Feelings", bouclant la boucle d'un album pensé pour les journées ensoleillées. Toutefois, derrière ses mélodies pop, celle qui dit détester l'hiver évoque sans fard l'imposant succès qui lui est tombé dessus à l'adolescence ("The Path"), sa vie de jeune adulte ("Stoned at the Nail Salon") ou encore son rapport à la nature ("Fallen Fruit"). Ainsi, à l'instar de Lana Del Rey sur ses derniers albums (produits par le même Jack Antonoff), Lorde s'émancipe de la pop qui a fait son succès pour proposer des hymnes folk aussi délicats que touchants sur un album conhérent, bien qu'un peu répétitif. La marque d'une jeune mais déjà grande artiste qui n'a pas fini de nous séduire. TB
Ça ressemble à l'album estival d'une artiste en pleine liberté A écouter : la sainte trinité "Solar Power", "Fallen Fruit" et "Secrets from a Girl", le tube en puissance "Mood Ring", "California" A zapper : "Dominoes", "Big Star" et "Leader of a New Regime" qui ralentissent le rythme sur la deuxième moitié
CHVRCHES | "Screen Violence"
Tubes cathodiques. C'est peu dire que CHVRCHES nous a un peu perdus avec "Love is Dead". En collaborant avec le producteur Greg Kurstin (Adele, Sia) pour céder aux sirènes de la pop mainstream, le trio écossais délivrait un album en demi-teinte... avant de signer son plus gros tube avec le DJ Marshmello ("Here With Me"). CHVRCHES se devait donc de relever la barre sur son quatrième album "Screen Violence" et ce n'était pas forcément bien parti. Après un "He Said She Said" faiblard et "How Not To Drown", qui n'intéresse que par la participation de Robert Smith, il a fallu attendre "Good Girls" pour que le groupe réussisse à nous convaincre avec ce qu'il sait faire de mieux : de la bonne pop synthétique et un refrain qui rentre immédiatement en tête. Fort heureusement, l'album "Screen Violence" suit ce chemin. Avec sa montée en puissance à la "Clearest Blue", CHVRCHES nous séduit d'emblée avec le génial "Asking for A Friend", qui devrait faire des ravages en live, puis enchaîne avec les percutants "California" ou "Violent Delight". Le trio se permet aussi une orientation plus rock sur "Final Girl" ou "Nightmares", morceau le moins marquant du disque. Ainsi "Screen Violence" se veut plus sombre que les précédents CHVRCHES, que ce soit dans les sonorités inspirées par The Cure ou Depeche Mode ainsi que l'ambiance des slashers des années 80, mais également dans les textes. Très inspirés, ceux-ci voient la chanteuse Lauren Mayberry relater ses douleurs (les paroles fortes de "Lullabies") mais surtout son expérience de chanteuse dans une industrie musicale sexiste. « Good girls don't cry / And good girls don't lie / And good girls justify / But I don't » lance-t-elle sur le refrain de "Good Girls". Un message puissant martelé au milieu d'un formidable album qui marque donc un retour en grâce pour CHVRCHES. TB
Ça ressemble à l'album de la renaissance pour CHVRCHES A écouter : le tube assuré "Good Girls", "California", "Asking for a Friend", le génial "Lullabies" A zapper : "Nightmares" et "Better If You Don't", les points faibles de l'album