Booba, Raphaël et Zara Larsson : 3 albums au banc d'essai

Pure Charts passe en revue trois sorties d'albums phares de la semaine. Booba signe son dernier disque avec "ULTRA", Raphaël impose sa poésie sur "Haute fidélité" et Zara Larsson met des paillettes pop dans nos vies avec "Poster Girl". Critiques en quelques lignes !
Crédits photo : Pochette / Arno Lam / Erik Henriksson

Booba | "ULTRA"


Game Over. Une page de l'histoire du rap français se tourne. Après 26 ans d'une carrière au sommet, Booba tire sa révérence avec un ultime album, le dixième, baptisé "ULTRA". « Ultra, ça me définit un peu, j'ai pas vraiment de milieu. Soit je suis très très gentil, soit très très méchant. Ultra, quoi ! Les extrêmes » disait-il ces derniers jours à Brut. L'événement est donc de taille et la pression très forte pour celui qui a « customisé » la langue française au fil des années avec ses punchlines et expressions entrées dans le langage courant. Si les attentes sont hautes, à la hauteur du parcours impressionnant de Booba, une légère déception se fait tout de même ressentir à l'écoute de ce dernier album. Le projet est certes de bonne facture, s'ouvrant notamment sur le musclé "GP" et enchaînant les titres vibrants ("RST", "Bonne journée"), mais rien n'est aussi ultra qu'annoncé. On pouvait s'attendre à un bilan sans concession de la part de cet artisan de la phrase choc, à plus de coups, de références, de fièvre et même d'émotion de « sortir par la grande porte ». Finalement, le Duc ne prend pas vraiment de risques, n'est pas aussi implacable qu'espéré dans ses textes et nous propose un dernier fleuve assez tranquille avec ses 14 pistes, sans surprises. Avec son flow sous auto-tune et une certaine mélancolie dans ses productions toujours impeccables, Booba s'entoure bien : de ses poulains d'abord comme JXS et Bramsito sur les très bons "Mona Lisa" et "Dernière fois", qui ferme l'album avec brio, nous sert un habituel feat. aux allures de tube - mais classique - avec Maes sur "VVV", tandis qu'il excelle quand sonne "Grain de sable", porté par la voix magnifique de la future grande Elia. "ULTRA" ravira sans doute les fans mais n'a définitivement pas la saveur d'un ultime album, surtout quand on connaît le talent de Booba. JG

Ça ressemble à un dernier album en sous-régime
A écouter : le magnifique "Grain de sable", l'efficace "VVV" avec Maes, "Dernière fois" en duo avec Bramsito, "RST", "L'olivier"
A zapper : le peu inspiré "Vue sur la mer", "Je sais", brouillon, "Azerty"




Raphaël | "Haute fidélité"


Electric blue. « Les années vingt seront folles, souviens-toi ». Véritable vision prophétique ou message d'espoir ? C'est sur ces quelques mots que Raphaël débute son neuvième album "Haute fidélité". Trois ans après avoir fait face à un "Anticyclone", le chanteur électrise son répertoire avec 12 nouvelles chansons aussi actuelles que nostalgiques, traversées par la thématique de l'amour. Convoquant les fantômes du passé (Johnny Hallyday, Christophe...) et évoquant la situation sanitaire sur le morceau-titre ("Ne baisse jamais ton masque"), Raphaël revient donc avec un disque intense et riche, donc chaque morceau recèle de très belles idées mélodiques. D'excellents sonorités électroniques jalonnent le disque et donnent naissance à d'excellents morceaux comme "Maquillage bleu", le délicat "Le bleu du ciel" ou encore "Je suis revenu", un tube en puissance. On est loin de l'époque de "Caravane" ! Bien que très autobiographique, "Haute fidélité" permet néanmoins à Raphaël d'ouvrir plus que jamais son univers à d'autres collaborateurs. Outre Benjamin Lebeau, moitié du duo électro The Shoes qui produit le disque, le chanteur a fait appel à Arthur Teboul de Feu! Chatterton, Valeria Bruni-Tedeschi, Pomme ("Le train du soir") ou encore Clara Luciani (le très bon "Si tu pars ne dis rien") pour l'accompagner dans le voyage musical, électrique et nocturne que représente l'album. D'ailleurs, en écoutant "Haute fidélité", impossible de ne pas penser à Christophe, dont l'influence plane sur tout le disque. Si Raphaël lui rend hommage sur le titre final "Norma Jean", certaines chansons et leurs arrangements électroniques n'auraient pas fait tâche sur un des récents projets du dernier des Bevilacqua. On a même l'impression d'entendre sa voix si reconnaissable sur "Impossible" ou "La jetée". "Haute fidélité" est donc un album de haute volée pour Raphaël, triturant et expérimentant plus que jamais les sonorités pour donner naissance à un projet innovant et dans lequel on se replonge sans problème. TB

Ça ressemble à un album qui brille par ses recherches musicales
A écouter : "La jetée", "Impossible", l'excellent "Je suis revenu", "Maquillage bleu"
A zapper : "Personne n'a rien vu", "Norma Jean" en hommage à Christophe





Zara Larsson | "Poster Girl"


Pop-patafix. On ne pourra reprocher à Zara Larsson de nous prendre au dépourvu. Depuis le début de sa carrière, la chanteuse suédoise est constante dans sa manière d'assumer de faire de la pop radiophonique. Son unique but ? Divertir ses fans ! « Je n'ai pas honte de faire du commercial car je veux que ma musique soit écoutée par le plus grand nombre » disait-elle à Pure Charts en 2017. Quatre ans plus tard, sa position n'a pas changé. Sur son deuxième album "Poster Girl", Zara Larsson aligne avec aplomb les hymnes aussi incendiaires que ravageurs, tournant autour de son thème préféré : l'amour. Entourée de la crème des producteurs scandinaves et américains (Mattman & Robin, The Monsters & Strangerz, Marshmello...), la chanteuse de 23 ans nous embarque aisément sur la piste de danse avec ''Love Me Land'', l'explosif ''WOW'' et ''Look What You've Done'', aux arrangements très Abba-esques, pour mieux ralentir le tempo sur des ballades intimes où sa voix de sirène est mise en lumière, à l'instar de ''Ruin My Life'' ou la dernière piste ''What Happens Here'', musclée par des petites touches urbaines bienvenues. Sans prise de risques, l'album s'enchaîne avec fluidité mais on regrettera d'en avoir entendu la moitié du contenu avant sa sortie : l'effet de surprise est d'autant plus amoindri que les titres les plus accrocheurs ont déjà été exploités. Charismatique et talentueuse, Zara Larsson mérite peut-être un peu mieux. YR

Ça ressemble à une collection pop parfaite pour la période
A écouter : "WOW", "Look What You've Done", le planant "Need Someone", "Love Me Land"
A zapper : "Right Here", surchargé d'effets inutiles


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