Crédits photo : Alexandre Fumeron / Bestimage
Bis repetita. Alors que Roselyne Bachelot a annoncé que les festivals se tiendraient cet été dans
une configuration assise et avec 5.000 spectateurs maximum, les conséquences se font déjà ressentir. En effet, le festival Hellfest vient d'annoncer qu'il n'aura pas lieu en juin prochain, pour la deuxième année consécutive. Une véritable catastrophe pour le plus grand festival de musiques "extrêmes" en France, qui avait pourtant rapidement prévenu que l'évènement ne se tiendrait pas si la ministre de la Culture interdisait les festivals en jauge debout. «
Pour moi, ce sera une nouvelle année blanche. Même si les restrictions sanitaires sont moins fortes dans quelques mois, la marche est trop haute avant qu'on arrive à une autorisation de jauge de 60.000 personnes par jour, collées les unes aux autres » révèle Ben Barbaud, le fondateur du Hellfest, à
Ouest France, sans pour autant être surpris par la décision : «
Depuis janvier, on doutait des chances de voir le festival se dérouler en juin prochain ».
"L'été prochain va être sinistré pour la jeunesse"
Si l'optique d'un festival assis divise les organisateurs, Ben Barbaud, lui, reste plutôt opposé à l'idée. «
Un festival de 5.000 personnes assises et à bonne distance, ça n'est pas un festival. Ça touche qui en réalité ? Essentiellement les festivals de musiques actuelles, qui attirent un public plus jeune que les festivals de jazz ou de théâtre. Les autres esthétiques musicales, électro, rap ou metal n'existeront pas l'été prochain » assure-t-il, déclarant que «
l'été prochain va être sinistré pour la jeunesse » : «
Les festivals, contrairement à ce que je peux lire, ne seront pas sauvés ». Décrivant cette décision comme quelque chose allant créer de la «
frustration », Ben Barbaud souligne également que la tenue du festival ne peut se faire dans ces conditions assises, et sans têtes d'affiches internationales : «
Le Hellfest, c'est quinze heures de concert par jour, c'est le camping, les buvettes. Et puis 90% de la programmation artistique est composée de groupes étrangers, donc je ne vois pas comment je peux trouver un plan B ».
Prévue du 18 au 20 juin prochain, l'édition 2021 du Hellfest aurait dû accueillir notamment System of a Down, Korn, Faith No More, The Offspring ou encore Judas Priest. Afin de ne pas manquer au public, les organisateurs du Hellfest réfléchissent à une alternative «
pour exister » : «
Est-ce que ce sera des concerts en ligne, ou des petits concerts de soutien pour les bénévoles ou intermittents ? Je ne sais pas. Mais une certitude, ce ne sera pas le Hellfest ». Il y a un mois, le festival avait adressé
une lettre ouverte à Roselyne Bachelot afin de demander plus de visibilité pour la reprise des événements : «
Il va donc falloir que nous acceptions l'idée que chaque mois qui passe à partir de maintenant nous coûte plus de 250.000 euros en salaires, charges fixes et autres remboursements d'emprunts. Et ce sans savoir si le festival aura lieu »
Ainsi, les festivals d'été vont devoir s'adapter avec cette contrainte de 5.000 spectateurs au maximum. Une décision difficilement envisageable pour Rémi Perrier, créateur du festival Musilac, craignant «
une vague d'annulations assez importantes » suite aux annonces de la ministre de la Culture, mais face à laquelle veut s'adapter Jérôme Tréhorel, directeur des Vieilles Charrues, comme il le clame au
Parisien : «
Ces annonces sont une bonne nouvelle pour ceux qui peuvent et veulent s'adapter à cette jauge. C'est un enjeu économique social et psychologique. Nous allons faire avec, car on se doit d'organiser quelque chose cet été pour nos bénévoles, nos prestataires et partenaires, pour la ville de Carhaix, les spectateurs et les artistes ». Le festival breton vient d'ailleurs d'annoncer que la 29ème édition des Vieilles Charrues prendra place du 8 au 18 juillet prochain pour 10 soirées de concerts. Pour le moment, les têtes d'affiches de ces 10 concerts ne sont pas connues.