dimanche 06 octobre 2019 10:45

"Que je t'aime", "Come Together", "Les Champs-Elysées"... Ces tubes fêtent leur 50 ans

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Les premiers pas sur la Lune, le festival de Woodstock, la naissance du nouvel Hollywood, le massacre perpétué par Charles Manson... En 1969, la fin de décennie a mené son lot d'actualités qui résonnent 50 ans plus tard... tout comme ces six titres cultes !
Crédits photo : Montage Pure Charts / Bestimage

Johnny Hallyday | "Que je t'aime"




Johnny Hallyday a vécu les années 60 à 100 à l'heure. De la gloire au désespoir, le Taulier est passé par toutes les étapes en conservant une popularité intacte. Alors qu'il prépare une série de concerts grandiose au Palais des Sports, le chanteur se voit proposer le titre "Que je t'aime", écrit en une nuit par le parolier Gilles Thibaut, alors en pleine relation amoureuse. A l'écoute, Johnny Hallyday demandera quelques modifications au niveau de la tonalité (trop haute) et des paroles, afin de regrouper tous les "Que je t'aime" en un refrain et non pas en début de chaque couplet comme c'était initialement prévu. Ces changements ont eu du bon puisque le succès est immédiat et "Que je t'aime" devient l'un des moments forts de ce spectacle présenté à Paris et décrit comme le « show de l'an 2000 ». On dit même que le titre provoque d'énormes scènes d'hystéries, ce qui oblige Johnny Hallyday à être souvent évacué en car de police pour échapper à l'hystérie des fans. Du coup, le single, devenu un des plus grands tubes du Taulier, s'écoule à plus de 700.000 exemplaires et devient la chanson la plus vendue de l'année. Le morceau ne sera inclus sur aucun album studio du chanteur mais deviendra le titre de l'album live du concert au Palais des Sports.

The Beatles | "Come Together"




Impossible de passer à côté du phénomène Beatles, ayant marqué, plus que n'importe qui d'autre, les années 60. Mais le Fab Four a vite effacé son image de garçons aux cheveux bien coiffés pour devenir le groupe le plus "expérimentateur" de son époque. Lassé des tournées hystériques et éreintantes, les Beatles s'enferment en studio et multiplient les chefs d'oeuvre : "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band", l'album blanc, "Yellow Submarine" et "Abbey Road". De ce disque emblématique, célèbre grâce à sa pochette, le groupe signe un ultime chef d'oeuvre dont est tirée le single "Come Together". Au départ, le titre est écrit lors du bed-in de John Lennon à Montréal et est destiné à la campagne finalement avortée de Timothy Leary, surnommé le "pape du LSD", pour devenir gouverneur de Californie. Remaniée et enregistrée en huit prises sous les directives de Lennon (qui déclare "Faites-moi un titre funky"), la chanson acquiert la notoriété grâce à sa ligne de basse omniprésente et ses paroles pleines de non-sens. Résultat, le single se vend à plus de 341.000 copies en France. En ouverture de "Abbey Road", "Come Together" deviendra un classique instantané et connaîtra d'innombrables reprises. La plus improbable ? Celle de Michael Jackson qui transforme le tube en proposition funk-rock en 1988.

Joe Dassin | "Les Champs-Élysées"




C'est probablement une des chansons françaises les plus connues de tous les temps, autant en France qu'à l'international. Adaptation dans la langue de Molière de la chanson "Waterloo Road" du groupe Jason Crest, "Les Champs-Élysées" est une ode à la plus belle avenue du monde, qui connaît son apogée dans les années 1960. « Au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit / Il y a tout ce que vous voulez aux Champs-Elysées ». Le titre est un succès immédiat aussi bien en France, où il s'en vend 500.000 exemplaires, qu'aux Pays-Bas et en URSS. L'ambassade de France au Japon utilise même le morceau pour symboliser son pays ! "Les Champs-Élysées" fait partie du troisième album (éponyme) de Joe Dassin, aux allures de compilation, puisque celui-ci contient aussi les tubes "Le petit pain au chocolat" ou "Siffler sur la colline". Devenu l'un des refrains les plus célèbres de la variété française, "Les Champs-Elysées" connaîtra bon nombre de reprises, de Garou à Zaz en passant par Hélène Ségara et même le groupe de punk-rock NOFX !

Serge Gainsbourg et Jane Birkin | "Je t'aime moi non plus"




Tient-on là le titre le plus scandaleux de l'époque ? Très certainement ! Car en mimant explicitement l'acte sexuel avec cette chanson, "Gainsbarre" va choquer la France, le monde entier et même le Vatican. Qualifiant la chanson d'« obscène », le prestigieux journal du Vatican, L'Osservatore Romano, provoque la censure du titre des radios italiennes, suédoises, espagnoles puis anglaises. Pourtant, le titre sulfureux se classe à la première place des charts anglais, une première là-bas pour un titre banni et en langue étrangère. A savoir qu'au départ, "Je t'aime moi non plus" était un duo avec Brigitte Bardot en 1967. Mais Gunter Sachs, le mari de l'actrice, fera interdire de diffusion le titre, craignant de devenir la risée du monde, ce qui met fin à l'idylle entre le chanteur et "BB". Il faudra attendre deux ans et l'amour naissant entre Gainsbourg et la jeune Jane Birkin pour que le morceau revienne sur le devant de la scène. L'énorme scandale suscité par "Je t'aime moi non plus", « un duo en râles mineures » selon la presse italienne, fait sa renommée et 750.000 exemplaires du singles s'envolent rien qu'en France. En comparaison la version avec Bardot, sortie 17 ans plus tard, ne s'écoulera qu'à 20.000 copies. Gainsbourg entre directement dans la légende, tout comme le scandale qu'il a créé.

Creedance Cleerwater Revival | "Proud Mary"




« Rolling, rolling on a river... » Beaucoup connaissent la chanson par le biais de Tina Turner sans pour autant savoir qu'elle est signée à l'origine du groupe de rock Creedance Cleerwater Revival. Le titre est écrit en 1969 par John Forgety, le leader de la bande, deux jours après son renvoi de la Garde nationale des Etats-Unis. Le titre est autant influencé par le Sud des Etats-Unis que par l'univers littéraire de Mark Twain, et raconte la vie d'une plongeuse qui va échapper à sa vie en prenant un bateau qui descend le Mississippi. Ainsi, Fogerty raconte son expérience à travers ce morceau auquel beaucoup de personnes pourraient s'identifier : « Left a good job in the city / Workin' for the man ev'ry night and day / And I never lost one minute of sleepin' / Worryin' 'bout the way things might have been »... Le single est un carton aux Etats-Unis où il s'en écoule plus d'un million d'exemplaires et plus de 150.000 copies sont vendues en France. La reprise vitaminée signée Ike & Tina Turner deux ans plus tard se vend autant mais éclipsera la version originale dans l'esprit populaire.

The Rolling Stones | "Honky Tonk Women"




1969 est définitivement une année bénie pour les deux groupes concurrents The Beatles et The Rolling Stones. Tandis que le Fab Four sort l'un de ses ultimes chef d'oeuvre "Abbey Road", le groupe de Mick Jagger propose "Let It Bleed", considéré comme le point d'orgue de sa carrière. Au programme, des classiques comme le lancinant "Gimme Shelter" ou la ballade "You Can't Always Get What You Want". Quelques mois plus tôt, les pierres qui roulent proposaient également "Honky Tonk Women", single langoureux qui raconte une nuit débridée avec une entraîneuse des bars du Far West (soit une prostituée), que l'on nomme communément les "Honky Tonk Women". Écrite fin 1968 par Mick Jagger et Keith Richards lors d'un voyage au Brésil, la chanson connaît une première version country, présente sur l'album "Let It Bleed". Le groupe finit par la retravailler, notamment sur scène, et devient le tube blues que l'on connaît désormais. Sorti le lendemain du décès de Brian Jones, le titre reste numéro un quatre semaines aux Etats-Unis et en Angleterre et se classe 13ème des classements français. Depuis devenu un incontournable de leurs concerts, "Honky Tonk Women" aura été joué plus d'un millier de fois sur scène !

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