Crédits photo : Pochette des albums
Robyn | "Honey"
Retour vers le passé ? 8 ans que la reine de la pop suédoise Robyn n'avait plus sorti d'album. Le mal est désormais réparé avec
"Honey", huitième opus composé de seulement neuf titres. Ce qui peut sembler peu face à cette interminable attente. Pourtant, dès l'ouverture sur
"Missing U", on retrouve cette synthpop 80's typique de la chanteuse, rappelant l'épopée "Body Talk". Cependant, depuis sa désertion discographique, d'autres ont brillé dans le genre. De là à soupçonner Robyn de sonner comme anachronique en 2018, il n'y a qu'un pas. Car, en lieu et place de refrains tubesques, la popstar préfère jouer la retenue, comme sur "Baby Forgive Me" ou le morceau-titre "Honey". Ce qui est d'autant plus dommage quand les 9 titres tournent souvent autour des mêmes gimmicks et qu'on flaire parfois le potentiel tubesque. Pourtant, Robyn a tout fait pour tenter des expérimentations musicales périlleuses. Mais celles-ci tombent souvent à l'eau, à l'instar de l'étrange (voire interminable) "Beach2k20" où s'entremêlent sons d'iPhone et pépiements d'oiseau ; et de "Between the Lines" sur lequel l'artiste se permet même le luxe de mixer des sonorités eurodance 90's et des couplets qui rappellent Janet Jackson. Un résultat déroutant et finalement pas très marquant. On retiendra "Send to Robin Immediately" dont le côté planant rappelle les pistes instrumentales de Phoenix ou Parcels ; avant un final sur un plus réjouissant "Ever Again", avec des lignes de basses empruntées à Metronomy. Normal, Joseph Mount, tête pensante du groupe, officie à la production. C'est ainsi que l'on ressort de ce disque à la fois déçu et surpris. Déçu d'avoir attendu huit années pour un disque qui, malgré d'éventuelles prises de risques, reste finalement assez peu inspiré et oubliable ; mais surpris face aux premiers retours dithyrambiques de la presse anglo-saxonne. Sommes-nous passés à côté de quelque chose ?
TB
Ça ressemble à un retour coincé dans le rétroviseur
A écouter : les plaisants "Missing U" et "Send to Robin Immediately", l'excellent "Ever Again"
A zapper : "Because it's in the Music", le trop long "Beach 2k20", "Between the Lines"
Jérémy Frerot | "Matriochka"
L'homme nouveau. Deux ans après l'annonce choc de
la séparation des Fréro Delavega, la moitié du tandem, Jérémy Frerot, lance brillamment sa carrière solo avec
"Matriochka". Avec ce premier album à contre-courant, le chanteur de 28 ans déjoue les attentes en s'éloignant assez nettement de l'univers fédérateur, entêtant mais facile, qu'avait l'habitude de proposer le duo. Le disque est même difficile à aborder de prime abord, car si le single
"Revoir" fait la passerelle avec son ancienne vie artistique, il est sans doute le moins représentatif de l'essence de "Matriochka", à savoir des arrangements brumeux entre folk et effusions électroniques. Jérémy Frerot ne s'en cache pas, ses inspirations se nomment Bon Iver, James Blake ou Asgeir, à qui il emprunte cette musique «
froide et volcanique » comme il le dit lui-même dans notre
interview. "Ouvre cette poupée" donne le ton : on nage dans des eaux fraîches, avec un équilibre subtil. Mais la magie opère. Pétris d'élégance, avec de belles variations, "Gaffe aux autres" ou "Regarder les gens" nous enferment dans une bulle de douceur comme il se fait rarement dans le paysage musical français actuel. Jérémy, d'une façon assez habile, évite de se noyer dans la mélodie pour au contraire en épouser la surface avec sa voix, plus claire que jamais. Notamment sur le délicat "Plonge", dédié à sa compagne Laure Manaudou. Si "Tu donnes" manque un peu de finesse, le temps se fige instantanément sur "Avant le jour", où quelques riffs de guitare acoustique viennent se mêler au bruit des vagues.
"L'Homme nouveau" sonne ainsi comme un beau manifeste : celui d'un artiste en pleine mutation.
YR
Ça ressemble à l'éclosion et l'émancipation d'un musicien dans l'âme
A écouter : "L'homme nouveau", "Regarder les gens", "Avant le jour", ballade somptueuse, "Plonge".
A zapper : "Des", presque un interlude, et "Tu donnes"
Gavin James | "Only Ticket Home"
A star is born. Dans l'ombre d'Ed Sheeran, Gavin James a brillé sur un premier album en tout points exceptionnel, "Better Pill". Deux ans et demi après, et suite au succès de ses remixes électro discutables, le chanteur irlandais livre avec "Only Ticket Home" un deuxième chapitre logique. Renforçant ses productions pour les radios, sans dénaturer la rareté de son don, comme le démontre le superbe single "Always", Gavin James conserve malgré tout son ADN sur une collection de chansons, certes parfois faciles, taillées pour les soirées d'hiver au coin du feu ou les stades. Deux salles deux ambiances, qu'il parvient souvent à unir avec brio. Avec ses deux facettes, et une voix toujours aussi incroyable, l'artiste vise dans le mille la plupart du temps : penchez-vous sur "Glow", véritable hymne à la Coldplay, la ballade folk romantique "The Middle", à la fois fragile et puissante, le hit exaltant "Start Again", la sublime "Put You Back Together" ou encore "Hard to Do", somptueux titre guitare-voix. On peut regretter parfois des arrangements superflus alors que Gavin James n'est jamais aussi juste et bouleversant que lorsqu'il s'assoit derrière un piano en y mettant toute son âme. Heureusement, il le fait encore et c'est d'ailleurs en live que son talent pur brille de mille feux. Ça tombe bien, il sera en concert à l'Elysée Montmartre de Paris le 21 février !
JG
Ça ressemble à l'album du fils spirituel de
Coldplay et Ed Sheeran
A écouter : "Faces", un tube potentiel, "Hard to Do", "Always", "Tired"
A zapper :"Easy", facile comme son titre l'indique, "Hearts on Fire", comme déjà entendu