Crédits photo : Montage Pure Charts
Craig David | "Following My Intuition"
Reborn to do it. 16 ans après son premier album culte, dont il n'a jamais su se relever,
Craig David renaît de ses cendres sur "Following My Intuition". S'immisçant dans la faille du son garage qui fait les beaux jours des charts UK, le chanteur a renoué avec le succès chez nos voisins britanniques (
"When the Bassline Drops" rappelant son "Re-Rewind" en 1999). Une résurrection de longue haleine. Intelligent, bien qu'un peu opportuniste, le nouveau son de
Craig David est un savant mélange du 2-step de ses débuts et des beats électro qui font aujourd'hui danser les foules. A l'image de "Ain't Giving Up" feat. Sigala ou "Nothing Like This", pas vraiment originaux mais aux allures de hit, mais aussi "No Holding Back" feat. Hardwell et surtout "Here With Me". Le pire ? Quand
Craig David regarde vers le passé avec "16", un medley de ses anciens tubes sur la mélodie de "Where Are Ü Now" de Jack Ü et Justin Bieber... Heureusement, le reste est plus authentique ("Got It Good" feat. KAYTRADANA) et
Craig David n'a rien perdu de son flow unique tandis qu'il fait parfois revivre un R&B d'antan qui nous a tant manqué. Un petit plaisir coupable.
JG
Ça ressemble du neuf avec du vieux
A écouter : "What If", comme à la belle époque, "Couldn't Be Mine", "Change My Love", "Here With Me", un hit nostalgique, "Warm It Up"
A zapper : "When the Bassline Drops", indigeste, "One More Time", déjà entendu
Solange | "A Seat at the Table"
Digestion difficile. C'est sans doute un mauvais timing pour Solange, mais
son troisième album atterrit dans les bacs six mois après "Lemonade" de Beyoncé. La chanteuse américaine, qui a réussi à tracer sa propre route en embrassant un univers soul-R&B fortement inspiré de la Motown, sera inévitablement comparée à sa grande soeur. Car si le projet est en gestation depuis 2013, il offre en substance le même message militant que Beyoncé dans "Formation". "A Seat at the Table" est une célébration de la culture afro-américaine, un témoignage à vif sur la souffrance d'une population et le racisme qui gangrène encore la société américaine. Solange, qui a fait du mouvement "Black Live Matters" le sien, n'est pas seule dans son combat pour l'identité : Lil Wayne la rejoint sur le très beau "Mad", le rappeur new-yorkais Q-Tip joue les choristes sur "Borderline (An One To Seft Care)" et Sampha insuffle un peu de soul au captivant "Don't Touch My Hair".
Kelly Rowland et Nia Andrews, elles, posent leur voix sur un extrait a cappella qui ouvre l'exaltant "Junie". Un squad solide qui vient soutenir des mélodies imprégnées de funk et de soul, où le piano instaure une ambiance intime. Ceux qui espéraient une suite à "Losing You" seront inévitablement déçus car l'album prend une orientation plus confidentielle et moins explosive. Mais son message est autrement plus profond. On aurait simplement souhaité plus d'implication sur la forme...
YR
Ça ressemble à un bel hommage à la culture afro-américaine
A écouter : "Crane in the Sky", le jazzy "Where Do We Go", "Mad", "F.U.B.U"
A zapper : les (trop) nombreux interludes qui parasitent l'écoute : huit au total !
BANKS | "The Altar"
Sacrifice. «
I fuck with myself more than anybody else » clame d'une voix fragile Banks sur le premier extrait de son deuxième album "The Altar". Poursuivant les divagations pop-R&B langoureuses qui avait fait de
"Goddess" (2013) un petit diamant noir, la chanteuse américaine se débat avec cette idée d'auto-sabotage, épineux fil rouge qui anime ses nouveaux morceaux. Avec sa voix de velours, elle se confronte plus frontalement à ses angoisses, apparaissant combative après une déception amoureuse (
"Gemini Feed"), exigeante ("Weaker Girl") ou libérée de ses chaînes ("This Is Not About Us"). L'incisif "Trainwreck", où elle dispense sa rage sur une production très urbaine, aurait constitué un featuring parfait avec Nicki Minaj ! Mais la belle, qui aime s'envelopper d'une aura brumeuse, reste en proie au doute. Et c'est quand elle ouvre son cur qu'on défaille. Ballade désarmante à la guitare sur la dépression, "Mother Earth" offre le moment le plus terrassant et sincère de l'album. Dans un registre plus intense, on se laisse facilement séduire par la beauté empoisonnée de "27 hours", qui conclut le projet. Dommage que l'ensemble reflète un manque d'ingéniosité dans les compositions, moins inventives que sur le précédent album.
YR
Ça ressemble à une thérapie torturée à la FKA twigs
A écouter : le sublime "Mother Earth", "Gemini Feed", "Judas", "Weaker Girl", "Mind Games", "27 Hours"
A zapper : le déroutant "Fuck With Myself", "Lovesick", "Poltergeist"