Crédits photo : Montage Pure Charts / DR
Christophe Maé | "L'attrape-rêves"
Spleen. Pour la première fois de sa carrière, Christophe Maé troque sa bonne humeur communicative qui a fait son succès pour dévoiler une âme plus sombre. Dommage que, dans le contexte actuel, l'artiste n'ait pas conservé son coté
feel good. Mais que les fans se rassurent "L'attrape-rêves" ne nous plonge pas dans une dépression sans fin ! Oui, Christophe Maé se questionne sur la vie, notre société (
"Lampedusa") ou les faux semblants ("Les amis"), mais le public retrouvera sa voix éraillée, son flow à la cool mais qui sait se faire incisif, et sa capacité à composer des mélodies accrocheuses. Les tubes sont cependant moins éclatants mais il y a de beaux singles en perspective comme le vibrant "L'attrape-rêves", "La Parisienne", au texte un peu facile mais au refrain entêtant, et "La Californie", radiophonique à souhait. Le reste manque globalement d'éclat, même si la sincérité de l'artiste est indéniable.
JG
Ça ressemble la crise de la quarantaine de Christophe Maé
A écouter : "L'attrape-rêves", "La Parisienne",
"Il est où le bonheur"
A zapper : "La Californie", inaboutie mais intéressante, "Les amis", scolaire
Meghan Trainor | "Thank You"
No more about that bass. Le virage pop de
Taylor Swift a-t-il donné des idées à Meghan Trainor ? Très vite, trop vite d'ailleurs, la chanteuse a troqué ses tenues colorées, son univers pop acidulé et ses tubes rétro comme
"All About That Bass" pour proposer avec "Thank You", un album plus générique. Ce n'est pas pour autant que Meghan a vendu son âme au diable, mais ses nouveaux morceaux auraient pu être chantés par Ariana Grande et autres consoeurs ("I Won't Let You Down"). Si elle a d'ailleurs perdu en humilité dans ses textes, Meghan reste brillante quand elle conserve son son
doo wop ou soul ("Mom", "I Love Me"...), et parvient à s'extraire de ce personnage avec brio le temps de fulgurances 90's, comme sur le single
"No", rappelant Britney ou les Destiny's Child, ou "Watch Me Do". Mais ses excès de modernité lui valent aussi de se perdre parfois (
"Me Too"). Au final, Meghan Trainor est juste devenue une popstar comme les autres. Un peu trop tôt.
JG
Ça ressemble à un album d'Ariana Grande 1.0
A écouter : "Better", single potentiel estival et enivrant, "Mom" et "Champagne Problems", deux tubes aux antipodes, "Just a Friend to You" au ukulélé
A zapper : "Me Too", inaudible
Kygo | "Cloud Nine"
Un été sans nuage. Enfin ! Intronisé
the next big thing du monde de la nuit depuis le carton de
"Firestone" et
"Stole The Show", Kygo franchit un palier dans son irrésistible ascension. Loin de l'époque où le DJ norvégien suscitait l'admiration pour ses remixes sur SoundCloud, Kygo est aujourd'hui une machine à tubes qui enchaîne les records en streaming (1 milliard d'écoutes en 2015) et fait danser la planète entière. Un mal ou un bien ? On laissera chacun se faire son propre avis pour se focaliser sur le secret de sa réussite : le sentiment d'évasion qui transperce chacun de ses morceaux. Inspiré par l'amour et la quête du bonheur, Kygo remet au goût du jour la tropical house et réunit autour de lui une sacrée brochette d'invités sans tomber dans la facilité des gros featurings. Mis à part John Legend sur l'euphorique "Happy Birthday", ses collaborateurs se nomment Parson James, James Vincent McMorrow, Foxes, Matt Corby, Kodaline ou Angus et Julia Stone. Les clubbers avides de bombes dancefloor seront ravis (
"Raging", "Stay", "Fiction"...) mais pour la surprise, on repassera. Kygo applique une recette déclinable à l'infini : un mid-tempo aérien, quelques claps, des synthés caribéens, un piano dramatique... C'est parfaitement maîtrisé mais y aurait-il un peu plus à nous offrir ?
YR
Ça ressemble à la bande-son parfaite pour voyager
A écouter : "Carry Me", "Oasis", "Serious", "Nothing Left" et "Raging"
A zapper : "Fragile", bien trop plaintif, et le redondant "I'm In Love"