Tunisiano

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"Le Regard des gens" est sorti il y a six ans. Comment Tunisiano, l'artiste, a évolué depuis ?
J'espère avoir évolué en bien premièrement. Je suis toujours autant passionné de rap. Je m'inspire beaucoup de mon quotidien, des choses que mes proches ou moi-même sommes amenés à vivre. J'ai grandi, je me suis assagi, j'espère que ça se ressent dans mes textes. Je pense être moins virulent qu’avant, même si cela m’arrive encore de l'être. J'essaie de mélanger le fond et la forme, ça passe par des sonorités plus actuelles, j’essaie d’être plus "flow", chose que je ne calculais pas à l’époque du "Regard des gens". Et puis dans le message, j'essaie d'être toujours aussi incisif et de piquer au vif.

Il y a beaucoup de featurings dans l'album. Donner leur chance à de nouveaux artistes, c’est important pour toi ?
Là, j'ai la chance de faire mon album solo. En groupe, comme on était trois, les titres se faisaient très rapidement, du coup on n'a jamais vraiment pris le temps de kiffer avec d’autres artistes. Là c’est différent, ce sont mes choix. Lino et Youssoupha, je les suis depuis longtemps, je suis très fan d'eux. Vald, c'est un artiste que j’ai signé sur mon label, il est très talentueux et va rapidement se faire connaître, et Ol Kainry c'est un ancien il rappe depuis longtemps. Ensuite pour Dokou, c'est un jeune chanteur qui vient d’arriver, comme Klem d'ailleurs. En fait, tu vois, je ne me pose pas ces questions. Quand je fais un titre, je me dis "Tiens, l'univers de cet artiste colle bien avec le morceau"…

Pour le clip de "Paris", tu dévoiles un autre facette : séducteur, jazzy... L'idée de départ, c'était d'offrir un clin d'oeil au film "The Artist" ou à "Smooth Criminal" de Michael Jackson ?
Effectivement, il y a des petites références à "Smooth Criminal". Mais c'est surtout des clins d'oeils au film "Les Affranchis", la prohibition, les années 30. Pour "The Artist", non pas vraiment, en plus c'est en voix-off ce film, moi je rappe. (Rires)

Découvrez "Paris", le dernier clip de Tunisiano :



Le titre de l'album, "Marqué à vie", évoque la période trouble, le procès, qui a entouré le morceau "La France". Comment résiste-t-on à l'envie de tout arrêter quand on subit ça ?
Au contraire, même si je sais qu'ils ont essayé de nous user psychologiquement et physiquement, parce que tu dois te justifier par rapport à ta musique alors que pour toi, c'est juste de la musique, une façon de t’exprimer... Artistiquement, ça m'a un peu plombé à une période, mais, au contraire, ça m'a donné une rage de vivre, tu deviens un peu revanchard. Du coup, j’ai essayé de dire ce que je pense avec des mots différents, en faisant plus attention, et me protéger pour ne plus être attaquable.

Dans ta tribune pour le "Huffington Post", tu dénonces des atteintes à la liberté d'expression. En quoi la censure d'aujourd'hui est-elle plus vive qu'hier ?
Nous, à l’époque, on avait évoqué ça par rapport à un titre du rap. Aujourd’hui, ça touche tout le monde, les humoristes… Demain, ça s’étendra peut être au cinéma. On a l'impression d'évoluer avec une muselière. Ça va de plus en plus loin, on interdit à certaines personnes de passer à l'antenne pour des raisons diverses et variées. Il faut laisser la justice trancher, et ne pas interdire comme ça… Ce sont les valeurs culturelles de la France.

Selon toi, le rap doit-il nécessairement passer par la contestation pour exister ?
Pour moi, c’est l'essence même du rap. C’est d'ailleurs pour ça que j'aime le rap, c'est la seule musique qui dénonce les choses, qui n'a pas peur de dire ce que tout le monde pensait tout bas. Après, il y a plein d'autres choses dans le rap, ça peut faire danser, sourire… Mais pour moi, tout ça n’existe pas s'il n'y a pas le message qui va te faire te réfléchir ou réagir. C'est une musique qui est censée parler des personnes qui sont opprimées.

Quel regard portes-tu sur les clashs Booba/La Fouine/Rohff ? Servent-ils le rap selon toi ?
Franchement, je n'ai même pas envie d'en parler. J'en ai rien à faire, je trouve ça inutile rien que d'en parler. Juste le fait d’en parler, ça nous dessert car on parle d’eux.

As-tu déjà eu des conflits avec d’autres artistes ou des gens du métier ?
Oui, La Fouine, j’ai eu des petites galères avec lui mais c'est réglé.

Crédits photo : Pure Charts / Laurent Galant
Tu seras en concert à la Boule Noire le 20 mars. Prépares-tu quelques surprises pour le show ?
Oui oui, il y aura des surprises, des invités… On va faire quelque chose de spécial pour cette date-là. C'est le premier concert où on présentera l'album.

Vous avez déjà des idées pour le prochain album de SNIPER ?
Sincèrement, par rapport à Sniper, je ne sais pas. On a fait de belles choses, trois beaux albums. On a sorti un album avec Aketo, "A toute épreuve", qui est sorti en 2011. Je préfère laisser SNIPER là où c'est pour le moment, je n'ai pas envie de tout mélanger…