dimanche 13 juin 2021 15:20
Tom Gregory en interview : "La France m'a ouvert les bras et a accepté ma musique"
Le phénomène pop du moment ? C'est Tom Gregory ! Auteur des tubes "Fingertips" et "Rather Be You", le chanteur anglais se confie à Pure Charts sur son succès en France, la naissance de ses hits, l'importance des radios et son deuxième album en préparation. Interview !
Crédits photo : Ozge Cone
« Il faut que tu viennes au concert à Paris ! » Derrière ses lunettes de soleil, les yeux de Tom Gregory pétillent. Et pour cause : après des mois à être enfermé chez lui, le chanteur anglais a enfin pu se rendre dans la capitale française pour faire la promotion de son album "Heaven In A World So Cold", emmené par les tubes "Fingertips" et "Rather Be You" qui ont déferlé sur les ondes. Entre deux passages radios, le phénomène pop nous a donné rendez-vous dans un hôtel du 10ème arrondissement de Paris pour une interview en face-à-face... comme dans le monde d'avant ! Propos recueillis par Théau Berthelot. Quel est ton premier souvenir musical ? Aussi loin que je puisse m'en souvenir, c'est quand j'ai hérité de la collection de disques de mon père qui était énorme. Je n'avais pas vraiment le choix, la musique était vraiment sous mon nez. Mais j'ai eu de la chance car mon père a vraiment de bons goûts. Il écoute du Billy Joel, vraiment de tout, des années 70, 80 et 90, donc j'en ai hérité en quelque sorte. A 7 ou 8 ans, j'écoutais vraiment de tout. "The Voice" a été une des mes meilleures expériences Tu as participé à "The Voice UK" alors que tu n'avais que 17 ans. Cette expérience t'a forgé musicalement ?C'est quelque chose dont je parle souvent et en fait, je pense que ça a été une des meilleures choses qui me soient arrivées dans ma carrière. J'étais très déçu qu'ils disent non et du coup ça m'a permis d'écrire des tonnes de chansons et de découvrir qui j'étais en tant que personne et en tant que chanteur. La plupart des chansons que j'ai écrites à cette époque m'ont donc permis d'être signé et d'être ici aujourd'hui. Du coup, ta défaite dans l'émission t'a motivé à aller plus loin ! Si j'avais tout abandonné, je ne serais sûrement pas là en train de te parler (sourire). C'était drôle car l'un des derniers concerts que j'ai fait avant le confinement, c'était un festival à Zurich. L'un des coachs de "The Voice" était Danny [O'Donoghue, ndlr] de The Scripts, donc l'un des juges qui m'avait dit non, et ce jour-là, j'ai partagé la scène avec lui et son groupe car il jouait au même festival. C'était un beau moment que de penser que j'avais fait le bon choix, que j'avais pris la bonne décision à l'époque. Regardez le clip de "Fingertips" par Tom Gregory : Si j'avais tout abandonné, je ne serais pas là aujourd'hui ! Entre "The Voice" et la série télé "The A Word", tu as commencé ta carrière assez jeune. C'était facile de garder les pieds sur terre à un si jeune âge ?Pour être honnête, ça a toujours été très facile pour moi. Tu sais, je viens d'une petite ville en Angleterre où personne ne fait grand chose. Donc si je rentre chez moi et que je me comporte comme un idiot, tout le monde le saura. Donc c'était vraiment facile car je n'avais pas vraiment le choix. Et tu sais quoi ? C'est vraiment facile d'être gentil ! Peut-être que beaucoup d'artistes ne partagent pas le même avis mais je pense que c'est toujours mieux d'être toujours sympa avec les gens. Je pourrais tout à fait être là en train de faire cette interview et simplement te répondre par "Ouais... Ouais... Ouais...". Je ne mens pas là dessus ! Tu as cartonné avec ton single "Fingertips". Peux-tu nous raconter son histoire ? C'était fou ! Je travaillais sur mon album et j'avais beaucoup trop de chansons tristes sur les femmes. Je voulais arrêter d'écrire ce genre de chansons d'amour clichés. Juste après "The Voice", j'avais une guitare à la maison mais elle s'est cassée et mes parents ne pouvaient pas m'en acheter une nouvelle ou me la faire réparer. Du coup, il y avait une vieille guitare à mon école et je l'ai volée. La plupart des chansons qui m'ont valu d'être signé ont été écrites avec cette guitare. Quand j'écrivais mon album, je me suis dit qu'il fallait que j'ai une chanson qui parle de cette guitare et c'est devenu "Fingertips" ! J'ai écrit "Fingertips" avec une guitare volée Tu l'as rendue cette guitare ?Oui et en fait, je l'ai signée ! Dans l'école, il y a une grande plaque avec la guitare signée, tous les disques d'or et un petit mot qui dit "Merci beaucoup ! Vous pouvez la récupérer j'ai ma carrière maintenant" (rires). Tu sentais son potentiel tubesque ? Il y a tellement de choses qui doivent se produire pour qu'une chanson devienne un tube. Je savais que c'était une chanson très spéciale car elle était immédiatement très bonne, à l'écoute. Mais en réalité, je n'avais aucune idée que la chanson puisse avoir un tel succès. Si je dis oui, je te mentirais ! En France, la chanson a surtout cartonné en radio, ce qui est plutôt étonnant à l'ère du streaming. La radio a toujours un poids aujourd'hui, selon toi ? Absolument ! Les radios ont toujours été reines ! Les gens n'ont pas le choix quand ils écoutent la radio : ils peuvent changer de station mais si tu es numéro cinq ou numéro un de l'airplay, ta chanson est jouée à peu près partout donc les gens sont obligés de l'entendre. C'est une plateforme exceptionnelle pour les artistes afin qu'ils soient écoutés et où les gens n'ont pas le choix. Sur les plateformes de streaming, les gens peuvent ne pas écouter ton morceau et passer directement au suivant. Ce qui n'est pas le cas de la radio, du coup. Ce qui est cool aussi avec la radio, c'est que les gens qui n'ont pas peut-être pas aimé ta chanson à la première écoute pourront commencer à l'apprécier au bout de trois ou quatre fois parce que c'est devenu plus familier pour eux. Pour toi, c'est plus important d'avoir du succès en radio ou en streaming ? N'importe quel succès, peu importe d'où il vient, est quelque chose d'incroyable pour moi. D'où je viens, j'ai enchaîné tous les jobs merdiques que tu peux imaginer : j'ai travaillé dans un cinéma, nettoyant le sol ou les toilettes... Donc ce succès reste génial, peu importe son origine. Ce succès t'a mis une pression pour la suite ? Oui... Mais heureusement, très vite après "Fingertips", j'ai su quelle serait la prochaine chanson. J'étais en train de voir "Fingertips" très bien se débrouiller dans les charts et j'avais déjà "Rather Be You" dans la poche. Donc, en ce sens, j'ai été très chanceux. J'aime toujours avoir les chansons en avance et savoir assez tôt ce qui va se passer par la suite. Je n'ai jamais voulu être le gars d'une seule grosse chanson Tu as connu un autre succès avec "Rather Be You". Ça t'a rassuré de ne pas être un one-hit wonder ?Je pense que c'est le cas ! Je n'ai jamais voulu être ce genre de gars qui fait une seule grosse chanson, qui empoche le pactole et qui disparaît. Je dois remercier les gens qui m'entourent pour ça. Je pense que j'écris beaucoup plus de chansons que nécessaire et, la plupart, je pense que les gens ne les entendront même pas. Je suis toujours surpris de savoir que tant de personnes me trouvent assez intéressant pour écouter ma musique ou pour m'interviewer. C'est assez fou, pour être honnête. Au moins, en écrivant autant de chansons, tu as le choix pour tes prochains albums ! J'ai toujours beaucoup de choix ! Et je n'ai pas l'impression que ce soit le cas de beaucoup d'artistes. Beaucoup écrivent une chanson et se disent qu'elle est géniale. Personnellement, je suis très critique envers moi-même et je me dis toujours qu'il y a toujours une meilleure chanson à faire. C'est arrivé avec "River", notamment. On avait tellement de chansons qui auraient pu prendre la place de "River" et au dernier moment, j'ai écrit "River" et c'était le bon choix. La France a fait une exception pour moi Tu cartonnes hors de tes frontières, principalement en Allemagne et en France. Sais-tu pourquoi ça a tant pris dans ces pays-là et pas en Angleterre ? Pour être honnête, je pense que c'est parce que je me suis plus concentré sur ces pays-là. Quand j'ai commencé ma carrière, personne ne voulait me signer en Angleterre. Du coup, je me suis beaucoup plus concentré sur l'Europe car ça m'a toujours plus intéressé. Je suis sûr que tu rêverais d'avoir du succès dans ton propre pays aussi ! C'est vrai, mais je ne suis pas désespérément à la recherche de ça. Ça arrivera quand ça arrivera. J'ai des objectifs, j'ai des buts mais je me dis toujours que ça arrivera. Peut-être pas maintenant, peut-être dans 6 mois, mais ça arrivera un jour ! C'est étrange mais en même temps je peux rentrer chez moi et avoir une vie plutôt normale. Pour mes amis, je suis Tom qui cartonne et qui fait des concerts en Europe, ce qui est plutôt sympa (rires). Pourtant, on sait que c'est assez dur pour les artistes internationaux de cartonner en France. Je n'ai jamais ressenti ça car j'ai eu immédiatement du succès en France. C'est quelque chose dont je suis incroyablement heureux et reconnaissant. J'ai l'impression que la France a fait une exception pour moi, elle m'a ouvert les bras en accueillant son frère britannique. Je suis toujours aussi heureux de voir que la France a accepté ma musique. Je ne sais toujours pas pourquoi mais c'est arrivé, et ça me fait extrêmement plaisir. J'ai eu le plus de succès pendant la pandémie, c'est étrange Après ces succès tu as sorti ton premier album "Heaven In A World So Cold" en septembre dernier. Que voulais-tu dire avec ce premier disque ?Je voulais que quand les gens écoutent l'album, ils puissent l'écouter comme un moment d'évasion, comme c'est le cas pour moi. Si tu es assis dans ta voiture ou ta chambre, ça peut te transporter à un autre endroit. Ça semble un peu gnangnan mais c'est vraiment ça ! Je voulais un album qui puisse emmener les gens autre part. Je suis très fier de ce premier album : il est varié, il y a des chansons pour tout le monde... Les chansons parlent d'expérience personnelles pour la plupart. C'était nécessaire pour toi de te présenter au public avec des chansons intimes ? C'est la chose la plus importante ! Si le public ne voit pas à quel point tu es authentique, ça peut te blesser en tant qu'artiste. Certaines personnes te diront que j'ai tort mais pour moi, si les gens ne croient pas à ce que tu chantes, ils n'achèteront probablement pas ton album (rires). Lancer ta carrière et sortir ton premier album en temps de pandémie, j'imagine que c'est quelque chose de difficile. Comment l'as-tu vécu ? C'était vraiment fou car j'ai connu la période de ma carrière avec le plus de succès durant cette pandémie, justement. Donc c'était vraiment une époque étrange car beaucoup de mes amis n'ont pas passé de superbes mois durant cette période de coronavirus. En anglais, on dit "bittersweet" [doux-amer, ndlr] et ça l'a été pour moi. A la fois, je voulais célébrer le fait que j'avais du succès mais je me sentais assez triste pour les gens autour de moi à qui il n'arrivait pas forcément la même chose. C'était donc assez étrange et bizarre ! Plus que jamais, les gens ont besoin de musique Tu as quand même voulu rester positif en maintenant la sortie de ton album malgré le confinement ?C'était vraiment important pour moi de le sortir parce que je pense que, plus que jamais, les gens ont besoin d'écouter de la musique en ce moment. Je me suis convaincu de ça : quand les gens doivent rester chez eux, on doit pouvoir les emmener ailleurs. S'ils ne peuvent pas sortir, on doit les inspirer à aller ailleurs. C'était très important car tous les jours que j'ai passé assis dans ma chambre quand j'avais 12 ans, et nous n'étions pas en période de confinement, j'écoutais de la musique et ça m'emmenait ailleurs. Et j'ai l'impression que les gens ont besoin de ça. Peut-être que mes ventes d'albums en ont souffert mais je m'en fiche ! J'ai du succès avec mes singles et je devais le sortir, je sentais que c'était mon devoir. Je pourrais même sortir le prochain album durant la crise, si elle continue et si je dois le faire. (sourire) Pour toi, quel est ton "paradis dans ce monde si froid" ? C'est peut-être une réponse assez ennuyeuse mais : la musique. C'est ce que je fais maintenant. Te parler, écrire des chansons, voyager dans toute l'Europe pour chanter mes morceaux, c'est quelque chose de vraiment fou. Je n'y crois toujours pas à tout ça, j'ai toujours l'impression que quelqu'un va venir me dire que c'était pour rire. "C'est qu'une blague mec, désolé. Ce n'est pas toi mais l'autre gars à côté". Mon deuxième album sortira cette année Tu as récemment dévoilé ton nouveau single "River". Comment est-il né ?C'est un morceau qui est venu sur le tard. On avait pas mal de choix de chansons pour le single, mais dès que j'ai écrit "River" je savais, dès les premières notes que j'ai écrites, que ce serait la bonne chanson. En plus, je voulais vraiment revenir avec un nouveau son. Cette chanson a une telle énergie ! "River", c'est une nouvelle année, un nouveau départ, un nouveau son pour Tom Gregory et je voulais présenter ça aux gens en amenant donc quelque chose de différent, d'un peu plus lumineux. Je l'ai écrite juste avant Noël. Tu travailles sur ton deuxième album ? Pour l'instant, la plupart du travail est fait. Il n'est pas fini à 100% parce que je ne suis jamais pleinement satisfait, je me dis toujours que je peux faire mieux. Mais ce second album, c'est sûr qu'il sortira cette année. J'adore sortir de la musique et j'ai l'impression qu'aujourd'hui, les gens ont peur de sortir des chansons ou des albums car ils pensent que ça ne va pas bien se vendre. C'est vraiment ennuyant, j'ai envie de leur dire "Allez, sortez des choses !" (rires). Donc oui, je travaille sur mon deuxième album, il y a beaucoup de chansons et vous l'aurez avant la fin de l'année ! Que peut-on en attendre ? Des sons différents... Ce sera assez différent de ce que j'ai fait avant, mais ça doit l'être car si j'étais un fan de Tom Gregory, je voudrais cela. Personnellement, je ne voudrais pas faire deux albums similaires. Vous n'entendrez pas des chansons comme "Rather Be You" ou "Fingertips" sur cet album, ça c'était pour le précédent. Je veux amener de l'énergie positive, des chansons rocks un peu dans l'esprit de "River", qui était un vrai développement pour moi. Il y aura quelques surprises dessus et j'ai hâte que le public puisse l'entendre. Il y aura des collaborations ? Ça c'est le côté secret (rires). Pour être complètement honnête avec toi, il n'y aucun plan pour l'instant mais tout peut arriver. Les collaborations se passent toujours au dernier moment, je n'ai juste pas trouvé quelqu'un qui aille bien avec ce que je fais en ce moment. Je ne suis pas Justin Bieber qui peut faire un duo avec n'importe qui, je ne suis pas dans cette position mais si c'était le cas je le ferais. On parle de collaborations mais je dois juste trouver la bonne personne. J'adorerais collaborer avec Pink, elle est fantastique En général, avec qui aimerais-tu collaborer ?Je réponds toujours Pink. Je l'adore. Musicalement, on est assez proches, avec ce côté pop-rock... C'est une artiste fantastique, pour moi, c'est un caméléon car elle a vraiment tout fait. J'espère que dans 15 ans, les gens se souviendront de moi en disant qu'il a essayé tous les genres. C'est pour ça que je la respecte tant ! Après tes succès, quand pourras-tu enfin monter sur scène ? On est train de discuter de la salle dans laquelle on va jouer à Paris l'année prochaine. Je ne peux pas encore le dire mais je suis si excité à l'idée d'y jouer. Ça va être fantastique ! Il y aura aussi quelques autres concerts prévus en France. Mais je ne peux pas en dire trop, je ne veux pas être tué par mon management. J'imagine que ça a été dur pour toi de ne pas monter sur scène en 2020 alors que tu cartonnais ! Ça a été si dur ! Tu sais, les succès, les streams, les passages radios ou les disques d'or, c'est génial, mais la raison pour laquelle j'ai commencé à faire de la musique, c'est pour monter sur scène et jouer devant autant de personnes possibles. Je n'ai pas pu faire ça pendant un an donc ça a été difficile, parce que je mesure mon succès au nombre de personnes qui viennent à mes concerts.
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