Accueil > Actualité > Interview > Actualité de Thirty Seconds To Mars > Thirty Seconds to Mars en interview : "Nous n'avons jamais été un groupe qui se répète"
dimanche 11 février 2018 12:20

Thirty Seconds to Mars en interview : "Nous n'avons jamais été un groupe qui se répète"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Emmené par "Walk on Water" et "Dangerous Night", le nouvel album de Thirty Seconds to Mars paraîtra le 6 avril. De passage en France, le groupe de Jared Leto a accepté d'en dire plus à son sujet à Pure Charts. Son virage pop, Donald Trump, le streaming... Confidences !
Crédits photo : Polydor
Cela fait presque cinq ans que votre dernier album "Love, Lust, Faith + Dreams" est sorti, ce qui est une éternité dans l'industrie. Surtout aujourd'hui, dans un monde où le marché de la musique évolue très vite. Pourquoi avez-vous mis autant de temps ?
Tomo Milicevic : Et bien, il faut vous rappeler que pendant la moitié de ce temps nous étions en tournée ! Partout à travers le monde. Vous pouvez donc enlever deux ans. (Rires) Pour nous ce n'est pas si long. On ne dirait pas mais faire un album prend beaucoup de temps.

Quand avez-vous sérieusement commencé à travailler dessus ?
Shannon Leto : Presque immédiatement après la tournée, en fait. Il y avait des idées de chansons qui étaient déjà là. On écrit beaucoup dans notre bus, on enregistre tout le temps. La plupart du nouvel album s'est construit sur les routes. Au Japon, au Mexique...
Jared Leto : A Seattle aussi, en Californie, à New York, en Russie. On a un studio portatif.
Tomo : De nos jours, les studios sont si petits...

Juste un iPhone et c'est parti ?
Shannon : C'est un peu ça, oui ! Tu n'as pas besoin de beaucoup plus.

On traverse des temps difficiles
Vu que vous n'arrêtez pas de promettre de la musique « bientôt », on peut imaginer que cet album s'intitulera comme ça ?
Jared : En vrai, ça se pourrait bien ! Qui sait.
Shannon : Ne vous inquiétez pas, on le révélera... bientôt. (Rires)

Dans le single "Walk On Water", vous dites « Les temps changent ». Pour le meilleur ou pour le pire ?
Jared : C'est à l'auditeur de décider. Personnellement, je suis optimiste pour le futur mais il est vrai que les paroles du titre font écho à ce qu'il se passe aujourd'hui dans le monde.

Le clip comprend plusieurs références à Donald Trump. Cet aspect politique était intentionnel ?
Jared : Cette vidéo est une expérience. Elle raconte ce qu'il se passe aux Etats-Unis sur une journée, et plus précisément le jour de la Fête nationale américaine. Elle a été filmée un peu partout à travers le pays mais elle ne montre qu'une petite fraction de tous les rushes qu'on a reçus. On a suivi le président mais aussi des groupes de personnes très différentes. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, le président fait partie de l'histoire de notre pays...

Mais vous glissez des statistiques éloquentes dans ce clip, comme quand vous rappelez que 99% des Américains sont immigrants ou issus de l'immigration. Dans le contexte actuel, ce n'est pas anodin...
Jared : C'est une affirmation sociale. Et c'est aussi un fait. Si vous voulez le voir comme une déclaration politique, vous pouvez mais pour nous, c'est avant tout une déclaration humaine. Je crois qu'il est important de rappeler, quand quelqu'un commence à faire valoir son droit de possession, que nous partageons tous la seule et même planète.

Regardez le clip "Walk on Water" :



"Walk On Water" est une chanson pleine d'espoir. Quand on retrace vos anciens titres et celui-ci, on a le sentiment qu'abandonner n'est jamais une option pour vous.
Jared : J'aime garder espoir. On traverse des temps difficiles, intenses et qui représentent un véritable défi... Des temps d'instabilité et d'incertitude. Mais je veux rester optimiste à ce sujet. J'ai bon espoir que les choses continueront à progresser et à s'améliorer.
Shannon : Je suis d'accord. Ce qu'il se passe aujourd'hui fait parler les gens mais les rassemble aussi. Et il y a une raison à cela. A travers ces discussions, un résultat positif va émerger.

La musique transcende les langues et les cultures
Pensez-vous que la musique a le pouvoir de changer le monde ?
Tomo : Oh, absolument.
Shannon : Bien sûr.
Tomo : La musique est un communicateur qui transcende les langues et les cultures. C'est un outil formidable pour parler au plus grand nombre. Elle permet d'avoir une voix à travers la chanson.

Doit-on s'attendre à un nouvel album plus politique ?
Shannon : "Politique" n'est pas le bon mot. Ça raconte notre histoire à nous, celle de l'humanité... Ce sera social.

Le clip de "Walk on Water" est une partie du documentaire "A Day in the Life of America'', un projet très ambitieux. D'où provient l'idée de sa création ?
Jared : Quand on était petit, on avait ce livre appelé "A Day in the Life". Le magazine National Geographic avait envoyé des photographes un peu partout dans le pays pour prendre des centaines de photos. On s'est toujours dit que ça serait intéressant d'en faire un film, plusieurs décennies après, et cet album nous a semblé être le bon moment pour mener à bien ce projet. Les thèmes, et ce que racontent nos nouvelles chansons, sont importants et opportuns. C'était une belle opportunité. J'aime me dire que l'album et le documentaire forment les deux pièces d'un même puzzle, même si elles existent aussi par elles-mêmes.

Quel est le plus difficile dans la réalisation d'un album ?
Jared : Le finir ! Écrire une chanson n'est pas ce qu'il y a de plus compliqué, mais finaliser les morceaux... Ça, c'est le vrai challenge. Chaque titre possède ses propres règles, aucun n'est créé de la même façon. En général, je débarque avec un bout de mélodie ou bien je prends ma guitare, je me pose devant le piano, on essaie de construire quelque chose autour et ça prend forme petit à petit. Mais il faut parfois se battre pour qu'une chanson prenne vie.

''Dangerous Night'' est votre nouveau single. Que vouliez-vous raconter à travers lui ?
Jared : "Dangerous Night" est un nouveau territoire pour nous. C'est excitant parce que c'est une chanson moderne, vraiment dans son temps et optimiste, qui parle d'amour et veut dire qu'il faut saisir les chances qui s'offrent à nous. Ce qui est assez drôle finalement, car tomber amoureux est l'une des choses les dangereuses qui puisse arriver à quelqu'un. S'ouvrir à un autre être humain est effrayant.

Ecoutez "Dangerous Night" :



Des extraits que j'ai pu entendre, le disque s'inscrira dans la lignée du virage pop entrepris depuis "This Is War" (2010). Vous comprenez les fans qui disent regretter le côté rock et metal de vos débuts ?
Jared : Je crois que c'est une critique tout à fait vraie et légitime. ''Walk on Water'' n'est pas ''Conquistador". Pourquoi aurait-on envie de réécrire "Battle of One", "The Fantasy" ou "Buddha for Mary" une deuxième fois ? Ces chansons sont magnifiques pour ce qu'elles sont. Elles font partie de notre histoire et si vous voulez entendre pareil, vous pouvez les réécouter. Mais nous n'avons jamais été un groupe qui se répète. Si les gens ne veulent plus écouter notre musique, ce n'est pas grave. Ce qui nous intéresse, c'est de se donner des défis et avancer en regardant vers le futur. On essaie d'être aussi inventif et créatif que possible. Je crois qu'il est nécessaire pour un groupe de chanter et continuer d'évoluer. C'est excitant d'ouvrir de nouvelles perspectives ! De toute façon, je n'aime pas trop le mot "pop" car il est trop large...

En studio, tu dois suivre ton instinct
Il n'y a plus de place pour le rock aujourd'hui ?
Jared : C'est vrai, la guitare est plus un outil aujourd'hui mais personnellement j'ai des raisons personnelles pour ne plus vouloir autant de guitares dans notre musique. C'est une question technique : le son de la guitare à l'ère numérique est vraiment rêche et rugueux. Avant on enregistrait ça sur cassettes, avec des instruments analogiques... Aujourd'hui tout est si bruyant, ça n'a plus le même impact. Je trouve que l'impact vient de la basse. Notamment dans le hip-hop, qui est sans doute le genre le plus rock'n'roll de nos jours ! Si tu laisses le choix à un jeune entre une chanson rock et un titre de Kendrick, il ira vers le titre de Kendrick car il est plus impactant, plus clair, plus direct. Quoi qu'il en soit, on sera toujours Thirty Seconds to Mars. Sur scène, on peut jouer "Walk on Water" puis enchaîner avec "The Kill" et ça sera toujours le même groupe. D'ailleurs, certains personnes qui aiment "Walk on Water" n'écouteraient sans doute jamais "Buddha For Mary" ! Quand tu es en studio, tu dois suivre ton instinct.

En tant qu'artiste, comment vivez-vous l'avènement du streaming ? Est-ce plus difficile de vivre de sa musique aujourd'hui ?
Jared : Il y a beaucoup de débats autour de cette question. Le streaming est là. C'est le futur, le présent. Il ne faut pas le combattre car après tout, comment faisaient les artistes avant ? Tu sais, on a vendu des disques pendant des années et on n'a jamais touché de l'argent dessus. Qui se remplit les poches ? Pas les artistes. A moins de fabriquer ses propres CDs, les vendre soi-même à ses concerts et être totalement indépendants. Mais je suis d'accord, les gens doivent être correctement payés pour leur travail. Le streaming, ce n'est pas assez pour le moment. Il y a des ajustements à faire mais c'est une problématique qui n'est pas nouvelle. Les musiciens devraient s'organiser, se rassembler, protester et écrire des lettres pour faire valoir leurs droits. En revanche, il faut reconnaître que les entreprises de streaming nous ont rendu service car elles ont éradiqué le piratage. C'est un outil formidable où tu peux accéder à la musique facilement, et à grande échelle. Ça va dans le bon sens.

Cela fera bientôt 20 ans que Thirty Seconds to Mars est né. Quel est la clé pour maintenir une bonne cohésion d'équipe après tout ce temps ?
Jared : C'est une très bonne question. Je crois que d'avoir un objectif, une vision commune nous rassemble. J'en ai parlé avec Jeff Bezos [ndlr : le PDG d'Amazon] il n'y a pas longtemps et il disait exactement la même chose : « Regarde ton manifeste. Souviens-toi de la mission que tu t'es fixé ». C'est ce qui permet de remettre les personnes sur la même longueur d'ondes. L'important, c'est de respecter l'espace de liberté de chacun.
Pour en savoir plus, visitez 30secondstomars.com et 30secondstomars.fr.
Écoutez et/ou téléchargez l'album "Love Lust Faith + Dreams" sur Pure Charts.

Charts in France

  • A propos de Pure Charts
  • Mentions légales
  • Publicité
  • Politique de cookies
  • Politique de protection des données
  • Gérer Utiq
  • Nous contacter