SuperbusVariete Francaise » Rock Français
samedi 22 février 2025 12:22
Superbus en interview : "Je ne sais pas si on aurait duré autant en étant que des hommes dans le groupe"
Superbus est de retour avec une nouvelle version de "Lola", partagée avec Hoshi et Nicola Sirkis. La chanteuse Jennifer Ayache en dit plus sur cette collaboration à succès et le prochain album du groupe, attendu en juin.
![]() Propos recueillis par Théau Berthelot. Parmi tous vos titres, pourquoi avoir choisi de revisiter "Lola" avec Hoshi et Nicola Sirkis ? Cette chanson a-t-elle une signification plus particulière que les autres ? En fait, on s'est rendu compte que c'était une chanson qui nous définissait bien. C'est quand même une de nos chansons que les gens connaissent le plus. Et puis surtout, on avait envie de la faire et d'inviter des copains dessus. Et c'est vrai qu'Hoshi, je sais que c'est une chanson qu'elle aime beaucoup. Du coup, ça nous a semblé être le choix le plus faisable et le plus cohérent. C'était une chanson importante à l'époque, notamment à travers les paroles avant-gardistes ? Oui et c'est vrai que, 20 ans après, elle a une signification qui prend vraiment tout son sens. Le monde a vachement évolué, même s'il reste encore du chemin, mais c'est vrai que c'est une chanson grâce à laquelle j'ai reçu tellement de messages depuis toutes ces années. Des messages de petites nanas qui me disaient qu'elles s'étaient découvertes, que ça leur avait changé la vie, leur façon d'aborder leur sexualité, de se sentir moins seules... Je me suis rendue compte, après coup, que cette chanson avait quand même changé quelques mentalités, à échelle modérée. Ça a changé pas mal de choses dans la vie de certaines personnes. Est-ce que tu penses que si la chanson sortait aujourd'hui, sans évidemment le vécu des 20 ans, tu l'aurais sortie de la même façon ? Est-ce que le texte aurait été différent ? Oui, sûrement. J'avais 20 ans quand j'ai écrit cette chanson. J'en ai 20 de plus ! (Sourire) Donc forcément, je pense que j'aurais utilisé peut-être d'autres termes, d'autres phrases. Mais ce "Allô Lola" en tout cas il m'est apparu comme ça, comme une évidence, et puis après j'en ai fait une histoire pour raconter ce que je vivais sur le moment. C'était un peu imagé. Mais je pense qu'effectivement aujourd'hui, j'aurais peut-être changé deux-trois trucs dedans. Mais finalement, elle m'appartient même plus cette chanson je trouve donc ça joli qu'on la laisse comme ça... Tu dis "courir" après Nicola Sirkis depuis 20 ans. C'était important de collaborer avec lui ? Oui, ça fait 20 ans ! On se connait depuis 20 ans, personnellement, parce que sinon je connaissais évidemment Indochine. Ça fait longtemps que je lui proposais des titres, des choses, des duos, j'avais envie d'écrire avec lui. Ils nous ont invités en première partie de leur "Central Tour" à Lille. On était là, mais ça ne se faisait pas : il me disait oui, puis non... Un jour, je lui ai dit "Ecoute, je fais "Lola" avec Hoshi, est-ce que tu pourrais me faire une phrase ?". Et il m'a dit "Attends, juste une phrase ? Mais non je vais faire plus". J'étais hyper contente ! "Lola" a changé quelques mentalités Est-ce qu'on peut voir ça aussi comme une sorte de passage de flambeau entre trois générations ?Pas vraiment un passage de flambeau, je ne sais pas, mais en tout cas, c'est trois générations et c'est génial. Je suis très très fière d'avoir réussi à amener ces deux artistes avec nous parce que le message est quand même cool ! Tu parlais tout à l'heure d'une chanson qui appartient au public et pas à l'artiste, cela se voit dans les chiffres puisque la chanson a signé un joli démarrage ! C'est fou ! Et c'est pour ça qu'on l'a faite. On sait que "Lola" et "Butterfly", ce sont nos chansons phares, celles qui nous caractérisent le plus. Même si on a sorti beaucoup d'albums depuis et d'autres titres... Nous avons beaucoup de respect envers ces chansons-là parce que c'est grâce à elles qu'on est encore là et qu'on continue. C'est fou ! Est-ce qu'il pourrait y avoir d'autres collaborations avec Hoshi ou Nicola Sirkis ? Je ne sais pas. On aimerait, forcément. En plus, j'ai l'impression qu'on a créé un nouveau groupe tous les trois. J'aimerais, mais je pense que c'est joli si ça reste juste cette petite touche sur un titre. Avec Hoshi, on a écrit plusieurs chansons ensemble, on avait même un autre duo en stock, mais ce n'est pas sorti. On garde ça dans les tiroirs pour l'instant... Mais pourquoi pas ! On a vu sur les réseaux sociaux que tu étais justement au concert d'Indochine à Orléans... C'était incroyable ! J'ai eu très très peur. Vraiment, leur scène est impressionnante. C'est un bulldozer. A chaque fois, ils mettent vraiment le paquet ! Tout ce qu'on aime voir en live, ils l'ont sur leur scène, c'est vraiment génial. Je suis allée pour taper sur les tambours sur un titre. (Rires) Nicola Sirkis, je lui coure après depuis 20 ans Après "Lola", est-ce que tu penses que tu pourrais revisiter d'autres chansons du groupe ou c'est vraiment un one shot ?Là c'était un one-shot, mais on trouve vraiment du plaisir à faire ça. C'est amusant d'essayer de réorchestrer ses titres, même si on n'a pas beaucoup changé... Peut-être "Butterfly"... On va voir, mais pour l'instant ce n'est pas à l'ordre du jour. On nous avait conseillé de faire ça il y a des années. C'est vrai qu'il y a une vague de nostalgie des années 2000 ou 2010, avec des gens heureux de réécouter des titres qui ont marqué leur jeunesse, comme avec Kyo. Quand tu fais de de la musique, tu as quand même envie de sortir des nouvelles chansons et de faire des trucs nouveaux, c'est sûr ! Mais c'est un exercice assez sympa aussi de revisiter ces anciens titres. Tu dis qu'à l'époque, on t'avait déjà proposé de le faire. Pourquoi vous aviez refusé ? C'était trop tôt et on était en train de bosser sur notre nouvel album. Ça fait 4 ans qu'on est dessus, donc on était hyper concentrés sur ça. Mais ça peut avoir sa place sur un nouvel album, même des titres revisités en duo, ça peut être cool. Justement, puisque tu en parles, le nouvel album de Superbus va sortir en juin. Que peut-on en attendre ? On a mis le temps. On a enfin presque fini. C'est vraiment un album de Superbus. On a fait tout ce qui définit Superbus. Donc, c'est vraiment nos premiers amours : il y a des choses un peu ska, des trucs un peu surf, plus pop-punk, un peu 80's... On a fait un gros package de ce qu'on aime faire. On est assez contents. Ce n'est pas fini fini mais presque ! (Sourire) Avec Hoshi, nous avons écrit plusieurs chansons dont un duo Cet album, on en parlait déjà lors de notre précédente interview il y a un an et demi. Qu'est-ce qui a pris autant de temps ?Il y a eu le Covid, oui, mais on se met beaucoup de pression. On a envie de faire un truc bien. Et c'est dur au bout du septième album. On se demande ce qu'on va pouvoir faire de nouveau. Il faut vivre des choses aussi ! Moi, pendant le Covid, je n'ai pas été du tout productive. Tout était à l'arrêt donc, je n'avais rien qui me venait, je n'avais pas envie de faire de musique. Comme tout était mis sur pause, je n'avais pas trop envie, mais à un moment, il fallait s'y remettre. On a écrit beaucoup de titres, au moins une cinquantaine, qu'on a jetés et refaits. Vous nous parliez d'un album plutôt lumineux, ce sera toujours le cas ? Oui c'est pour ça que je te dis qu'on revient à nos premières amours. On revient vraiment à ce qu'on aimait faire au début. Et au niveau des textes, de quoi ça parlera ? Il y a toujours des textes sur les relations humaines, les histoires de coeur qui vont mal, les trucs impossibles... Et puis, ce que j'observe aussi du monde. Là maintenant, on est dans un monde où on ne peut faire qu'en parler, de le décrire pour que ça essaie de s'évacuer un peu. On est dans une période très sombre, donc on essaie de contrebalancer ça. La musique, ça ajoute une petite pierre à l'édifice, pour aller mieux. Notre nouvel album, c'est tout ce qui définit Superbus L'année dernière, Superbus a eu 25 ans. Qu'est-ce que ça fait d'avoir un quart de siècle ?Arrête ! Ça fait mal (rires). C'est fou parce que le temps passe tellement vite. Mais c'est vrai quand tu dis 25, c'est beaucoup. 25 ans, c'est un adulte, c'est un quart de vie. C'est fou ! Je me revois à 15 ans en train d'écrire mes petites chansons dans ma chambre, et puis et 25 ans plus tard c'est là encore. C'est génial... Quel est ton meilleur souvenir de ces 25 ans ? Je ne sais pas, il y en a tellement ! Il y a beaucoup de bons souvenirs... Je dirais notre premier Zénith, ou une grande salle dans le genre. Ce moment où te dis que tu as réussi à remplir une grande salle... Ce qui est assez intéressant à voir, c'est que finalement, il y a très peu de groupes de rock français qui chantent en français qui ont réussi à véritablement marcher. Comment est-ce que tu expliques ça ? Je ne sais pas... Déjà, un groupe, ce n'est pas facile ! Vivre au sein d'un groupe, travailler au sein d'un groupe et travailler en groupe, c'est compliqué. Donc, il y a de ça aussi. C'est probablement pour ça qu'il n'y en a pas beaucoup. Le français, c'est dur à faire sonner aussi. Puis, peut-être que les gens aiment certaines équipes. On a envie de s'identifier à un groupe de gens. Et donc, il n'y en n'a pas beaucoup... On se met beaucoup de pression pour ce nouvel album Est-ce que tu penses que vous vous seriez lancés dans l'industrie d'aujourd'hui avec les mêmes chansons ou la même énergie ou ça aurait été complètement différent ? Si j'avais 15-16 ans aujourd'hui, je pense que j'aurais quand même voulu faire de la musique, mais c'est beaucoup plus compliqué. Ceux qui commencent aujourd'hui... Après, il y a des exceptions et il y a des étoiles qui arrivent et tu te rends compte que ça ne pouvait que fonctionner, tellement c'est incroyable. Mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de monde. Donc, quand tu veux te faire entendre ou avoir ton petit concept, ton image à toi, c'est plus compliqué de créer quelque chose de nouveau aujourd'hui. Et puis même avec le nombre d'informations qu'on se prend dans la face toute la journée, tu ne peux pas tout retenir, c'est très complexe. Quand vous avez lancé le groupe et avez eu votre pic de succès au milieu des années 2000, est-ce que le fait d'être une femme leader d'un groupe de rock a été une question à l'époque ? Franchement, je n'ai jamais ressenti ce truc-là, le fait d'être une fille. Après, forcément, dans ma manière de vivre le truc, je peux m'en servir et mes idées passent plus en douceur, parce que je suis une fille et que c'est différent. Si on avait été qu'un groupe de gars, ça aurait été différent. Je ne sais pas si on aurait duré aussi longtemps. On peut avoir de gros désaccords dans le groupe C'est vrai qu'on voit finalement très peu de groupes de rock menées par une femme, même si ça tend à changer depuis quelques années...C'est plus compliqué. Mais mes copains sont plutôt cool ! Evidemment, on peut avoir des gros désaccords et ça peut partir très loin en opposition, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, je ne ressens pas ce déséquilibre homme-femme. Ça, je l'ai pas. J'ai de la chance. Pour en revenir à l'album qui arrive, en fin d'année il y aura votre concert au Zénith de Paris. Ce sera votre premier depuis 2009. Est-ce que retourner dans cette salle c'est une fierté pour vous ? Oui, c'est génial ! Le Zénith, c'est énorme quand tu fais beaucoup de concerts. Aller dans cette salle, la remplir et faire qu'un concert y soit énorme... On fait tout ça pour ça, en vrai. Il y a une dizaine d'années, tu as sorti un album solo. Cette carrière solo est toujours dans un coin de ta tête ou c'était vraiment une sorte de parenthèse ? C'était une parenthèse, comme quand tu pars en voyage à tel endroit. (Sourire) Tu te dis que tu vas essayer telle ou telle chose. A l'époque, j'en avais besoin et ça m'a donné plein d'expériences, mais aussi l'opportunité de faire des choses complètement toute seule. J'ai adoré faire cet album en solo. Mais là pour l'instant, je suis bien avec les autres aussi. Podcast![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |