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Sinik en interview

Sinik est de retour avec un quatrième opus "Ballon d'Or". Après trois albums tous certifiés double-disque d'or et une année sabbatique, l'artiste a retrouvé un rap rageux et clasheur pour ce qui pourrait être son dernier disque. Toujours aussi percutant, Sinik n'en demeure pas moins un homme apaisé par la paternité. Ce nouvel album bénéficiant de la "réalité augmentée", son parcours, ses projets..., Sinik n'élude aucune question. Interview.
Bonjour Sinik. Tu as pris un an sabbatique avant de commencer ce nouvel album "Ballon d’Or". Qu’as-tu fait pendant cette période (Nikolas Lenoir, journaliste) ?
Il m'était nécessaire de prendre ce recul.
J’ai eu envie de reprendre un rythme de vie plus sain. Je me suis reposé, j’ai fait du sport, j’ai passé du temps avec mes proches et j’ai écouté de la musique qui ne ressemble pas forcément à ce que je fais. Ce sont des choses très simples mais qui sont importantes. Il m’était nécessaire de prendre ce recul après avoir enchaîné trois albums.

Comment as-tu justement vécu le succès de ces trois disques ?
Je l’ai très bien vécu. Ce n’était pas du tout gagné pour moi il y a quelques années donc j’en retire une certaine fierté. Le travail m’a permis de m’imposer dans un milieu qui n’est pas évident et de faire passer mes messages. J’espère tout simplement que cela va continuer avec ce nouvel album.

Celui-ci s’appelle "Ballon d’or". Pourquoi as-tu choisi ce titre ?
C’est un clin d’œil au foot, ma deuxième passion. Il y a un morceau qui s’appelle "4-4-2", particulièrement axé sur ce sport. C’est un titre symbolique et une question que je pose aux gens. L’album sort et c’est désormais au public de décider s’il mérite ce titre.

Ce n’est donc pas une façon de t’autoproclamer "Ballon d’Or" du rap français ?
Non, pas du tout. J’aurais pu mettre un point d’interrogation pour résumer la chose. Je n’aurais jamais la prétention de dire que je suis le meilleur. Ce n’est vraiment pas dans mes habitudes.

Cet album est aussi un disque de rencontres et je pense notamment aux beatmakers Enzo Vega et Trakma. Comment les as-tu rencontrés ?
Je les ai rencontrés juste avant de commencer l’album et ils sont donc arrivés au bon moment. Ils sont jeunes, talentueux et ils ont beaucoup de choses à prouver. J’avais besoin de cette énergie au niveau des sons pour me rebooster.

Découvrez un medley de l'album "Ballon d'Or" :


Parlons maintenant de quelques titres emblématiques de ce disque. Je vais d’ailleurs commencer par un morceau dont les paroles sont assez violentes. Dans "Adrénaline", tu dis notamment "Rescapés des banlieues, on baise la France avec insistance". Est-ce que c’est une envie délibérée de choquer ou est-ce que ce sont plutôt des propos pleinement ressentis ?
Je n'ai pas peur de choquer.
C’est peut-être dit brutalement mais c’est la réalité. Il n’y a rien d’ajouté, d’inventé et même si cela peut être perçu violemment, ce n’est pas de la brutalité pour être brutal. Je n’ai pas peur de choquer, c’est tout simplement ce que beaucoup de jeunes en banlieue pensent. Baiser la France, c’est bien plus que des mots qui peuvent paraître vulgaires, c’est un mode de vie, une manière de dire que l’on ne compte pas sur elle et que l’on se débrouille par nos propres moyens.

En tant qu’artiste, tu as une part de responsabilité envers ton public. Crains-tu que ces propos puissent cautionner certains comportements et attiser certaines haines ?
J’ai la chance de faire des choses très variées depuis que je fais de la musique. J’ai toujours eu ce côté un peu rageux, haineux et j’ai d’ailleurs dit des choses bien pires que ça. Si j’étais le seul à le penser, je me dirais que c’est gratuit mais c’est malheureusement ce que pensent beaucoup de jeunes. Je sais que pas mal d’entre eux vont se reconnaître dans cette phrase.

Découvrez le clip d'"Adrénaline" :
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Tu évoques dans "Dialogue de sourds" le manque de communication à tous les niveaux. As-tu justement l’impression que ce malaise de la société est dû à cela ?
Les guerres, les conflits... sont avant tout des problèmes de communication.
C’est malheureusement exactement ça. On n’arrive plus à se parler et c’est certainement le plus grand problème au Monde. Il y a aujourd’hui tellement de moyens de communication et dans les faits, cela se passe mal. On peut parler avec un Chinois à l’autre bout du Monde sur Facebook mais quand les politiciens, sensés gérer les affaires et les conflits internationaux, doivent communiquer, c’est déjà beaucoup plus difficile. Les guerres, les conflits… sont avant tout des problèmes de communication dans lesquels les gens n’arrivent pas ou plus à s’entendre, d’où le titre "Dialogue de sourds". Si on met un Israélien et un Palestinien à discuter, il y a tristement une forte probabilité qu’ils repartent chacun de leur côté en campant sur leurs positions.

Le titre "Banc des accusés" traite de la prison. Est-ce une façon d’évoquer un moment de ton parcours ou d’envoyer un message à ceux qui sont actuellement emprisonnés ?
Ce sont les deux en fait. Je me permets de raconter mon vécu personnel et je pense qu’ils vont s’y reconnaître. Je me sers de ma vie pour faire des chansons et j’ai malheureusement connu la prison pendant quelques années. C’est très marquant même longtemps après donc c’est la raison pour laquelle je continue d’en parler. J’ai d'ailleurs l’impression que je n’en suis pas totalement sorti, c’est certainement pour cela que je continue à faire des chansons sur ce sujet.

On retrouve un vécu plus heureux avec "Inespérée" en hommage à ta fille Inès. Comment vis-tu la paternité ?
Je la vis très bien, cela me donne une énergie supplémentaire que je n’avais pas avant. Le fait d’avoir un enfant est une motivation pour avancer encore plus et c’est un bonheur au quotidien.

On te sent oscillant sur ce disque entre une écriture assez brute et des passages plus sereins à l’image d’"Inespérée". As-tu le sentiment d’être partagé entre ces deux univers ?
Je pense que le mélange de toutes ces émotions fait que l'album est réussi.
Je trouve que l’album reflète bien tous les aspects de ma personnalité. Comme tout le monde, il y a des jours où je suis en colère, où j’ai envie de parler de sujets lourds et d’autres jours, ce sont des sujets plus légers et plus joyeux qui me viennent. Je pense que le mélange de toutes ces émotions fait que l’album est réussi.

Ta mère est Française et ton père est Kabyle. Comment as-tu vécu cette double-culture ?
J’ai en effet pleinement vécu la double-culture. J’ai grandi en France mais j’ai aussi évolué dans cette culture Nord-Africaine. Ma mère écoutait de la variété française, mon père écoutait du raï et cette richesse est vraiment un plus. Cette double-culture se vivait sur tous les points et cela m’a beaucoup apporté.

Une nouveauté technologique est présente sur ce disque. Peux-tu nous parler de cette "réalité augmentée" ?
C’est un procédé assez révolutionnaire qui consiste à jouer avec la pochette du CD. Il suffit de la mettre devant une webcam et il y a des contenus qui apparaissent en 2D. Le public pourra y retrouver des bonus, des freestyles, des titres inédits, un home studio virtuel pour ceux qui veulent rescratcher mes morceaux. C’est un gros gadget virtuel et les gens pourront vraiment s’amuser avec. Il suffit simplement d’avoir le CD et une webcam. Cela devrait aussi plaire aux amateurs de nouvelles technologiques. C’est très impressionnant.

Découvrez le concept de la "réalité augmentée" :


C’est aussi tout simplement un nouveau moyen de lutter contre le piratage.
Cette technologie est une première mondiale.
Le but est en effet de donner encore plus d’intérêt à l’album et pas uniquement par l’intermédiaire des chansons. On a fait quelque chose de très différent et cette technologie est une première mondiale. Il faut le CD pour découvrir ce concept de la "réalité augmentée".

Tu as commencé le rap à l’âge de treize ans. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire ?
J’ai écrit dès treize ans et j’ai commencé à enregistrer trois ans plus tard. J’ai toujours aimé le rap et l’écriture était un moyen de me libérer. Cela s’est fait très naturellement. Cela ne m’a jamais lâché.

Avec le recul, quel regard portes-tu sur ce conflit avec Booba ?
C’est une période qui est passée, des morceaux ont été faits et je pense que le public a de quoi se faire un avis avec nos musiques et nos sons respectifs. Je sais que l’on a gagné le haut la main, je suis un clasheur mais je ne vais pas non plus en rajouter plus que ça.

Dans les deux titres dans lesquels vous vous répondez mutuellement, vous prenez un peu M. Pokora en otage malgré lui. Regrettes-tu le fait de l’avoir cité alors que c’est un artiste populaire, grand public et qui surtout ne vous avait rien fait ?
C’est pour moi le genre d’artistes qui n’a pas d’identité. Je trouve qu’il fait du sous Justin Timberlake. À partir du moment où ces artistes sont présents et sont populaires, il faut savoir accepter la critique. Les rappeurs n’y échappent pas donc nous aussi, nous pouvons donner notre avis et dire ce que l’on pense sur certains artistes même si cela peut être virulent. Le rap est une musique franche, où l’on dit ce qu’on pense et c’est la base de notre écriture. C’est certainement ce qui nous différencie des autres. Chacun a le droit de dire ce qu’il pense, j’accepte d’ailleurs sans problème la critique.

Quel est ton regard sur la scène rap actuelle ?
Il y en a certains rappeurs que j'aime plus que d'autres.
Il y a des nouvelles têtes qui arrivent donc c’est une bonne chose. J’ai mes goûts et il y en a certains rappeurs que j’aime plus que d’autres. Ils renouvellent la scène rap et cela empêche à ceux qui sont déjà en place de se reposer sur leurs lauriers.

Selon toi, quelle est ton place ?
Pour faire une image foot comme l’album s’appelle « Ballon d’Or », le rap est pour moi une équipe. Sans avoir la prétention d’être le meilleur, je pense que j’ai ma place dans cette celle-ci et que je suis titulaire. C’est déjà une fierté et un grand plaisir.

Tes clips sont souvent tournés avec les codes des films d’action. D’où vient cette envie d’avoir ce rendu cinématographique ?
J’aime beaucoup les films noirs et les films de gangsters. J’ai la chance de travailler avec Reda Mustafa qui ne fait normalement que du cinéma et qui travaille surtout aux États-Unis. Il permet à mes clips de sortir de l’ordinaire, loin de ce que l’on voit habituellement dans les clips de rap. J’aime le fait que mes clips soient assez attrayants et ressemblent plus à des courts-métrages. C’est d’ailleurs le cas pour "Mort ou Vif".

Découvrez le clip / court-métrage de'"Mort ou Vif" :
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Est-ce que tu aimerais participer à un film ?
Le cinéma m'intéresse vraiment.
Je m’implique beaucoup dans mes clips, d’en faire quelque chose de soigné, les équipes sont bonnes et j’aime en effet tourner. Si des choses me sont proposées et si cela me plait, je n’hésiterai pas à le faire. Le cinéma m’intéresse vraiment.

On retrouve souvent des armes à feux dans tes clips. N’as-tu pas peur d’en faire l’apologie ?
Franchement non car quand les gens regardent un film, ils savent aussi faire la différence et ils ont conscience que cela reste de la fiction. Dans mes clips, il y a toujours un concept, une idée et cela fait aussi partie du cinéma. Il faut avoir du recul. Je ne glorifie pas les armes, cela n’a jamais été le cas et je ne changerai jamais sur ce point.

Prévois-tu des scènes avec cet album ?
Je serai en effet le 7 décembre au Bataclan et j’espère avoir ensuite la chance de partir en tournée début 2010.

Quel message aimerais-tu transmettre au public et aux internautes ?
Je leur passe tout d’abord le bonjour. Je suis très content de le retrouver car j’ai l’impression que cela fait deux ans que je ne l’ai pas vu. Je reviens avec un nouvel album, j’espère que les gens seront au rendez-vous et j’espère aussi les voir sur scène. La scène reste en effet l’essence même de mon métier et de ce que je fais.
Pour en savoir plus, visitez sinik609.com.
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