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Singuila en interview

Singuila poursuit sa route avec "Ça fait mal", nouvel extrait de son troisième album du même nom. Les expériences de la vie, son cheminement artistique... ont permis au chanteur d'évoquer des thèmes plus personnels et de faire preuve de plus d'audace et d'assurance dans les styles musicaux abordés. À son écoute, le nouvel opus de Singuila est certainement le plus abouti et lui permet de confirmer sa place sur la scène française. De ses débuts avec le Secteur A jusqu'à ses projets en évoquant ce nouvel album, l'artiste nous permet d'en savoir plus. Interview.
Bonjour Singuila, ton nouvel album est plus personnel que les précédents. Est-ce que ton parcours et tes expériences musicales t’ont permis d’être moins pudique dans les textes ? (Nikolas Lenoir, rédacteur)
Singuila : C’est totalement cela car je me suis rendu compte que cela me faisait beaucoup de bien d’écrire des choses plus profondes. Au départ, c’est arrivé en écrivant pour d’autres artistes car je leur pose au préalable des questions plus personnelles et cela se ressent dans les textes. J’ai donc voulu me poser à moi-même les bonnes questions et j’ai tenté d’y répondre en chansons. J’ai vraiment eu le sentiment de me lâcher et de ne pas me mettre de barrières.

"Ça fait mal" est le titre de cet album mais c’est aussi celui de ton nouveau single dans lequel tu évoques ton père disparu. Est-ce que tu as eu l’envie, le besoin d’extérioriser les douleurs d’un père absent ?
C'est une relation père/fils qui est particulière.
C’est exactement ça en fait. De son vivant, je ne lui ai jamais dit que je l’aimais. Cette chanson lui est destinée et c’est ainsi un hommage que je lui envoie. C’est aussi pour cette raison que l’album s’appelle également "Ça fait mal". Nous n’avons pas vécu ensemble donc c’est une relation père/fils qui est particulière. Son absence me touche cependant encore plus maintenant.



Est-ce que tu l’as vécue comme une réalité brute, celle de se rendre compte de l’importance des gens quand ils ne sont plus là ?
Tout à fait. Que ce soient dans des relations comme celle-ci ou que ce soit dans des histoires de couple, c’est à partir du moment où la personne n’est plus là que l’on se rend compte de l’importance qu’elle avait.

Est-ce cet aspect que tu as voulu évoquer dans le premier single "Reviens je t’en prie" ?
C’est en effet ce que j’ai voulu évoquer dans ce titre. Quand la fille m’appelait tous les jours pour revenir avec moi, je faisais un peu le coq et quand j’ai vu qu’elle se tournait vers quelqu’un d’autre, j’ai réalisé que je ne l’aurai plus jamais. C’est à partir de ce moment là que j’ai commencé à avoir sérieusement mal et que j’ai essayé de revenir mais c’était trop tard.

Retrouvez le clip de "Reviens je t'en prie" :


À travers tes albums, on sent que les filles sont vraiment ton sujet de prédilection. Est-ce que tu es finalement un dur au cœur tendre ?
Je pense clairement en être un. J’ai hérité en quelque sorte d’une image de macho… car je n’hésite pas à me la raconter entre guillemets dans mes chansons. En réalité, je suis un homme qui a un gros cœur.

Cet album est plus riche musicalement que les précédents et on te sent plus audacieux allant du R'n'b au zouk en passant par la soul et le coupé décalé. Est-ce un choix délibéré ou est-ce que ton parcours t’a tout simplement donné plus d’assurance ?
J'ai vraiment la chance d'avoir un public curieux.
Je ne sais pas si c’est une question d’assurance. J’ai fait un premier album qui a vraiment bien marché et par la suite, je me suis rendu compte que j’ai un public qui me pose des questions qui n’ont rien à voir avec ce que j’ai apporté. J’ai vraiment la chance d’avoir un public curieux donc cela me permet de tester des choses. De plus, la musique m’a permis de pas mal voyager. J’ai voulu profité de toutes ces expériences et je me sens ainsi plus libre pour proposer des sons plus variés.

Le titre "Pour Elle" relate notamment certains travers de la télé-réalité. Comment est née l’envie d’aborder ce sujet ?
La fille n’a pas voulu passer par la télé-réalité. À cause de tout ce que l’on dit sur les artistes qui y sont passés, elle a voulu suivre un autre chemin, celui de rencontrer les bonnes personnes et leur faire écouter ses chansons. Elle s’est retrouvée dans un milieu où il y a aussi des gens qui se foutent complètement de l’artistique. Ils sont là, ils voient une jolie nana et n’ont qu’une envie, la mettre dans leur lit. Il y a des gens qui deviennent blasés et ne pensent plus vraiment à la musique. Il y a des filles, et cela arrive aussi à des gars d’ailleurs, qui se rendent à des rendez-vous bizarres à des horaires qui le sont autant. La personne pensait aller à une rencontre professionnelle alors qu’en fait, c’est dans un lieu privé ou un hôtel et ce n’est plus du tout le but.

Si tu n’avais pas réussi à signer en maison de disques, aurais-tu envisagé un télé crochet ?
La culture hip-hop est un milieu où la télé-réalité n'a pas une bonne image.
Franchement, je ne sais pas. Je suis issu de la culture hip-hop et c’est un milieu où la télé-réalité n’a pas une bonne image. Il y a un chemin à suivre qui est celui des maisons de quartiers et des petits concerts. Un public se forme, grandit et les médias commencent à découvrir puis à suivre les artistes. Les maisons de disques, les labels indépendants… en entendent parler et cela se fait ainsi. Il faut une certaine patience. D’ailleurs, il me semble très important que tout en écrivant ses textes, en composant ses musiques…, il ne faut jamais oublier d’essayer de se faire connaître.

Tu as sorti le single "J’suis KO" en duo avec Marc Antoine. Comment est née votre collaboration ?
Je l’ai entendu en direct sur une radio et il se trouvait que j’étais en voiture dans le quartier de cette station. Je me suis venu le voir car j’aime ce qu’il fait, j’aime sa voix et j’avais envie de l’encourager car il commençait sa carrière en Europe. Nous avons sympathisé et nous sommes tout naturellement devenus amis. Pendant la préparation de mon album, il m’a proposé de faire une chanson ensemble.

Retrouvez le duo Singuila / Marc Antoine sur "J'suis KO" :


Ce duo est un peu la version masculine du titre "Confessions Nocturnes" de Diam’s et Vitaa, non ?
On pourrait dire ça en effet sauf que nous, nous ne sommes pas grossiers. (Rires)

Pour ce clip, tu as mis en place un casting pour trouver l’actrice. De plus, tu avais aussi permis à quelqu’un de ton public de te raconter son histoire pour que tu en fasses une chanson. D’où vient cette très forte envie d’interagir avec le public ?
On m’a toujours donné ma chance et c’est pour ça que je peux être sur les radios, sur les écrans des gens... J’essaie de faire la même chose avec le public. J’aime écouter les histoires, le vécu et l’interpréter à ma façon pour en faire une chanson. D’ailleurs, dans un autre cadre, le titre "Il avait les mots" que j’ai écrit pour Sheryfa Luna est né d’une histoire qu’elle a vécue et dont elle m’a fait part. Je l’ai ensuite mise en mots à ma façon.

Sur cet album, tu as également collaboré avec Lylah du groupe Les Déesses. Comment l’as-tu rencontrée ?
J’avais déjà écrit pour elle. J’aime beaucoup sa voix, et sa plastique également. (Rires) C’est une artiste qui arrive vraiment à reproduire l’émotion que je veux. Elle sait aller avec aisance dans plusieurs styles et elle est très impressionnante avec sa voix. Il y a peu d’artistes qui ont cette facilité.

Je trouve que le titre "Étincelle" ferait un très bon single. Est-ce que tu peux l’envisager ainsi ?
Il n'y a pas une journée sans que l'on me parle de cette chanson.
Figure-toi qu’il n’y a pas une journée sans que l’on me parle de cette chanson. Quand je fais des shows et que ce titre "Étincelle" n’est pas prévu, le public le réclame. Je crois que parfois, il ne faut pas forcer les choses mais suivre tout simplement l’envie du public. Après, il faut penser au fait que les maisons de disques ont des budgets bien précis pour chaque album. Je ne sais donc pas si je serais suivi sur ça mais en tout cas, même si la maison de disques ne veut pas mettre de l’argent sur un prochain single, je prendrai le truc à mon compte et je respecterai mon public.

Découvrez "Étincelle", extrait du nouvel album de Singuila :


Les toutes premières secondes de ce titre me font penser à l’intro de "Jeune et con" de Saez. Est-ce une référence voulue ou un hasard ?
J’aime beaucoup la chanson mais franchement, je ne me suis jamais rendu compte de ce que tu dis. C’est un hasard mais ça me flatte en tout cas. Inconsciemment, on s’inspire de ce que l’on écoute et comme c’est un titre de Saez que j’aime vraiment, il se peut que ce soit parti de là.

Dans cet album parfois autobiographique, on découvre le titre "Je déteste ma vie". Quel message voulais-tu transmettre avec cette chanson ?
Une personne qui dit détester sa vie est au contraire quelqu’un qui s’y accroche. Quand j’ai écrit cette chanson, elle était adressée à mes proches, un peu comme une bouteille à la mer. Je voulais les faire réagir.

Quel regard portes-tu justement sur ta vie et ton parcours artistique depuis 2003 ?
J'ai un parcours sinusoïdal.
Je dirais que j’ai un parcours sinusoïdal. (Rires) J’ai en effet connu des hauts et des bas mais c’est une bonne chose, cela permet de garder les pieds sur terre. À l’image des saisons, il y a des cycles et les moments de doutes sont souvent nécessaires pour avancer.

Tu as été le premier artiste R’n’b du Secteur A. Était-ce à l’époque un choix audacieux ?
Faire du R’n’b était déjà audacieux en soi car ce style n’existait presque pas à l’époque. C’est d’ailleurs le Secteur A qui a surtout fait preuve d’audace en signant du R’n’b. Je leur ai plu car j’ai ce côté urbain que d’autres n’avaient pas forcément. Le R’n’b se veut assez classieux, propre, avec des textes sans angles et très arrondis sur les bords. On essaie de cacher les défauts alors que moi, j’ai toujours mis les défauts en avant, je n’ai jamais raconté des histoires toutes roses… "C’est trop", le titre qui a vraiment cartonné sur le premier album, a une mélodie toute gentille alors que le texte est une grosse histoire de tromperie.

Parlons de Singuila, l’artiste engagé. Tu es notamment Parrain de l’Open du Cœur. Comment as-tu choisi cette cause et de quelle façon apportes-tu ton soutien ?
Quand je fais des concerts en Afrique, il y a une partie des recettes engrangées qui vont à des associations qui s’occupent d’orphelins. L’Open du Cœur me tient aussi très à cœur justement car cela concerne les orphelins de France. À chaque fois qu’ils ont besoin de moi, je réponds présent, que ce soit pour des concerts, des conférences, des visites dans des centres pour jeunes…

Tu as déjà écrit pour plusieurs artistes dont Mathieu Edward, Sheryfa Luna... Envisages-tu d’écrire pour d’autres chanteurs ?
J'écris pour un artiste que je suis en train de produire.
Oui mais je ne sais pas encore avec qui. J’attends que l’on fasse appel à moi. Les artistes ont beaucoup d’ego et donc, si je vais voir un artiste pour lui écrire des textes, il peut me répondre qu’en faisant cela, je pense qu’il ne sait pas écrire. Je préfère donc que l’on vienne vers moi. J’ai écrit pour un artiste que je suis en train de produire et qui s’appelle Morgan S et j’ai également fait un texte pour le nouvel album de Sheryfa. J’attends aussi ceux qui veulent une touche différente, ils peuvent faire appel à moi car j’adore le faire.

Quel message aimerais-tu adresser au public et aux internautes ?
N’hésitez pas à réagir sur mes textes, mes musiques… Donnez-moi des infos et je prendrai en considération tout ce que vous me dites. S’il y a des endroits par lesquels je ne suis pas passé, je ferai mon possible pour venir chanter. S’il y a un thème que vous souhaitez que je développe, je vais me pencher dessus. Je suis vraiment à l’écoute du public et il m’est très important d’être à l’écoute des gens qui me suivent et me soutiennent.

Pour en savoir plus, visitez singuila.artiste.universalmusic.fr, ou son MySpace officiel.
Pour écouter et/ou télécharger le nouvel album de Singuila, "Ça fait mal", cliquez sur ce lien.

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