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Paul McCartney : "Kisses on the Bottom", un Macca tout miel

Par Guillaume JOFFROY | Rédacteur
Just married, un bouquet entre les mains, pris en photo une fois encore par sa fille Mary, Paul McCartney vient conter fleurette avec “Kisses on the Bottom”, un langoureux album de reprises de grands standards jazz américains des années 1920 à 1950. Intimiste, un peu paresseux, agréablement caressant.
Crédits photo : DR
69 ans, le bel âge pour jouer les jeunes premiers. Jeune (re)marié, Paul McCartney se donne des airs de tendre jouvenceau et croone amoureusement tout en savourant sa madeleine : en relisant le Great American Songbook pour “Kisses on the Bottom”, il revisite ses souvenirs d’enfance et câline enfin ces classiques que son père Jim, membre d'un jazz band, passait et chantait à la maison, qui influencèrent plus tard ses propres compositions.“« Cela fait des années que je voulais reprendre quelques-unes des chansons que la génération de mes parents chantait au Nouvel An… Mais on a essayé de le faire d’une manière légèrement différente, et en choisissant des chansons qui ne soient pas celles, fameuses, que tout le monde reprend. » Le florilège n’en reste pas moins très "classique" et reconnaissable.

Dans le lot, deux chansons inédites signées Macca : “Only Our Hearts”, ballade sentimentale old school difficilement discernable des reprises qui l’entourent, sans réel grand attrait sinon l’invitation faite à l’expressif harmonica de Stevie Wonder, et “My Valentine”, qui avait fait de la tendresse le maître-mot de “Kisses on the Bottom” deux mois avant sa sortie en février 2012. Inspirée en 2009 par sa romance avec la New-Yorkaise Nancy Shevell et jouée en ouverture du bal de leur mariage le 9 octobre 2011, cette ode douce-amère suavement habitée par la guitare d’Eric Clapton se démarque nettement de l’ensemble, notamment du fait de la tonalité mineure et bluesy très émouvante des couplets (« What if it rains / We didn’t care / She said that some day soon / The sun will gonna shine / And she was right / This love of mine/My Valentine »), que vient ensoleiller un refrain euphorique d’extase amoureuse, maculé de harpe.

Love, love, love, le cœur de l’album. Car, malgré le côté très cheeky du titre “Kisses on the Bottom”, emprunté aux paroles du standard de Fats Weller “I'm Gonna Sit Right Down and Write Myself a Letter” (1935) qui ouvre le bal, l’ambiance y est très respectable, la douceur primant sur la passion, l’insouciance prévalant sur l’impertinence. Le tempo est volontiers largo, la contrebasse est reine et sereine, les brosses sont de sortie à la batterie, les violons n’interviennent qu’en nappes langoureuses, les solos se font caresses, et Paul McCartney lâche exceptionnellement sa guitare (sauf sur “Get Yourself Another Fool” et “The Inch Worm”) pour se concentrer sur l’intensité amoureuse de son chant : tout est luxe, calme et volupté. Elaboré avec la somptueuse Diana Krall, des jazzmen de renom et le producteur vétéran (75 ans) Tommy LiPuma (Barbra Streisand, Miles Davis, Al Jarreau, Natalie Cole, George Benson), “Kisses on the Bottom” revendique son côté cosy, intimiste, easy listening :“« C’est un album très tendre, très intime, à écouter chez soi en rentrant du travail, avec un verre de vin ou une tasse de thé. ».

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Le fringant presque septuagénaire minaude d’emblée, susurre presque, sur “I'm Gonna Sit Right Down and Write Myself a Letter” (1935), morceau emblématique de la Renaissance de Harlem. Sans la datation du répertoire qu’il reprend, on serait bien en peine d’attribuer cette voix fraîche et juvénile à un chanteur cumulant 55 ans de carrière ! Une voix caressante qui protège et berce sur “Home (When Shadows Fall)” - chanson de 1931 qu’avait popularisée Sam Cooke dans les années 1960 -, qui semble réciter précieusement une poésie fleurie sur
Doux et velouté, avec quelques accents acidulés.
“More I Cannot Wish You”, qui s’élève délicatement à la gloire de l’amour (“The Glory of Love”, Benny Goodman – 1936). Un autre beau témoignage est la reprise par Paul McCartney du tendrissime “Always” (1925), cadeau de mariage d’Irving Berlin à sa femme. Doux et velouté, “Kisses on the Bottom” prendra heureusement quelques accents acidulés : outre le titre d’ouverture, le facétieux “It’s only a paper moon” (1933), l’insoucieux “My Very Good Friend the Milkman” et ses sifflotements, et, surtout, l’inénarrable “Ac-Cent-Tchu-Ate the Positive” (1944) de Johnny Mercer, hélas revisité sans trop de zèle. Un goût de trop peu, ressenti également à l’écoute de “Get Yourself Another Fool”, qui peine à contre-balancer quelques reprises un peu pesantes, telles “Bye bye blackbird” excessivement alanguie, limite bâille-bâille, ou “The Inch Worm”, un grand classique de la jeunesse auquel se prête une chorale d’enfants, qui manque de vitalité. Pas de jouvence, mais on peut tout pardonner à un Paul McCartney fleur bleue.

"Kisses on the Bottom", parenthèse intime et nostalgique dans sa discographie, est un album fait par amour, parfait pour l’amour. Elégant, câlin et parfaitement smooth, il assume de bout en bout ses arrangements easy listening. Toutefois, du souffle, mais pas de flamme : il y manque une pincée de ce piment de l’amour qu’est la passion.
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