lundi 14 septembre 2020 15:45
Moha La Squale accusé d'agression sexuelle : les témoignages glaçants des victimes
Trois femmes ont porté plainte contre le rappeur Moha La Squale pour "agression sexuelle, violence et séquestration". Le Monde publie les témoignages édifiants des victimes, entre humiliations, menaces de mort, insultes et pression psychologique.
Crédits photo : Bestimage
La parole se libère sur les réseaux sociaux à travers le hashtag #BalanceTonRappeur. Alors que Roméo Elvis a réagi après le témoignage d'une internaute qui assure avoir été agressée sexuellement par l'artiste, Moha La Squale, lui, se mure dans le silence alors que trois femmes ont porté plainte contre lui pour « agression sexuelle, violence et séquestration ». Le Monde publie aujourd'hui les récits des trois plaignantes, appelées Luna, Ana et Andrea. « La vingtaine, une blonde, une châtain et une brune aux mèches dorées », si elles brisent le silence c'est « pour que ça n'arrive pas à dautres ». Et leurs histoires font froid dans le dos. « Au début, c'était des insultes, et ça a très vite dégénéré en 'je te pousse'. Puis les premières claques. Tout doucement, ça prenait de l'ampleur. Il m'a dit : "Si tu me quittes et que tu parles, je te ferai tirer une balle dans le genou, j'enverrai un mec te lacérer le visage avec une lame de rasoir, je vais appeler des mecs du quartier pour qu'ils t'emmènent dans une cave te violer. Et quand ils auront fini, je viendrai te graver Moha La Squale dans le dos" » raconte la première, alors voisine du rappeur avec qui elle débute une relation en septembre 2016. "Il me tirait par les cheveux tellement fort que la peau du crâne se décollait"Après des débuts paisibles, le vent a rapidement tourné. « Il me tirait par les cheveux tellement fort que la peau du crâne se décollait, j'avais des hématomes partout sur la tête (...) Je n'avais pas pu aller au travail parce que j'étais détruite » explique notamment la jeune femme, levant le voile sur le double visage de l'interprète de "Ma belle", devenu jaloux à l'extrême : « Il me disait que j'étais la seule à qui il avait fait ça, et qu'il ne recommencerait plus jamais, que je le rendais fou ». Aidée de sa famille et de ses proches, elle a finalement réussi à le quitter. Après avoir vécu l'enfer - elle ne souhaite pas détailler au Monde son agression sexuelle dont elle a parlé avec la police - la jeune femme se verra dédier le titre "Luna" par Moha La Squale. Ana et Andrea, « mal accueillies » par la police lors de leur dépôt de plainte selon leur avocat, livrent des témoignages proches. Humiliations, crises de démence et séquestrationDeux ans plus tard, alors qu'il est toujours en couple avec Luna, Moha rencontre Ana. « Il est méchant avec tout le monde, mais adorable avec moi » se souvient-elle. Mais ça ne va pas durer, elle subira alors une pression psychologique constante, alternée par des « papouilles » et « câlins ». « Moha La Squale espionne son téléphone, contacte même ses ex-petits amis au milieu de la nuit » raconte Le Monde. « Il me répétait que j'étais un bras cassé, que j'étais nulle. (...) Il me disait que j'étais son esclave, son objet sexuel » relate ensuite la jeune femme, qualifiée régulièrement de « sale p*te », dont les violences ont été psychologiques mais pas physiques. Si elle parvient peu à peu à s'éloigner de lui, elle garde aujourd'hui des séquelles comme des crises de tétanie et des pics d'angoisse, durant lesquels elle se frappe. Moha La Squale lui aurait écrit le titre "Benita". Fin août 2019, Andrea rencontre Moha La Squale et, après quelques semaines « normales », subit alors des « humiliations », suivies de « crises de démence » et « de jalousie ». Pour se faire pardonner, il la couvre de cadeaux. Elle sera ensuite menacée de mort par l'artiste durant le confinement, comme elle l'explique aux policiers : « "Toi tu crois que tu vas me niquer ma vie, petite pute, je vais te fumer, je vais te fumer" ». Le 14 avril dernier, Moha La Squale l'enferme chez lui : « Il m'a dit : "Le seul moment où tu sortiras de chez moi, ce sera pour aller en garde à vue et te faire baiser par des clochards, ça me fera bander" ». Dans un ultime coup de sang, le rappeur aurait tenté de l'étouffer. « Il a mis un oreiller sur ma tête, il appuyait très fort sur ma tête et je ne pouvais plus respirer. Et là il me disait : "Je vais te tuer, je suis déjà tombé pour des actes de barbarie, je vais retourner au placard, je vais te tuer, je vais te faire tuer, même ta famille je vais la faire tuer ( ). Je vais te tuer avec un oreiller, ça ne fait pas de marque" » explique-t-elle dans sa plainte. Deux jours plus tard, elle reçoit un SMS : « Je suis désolé pour tout ce qui sest passé mais je n'avais pas encore fait ça dans ma vie. Tu m'as poussé à bout ». Il lui aurait envoyé une chanson qui lui est dédiée, encore non parue. |