Maroon 5

Crédits photo : Terry Richardson
Sur le déclin depuis la parution de son album "Hands All Over" en 2010, Maroon 5 est revenu sur le devant de la scène l'an dernier avec le tube mondial "Moves Like Jagger", produit par Shellback et Benny Blanco, à qui l'on doit quelques titres de Britney Spears et Katy Perry. En s'associant à Christina Aguilera, Maroon 5 s'aventurait sur un terrain encore inexploré : moins de basses et de guitares et des arrangements électroniques. Et quitte à perdre quelques fans de la première heure, le groupe fait le pari d'aller encore plus loin sur "Overexposed". Coup marketing ou réelle envie de renouvellement ?

Maroon 5 fait ici le choix de mettre en retrait la fibre rock qui avait suscité l'engouement il y a maintenant dix ans. Quatrième du nom, l'album "Overexposed" est un produit dans l'air du temps. Il comporte douze titres (dix-huit pour la version Deluxe) travaillés avec la crème des producteurs pop : Max Martin, Ryan Tedder et Benny Blanco. Avec une liste d'invités comme celles-ci, on savait que Maroon 5 s'orientait dans un tout autre registre. Max Martin a régulièrement travaillé pour le compte de Britney Spears, Avril Lavigne, USHER et P!nk. Cependant, pas de jugement hâtif car le groupe pourrait bien gagner son pari en appel.

Le titre "One More Night", aux accents reggae, annonce la couleur en ouverture. Entraînant et addictif, il est sans doute le tube potentiel le plus puissant de l'album, même si le groupe a choisi "Payphone" pour amorcer le changement en douceur. Encore que, le pont intègre un passage urbain avec le flow du rappeur Wiz Khalifa. La collaboration avec Gym Class Heroes sur le titre "Stereo Hearts" a dû inspirer Adam Levine. Car le chanteur a fait d'autres expériences ces derniers temps, s'ouvrant au rap, au reggae, à la pop... Projet aux multiples facettes, "Overexposed" concentre différents styles, différents sons, et chacune des pistes se distingue par un petit quelque chose qu'on ne retrouve pas sur la suivante. L'électropop fait son apparition sur les titres "Love Somebody", "Tickets", "Doin'Dirt", trois midtempo peu originaux. En revanche, on gagne en intérêt dès que le tempo accélère sur "Lucky Strike" et "The Man Who Never Lied". L'un des deux a toutes les chances de faire l'objet d'une prochaine exploitation si le groupe entend éclairer sur la variété des registres de son nouveau disque.



Un titre en piano/voix ? Il suffit de demander, il s'intitule "Sad". Un bon vieux rock ? C'est la chanson "Kiss". Autant dire qu'il y en a pour tous les goûts. Le seul véritable fil conducteur est la voix du leader Adam Levine, mise en exergue dans les aigus. Un bon point pour contrebalancer des morceaux plus passe-partout, sans relief, et qui pousseront difficilement les portes de la postérité, "Wipe Your Eyes" et "Wasted Your Eyes" en tête de liste.

La bande d'Adam Levine a-t-elle fait le choix de la facilité ? D'une certaine manière, oui. Car il est évident que le succès du single "Moves Like Jagger" a influencé le groupe dans ses choix artistiques. Toutefois, la prise de risque est aussi bien réelle car la formule magique a fonctionné sur un seul et unique titre mais peut aussi décevoir sur tout un album avec une pop marquée par la musique électronique, pour ne pas dire dance, qui s'infiltre dans tous les registres. Se procurer ou non le nouvel album de Maroon 5 ? Oui, mais pas pour les mêmes raisons qu'on a écouté en boucle "Hands All Over" et "Songs About Jane".