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Lily Allen : "Sheezus" titre par titre, Pure Charts a écouté son album

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Lily Allen publiera "Sheezus", son troisième l'album, dans quelques jours. Déjà défendu par plusieurs singles, le disque, chapeauté par Greg Kurstin, débarque cinq ans après le précédent. Devenue maman, Lily Allen a-t-elle conservé tout son piquant ? Réponse, titre par titre.
Crédits photo : Pochette de Sheezus

1. Sheezus


D'entrée de jeu, Lily Allen donne le ton. Fébrile mais déterminée, elle enfile ses gants de boxe, fait ses lacets et reprend du service sur le ring impitoyable de la pop. Sur "Sheezus", faussement monotone, elle refuse les comparaisons mais est bien décidée à mettre gentiment K.O. ses consoeurs Katy Perry, Beyoncé, Lady Gaga, Lorde ou Rihanna. « Give me that crown, bitch, I wanna be Sheezus » lâche-t-elle. Des lignes espiègles, comme sait si bien le faire Lily Allen, qui font oublier le discours répétitif où elle s'en prend aux médias. Le tout sur un beat pop et agrémenté d'un flow hip-hop, mais Lily ne tombe jamais dans l'agressivité et offre même un pont tout en douceur, aux allures de comptine. Bel équilibre. 4/5

2. L8 CMMR


Les trompettes résonnent, nous sommes dans l'arène. Lily Allen accélère le tempo sur "L8 CMMR", titre électro-pop bling bling et délirant, signé Greg Kurstin, sonnant d'abord comme une bande son de jeu vidéo. Son principal défaut ? L'utilisation abusive de vocoder sur les couplets. Les pré-refrains, eux, oscillent habilement entre chant de sirène et débit urbain. Une construction réussie qui prend ses aises sur les refrains, où les premières phrases se veulent aériennes, tandis que Lily Allen détruit ce côté sirupeux par une interprétation plus sombre. Autre point faible, les paroles ne sont pas aussi piquantes que le titre l'annonce. On aurait aimé un anti-"One Minute Man" de Missy Elliott, version pop UK 2014... Ici, Lily est amoureuse et joue parfois la facilité (« Me and him have a thing that's rare / Other girls can look elsewhere ») mais la mélodie festive rattrape le tout. 3,5/5

3. Air Balloon


Lily Allen n'est pas toute seule dans sa tête. Dans "Air Balloon", elle nous emmène comme dans un rêve fantasmagorique, où l'artiste est en totale perte de repères. Clairement sous influence et en plein délire (« Did I ever tell you my uncle's monkey ran away from the zoo? »), la chanteuse veut s'échapper du quotidien et imagine un voyage libérateur en montgolfière. Lily y évoque Kurt Cobain et Elvis Presley, et, là encore, multiplie les ambiances, mettant notamment en avant son côté je-m'en-foutiste sur des "na na na na hum" qui apportent un petit plus et renforcent son image de chipie/peste. Oui, ça ne raconte pas grand-chose mais ça marche, alors pourquoi bouder son plaisir ? 3,5/5

4. Our Time


Dès les premières notes de "Our Time", l'auditeur est emporté dans un tourbillon de mélancolie qui se dégage de la chanson. Pourtant, il s'agit d'une ode à la débauche et la beuverie à l'approche du week-end. Le message n'est pas neuf mais la mélodie étincelante tranche avec le texte, et l'interprétation, à la fois touchante et street de Lily, fait ici toute la différence. L'accent so British de Lily Allen, plus haché que d'habitude, fait partie intégrante de l'opération séduction, tandis que le pont exaltant assène un dernier coup fatidique. Clairement, le meilleur morceau de l'album. 4,5/5

Découvrez le nouveau clip "Our Time" de Lily Allen :



5. Insincerely Yours


Bienvenue dans les années 90 ! Voilà ce que crie le beat pop'n'b de "Insincerely Yours". Lily Allen fustige ici notre société dirigée par l'argent et l'hypocrisie, et tout le monde en prend pour son grade : les magazines qui proposent tous la même chose ou encore les idoles éphémères fabriquées qui n'ont pas grand-chose à proposer et qui nous vendent du faux rêve via les réseaux sociaux. La chanteuse - qui pourtant inonde les réseaux sociaux all day long, n'y va pas de main morte : « I don't wanna know about your perfect life, your perfect wife and it makes me sick / I don't give a fuck about your Instagram, about your lovely house or your ugly kids ». Le refrain manque de relief mais les couplets envoient bien, grâce à ces phrases sans concession. Un titre réussi, un peu attendu, mais cohérent avec le personnage. 3/5

6. Take My Place


Changement d'ambiance pour "Take My Place", ballade pop-rock, lorgnant vers l'univers planant de Coldplay. Les premières notes de piano distillent une atmosphère cristalline, alors que la voix de Lily Allen résonne en écho. La chanteuse évoque ici une histoire d'amour qui prend l'eau. D'abord perdue, elle fait le triste bilan sur ses couplets avant de chercher à s'en sortir, totalement désespérée, sur les refrains aériens, agrémentés de choeurs bienvenus. « If I could then I would scream » chante-t-elle, écorchée. Un peu à part sur le disque, "Take My Place", à la production classique mais soignée, permet à Lily de montrer un autre visage, sans tomber dans la surenchère. 3/5

7. As Long As I Got You


Lily Allen nous embarque avec elle dans un country club. Le contraste peut surprendre et le titre n'est pas le plus inspiré de "Sheezus", mais le refrain parvient à faire le lien avec l'univers très british de l'artiste, à l'époque de son premier album "Alright, Still". En dépit de ce clin d'oeil, l'alchimie ne prend pas vraiment, la faute à une production est un peu légère, et surtout très cliché. Il ne manque que les hennissements d'un cheval pour que le tableau soit complet. Ok, "As Long As I Got You" se veut fun, mais peut-être est-on passé à côté du second degré... 2,5/5

8. Close Your Eyes


Féministe d'habitude, Lily Allen accepte ici de camper le rôle d'une femme objet, toujours par amour pour le père de son enfant. "Close Your Eyes" est un morceau sensuel à souhait dans lequel l'amoureuse fait une déclaration à l'horizontale. « Let's spice it up / You can dress me up / I'll be anyone you like » susurre la chanteuse sur l'oreiller, tout en name droppant Beyoncé et le tube "Say my name" des Destiny's Child, avec humour et franc parler. Il y a de la pop, du R&B et de la soul dans "Close Your Eyes", un peu trop vocoder encore une fois sur le pont, mais le moment est agréable. 3/5

9. URL Badman


Décidément, Lily Allen a un rapport compliqué avec Internet. L'artiste se met ici dans la peau d'un internaute puéril qui n'hésite pas à déverser sa haine sur les réseaux sociaux à propos de tout et rien, sans penser aux conséquences. « I don't troll, I make statements » avance le personnage, forcément geek et no life. La chanteuse prend légèrement de haut les haters (c'est de bonne guerre), mais sa vision est un peu simpliste. Elle sort les griffes mais pas autant que prévu, alors qu'on l'attendait un peu plus remontée. Les paroles auraient d'ailleurs pu être plus percutantes et drôles, d'autant que la situation s'y prête mais Lily Allen préfère nous faire entendre un mouton bêler à la fin du morceau. Au moins, le message est clair. 3/5

10. Silver Spoon


C'est l'autre coup de coeur de "Sheezus". Production pop urbaine rutilante, "Silver Spoon" s'adresse à celles et ceux qui pensent que la vie a été finalement assez simple pour Lily Allen. Non, elle n'est pas née avec une cuillère en argent dans la bouche. La chanteuse retrace son parcours, de sa scolarité à la signature de son contrat avec une maison de disques, en passant par son éducation, et règles ses comptes. « You don't know me, you don't know me » répète-t-elle à qui veut bien l'entendre. Au-delà du discours qui pourrait en agacer certains, la production, riche de multiples détails savoureux, est impeccable, les répétitions et les choeurs assurent à "Silver Spoon" son statut de chouchou. 4,5/5

11. Life For Me


Lily Allen veut nous dépayser sur cette piste qui nous rapproche de la fin de l'album. Les guitares africaines résonnent, et contrairement à l'ambiance country, ici le pari paie. Gorgé de soleil et entêtant, "Life For Me" évoque cependant son rôle de mère et la difficulté d'être parent. Comme sur "Little Things" ou "Chinese" dans le passé, la chanteuse évoque les bonheurs simples, sauf que désormais elle en rêve. Elle confesse avoir la sensation de rater quelque chose en étant chez elle, sans énergie, tandis qu'elle voit que ses amis sortent et s'amusent à travers les photos sur les réseaux sociaux (encore eux !). Avec cette chanson sur le baby blues, Lily Allen, qui assure tout de même être une femme complète grâce à son bébé, confirme à son public qu'elle a muri, consciente que sa vie n'est plus la même qu'à ses débuts. Touchant. 3,5/5

Découvrez le clip "Hard Out Here" de Lily Allen :



12. Hard Out Here


L'an dernier, ce titre fierce a fait l'effet d'une petite bombe. Détonnant dans le paysage pop, "Hard Out Here" a rappelé le talent de Lily Allen quand il s'agit d'être cynique. Dénonçant l'hyper sexualisation des clips et la pression subie par les femmes dans la société, l'artiste a frappé fort. Avec des phrases comme « Don't need to shake my ass for you 'cause I've got a brain » ou « You should probably lose some weight 'cause we can't see your bones », Lily Allen reprend son rôle de poil à gratter, le tout avec humour. C'est ainsi qu'elle excelle. Les répétitions du mot "bitch" apportent un peu d'épices, comme s'il en manquait, sur ce beat bouncy. Seul bémol ? Encore le vocoder sur les pré-refrains. Sinon, rien à jeter. 4,5/5

13. Somewhere Only We Know


La chanson a tourné en boucle sur nos ondes, dont peut-être s'est-on lassé. L'originale, signée Keane, est déjà culte, mais Lily Allen a ralenti la cadence sur cette version plus épurée, parfaite pour l'hiver et les fêtes de fin d'année. L’interprétation est parfois un peu trop sobre, mais la popstar a là aussi montré un visage plus touchant qu'auparavant. Le passage instrumental en milieu de piste renforce l'aspect féérique, à la "Viva Forever" des Spice Girls. Sympathique. 3/5


De par son titre, "Sheezus" s'annonçait sarcastique et audacieux, pourtant seules quelques chansons sortent du lot. Lily s'est assagie mais conserve l’espièglerie qui fait son ADN. La principale évolution réside dans l'apport de touches urbaines très appuyées avec quelques tentatives musicales souvent réussies, parfois maladroites.
Pour en savoir plus, visitez lilyallen.fr, ou la page Facebook de Lily Allen.
Écoutez et/ou téléchargez le dernier album de Lily Allen, "It’s Not Me, It’s You".

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